Ma grande, Sibylle Delacroix, MijadeMa grande, Sibylle Delacroix, Mijade, 2021, 12€

C’est vrai qu’elle est grande Élise, au point même de ne pas tout à fait rentrer dans la page de l’album (pourtant grand format lui aussi).

Ce n’est pas qu’elle fait une tête de plus que les autres, ce serait plutôt 6 têtes au dessus qu’elle se situe.

Et, pour tout dire, cela semble la contrarier un peu.
De là haut, elle est à distance des autres, plus souvent dans la lune ou dans les nuages que dans un groupe d’enfant comme elle. D’ailleurs, avec sa taille démesurée, les gens peinent à voir en elle une fillette. Pourtant, au fond, elle est surtout une petite, et ça serait chouette que ça se voit.

Malgré tout, l’image la montre presque toujours un petit sourire aux lèvres et elle semble plutôt paisible. Avec douceur, elle se meut dans des pages où elle est à l’étroit, son grand corps causant parfois même des maladresses.

Mais ces jambes tout en longueur, ces bras gigantesques, finalement, cela peut aussi avoir des bons côtés.
Oh, il ne s’agit pas d’un super-pouvoir ni de se livrer à un acte héroïque. Non, c’est un petit rien de la vie quotidienne, une action assez anodine, mais qui suffira à faire s’épanouir sur le visage de l’enfant un véritable sourire.

Ma grande, Sibylle Delacroix, Mijade

Le texte est simple, peu démonstratif, joli. Mais ce sont surtout les très belles images de Sibylle Delacroix qui touchent. Des crayonnées réhaussées de rares touches de couleur, qui sont remplies de tendresses.

Elles montrent Elise toujours penchée, pliée, courbée, sa tête dépassant parfois du cadre. On devine les membres encombrants, les pieds vraiment trop loin là bas, au milieu des petits et des moyens, avec qui elle parvient avec peine à être en relation.

Une jolie histoire sur une petite fille un peu différente des autres, mais qui aimerait bien, elle aussi, de temps en temps, être appelée « ma petite », plutôt que « Ma grande »