Des albums de littérature enfantine à proposer aux enfants dès 3 ans. Petites comptines, grandes histoires, imagiers, ils affirment leurs gouts et aiment à la fois relire inlassablement les mêmes albums et en découvrir de nouveaux. C’est le moment de leur faire découvrir la grande richesse de la production, de nombreux livres s’offrent à eux.
Ce sont trois amis qui partagent tout. Petit est vraiment riquiqui, Grand est un vrai géant.Quant à Moyen, je vous laisse deviner…
Ils ont chacun une maison, il y en a une grande, une moyenne et une petite. « Mais ce n’est pas ce que tu crois, non, non, non, écoute moi… Petit vit dans la grande maison, avec ses hauts plafonds et ses divans profonds… »
J’aime bien l’idée que la place de chacun n’est pas forcement celle qu’on attend. Le texte est agréable à lire à voix haute et il est très bien servi par les illustrations. Elles sont douces, poétiques, et recèlent quelque surprises (il y a des poissons à la place du feu dans la cheminée).
Ma mouflette m’a quand même fait remarquer que, contrairement à ce qu’affirme le texte, quand ils dorment c’est quand même Grand qui a la grande couverture, Moyen la moyenne et Petit la petite. Ma mouflette est très terre-à-terre que voulez-vous, elle n’a pas l’âme d’un poète.
Burt va le faire. Il va le faire, c’est sûr, il est trop fort Burt, quand il dit qu’il va faire un truc il le fait, d’ailleurs, hop, le voilà qui prend son élan, c’est sûr, certain, il va le faire…
Ou pas.
Enfin, si, il va le faire, il doit le faire parce qu’il s’est préparé mentalement et physiquement, il a tout bien vérifié alors, hein, pas de doute, il va le faire. En plus, faut bien dire, tous ses copains sont là pour l’encourager donc là, faut y aller!
Donc, Burt prend son élan et… Il saute, les yeux fermés.
Qu’il dessine des enfants (« Anton le magicien ») ou des petits piafs, Ole Könnecke nous donne toujours à voir l’enfance, dans toute sa simplicité merveilleuse.
Un petit livre mimi et efficace.
A noter, avec le même personnage et dans le même registre: bonne chance est sympa aussi.
Dès mon premier billet sur ce blog, on m’a posé la question: Quels livres, pour quel âge?
Au départ, j’avais la ferme intention de ne pas y répondre.
D’abord parce que l’âge de l’enfant et l’âge du lecteur, ce sont deux choses parfois très différentes. Je vois régulièrement dans mon travail des enfants très lecteurs, qui, dès la section des moyens de crèche, peuvent écouter des histoires longues, comme « Max et les Maximonstres ». Et d’autres, moins habitués aux histoires, qui auront du mal à aller jusqu’au bout alors qu’ils sont en maternelle.
Je vois aussi des enfants, absolument pas sensibilisés, qui écoutent avec une grande attention un album long que l’on pourrait considérer pour les plus grands et je ne sais pas à quoi tient cette attention.
Je vois surtout des enfants, très nombreux, qui n’écoutent pas jusqu’au bout et je n’en conclue pas pour autant que le livre n’est pas adapté à l’âge.
Il y a plein de raisons de ne pas aller au terme de l’histoire, le mouflet peut avoir peur, être intéressé brutalement par autre chose, s’ennuyer, avoir besoin de gigoter (à ce sujet, vous pouvez consulter le petit guide sur Lire avec mon bébé, quelle drôle d’idée? que j’ai écrit pour l’association LIRE).
Mais s’il a choisit ce livre, s’il y revient éventuellement plus tard, peut-on dire qu’il n’est pas adapté à son page, au prétexte qu’il ne l’écoute pas de façon linéaire?
Il y a aussi les enfants lecteurs, sensibilisés, habitués aux histoires longues et complexes qui ont un grand plaisir à lire des livres tout simples, qu’ils écoutaient déjà plusieurs années auparavant.
C’est vraiment une idée d’adulte qu’un album puisse faire « trop bébé » pour un mouflet de quelques années.
Mais c’est une idée tellement souvent répétée que les enfants eux-mêmes finissent par l’intégrer et on les voit parfois se détourner d’un livre avec lequel pourtant ils pourraient avoir du plaisir parce que « ils ont passé l’âge ». Comme s’il était dévalorisant de s’intéresser aux livres pour les plus jeunes.
J’ai donc d’abord évité soigneusement de donner des indications d’âge sur mes articles de blog.
Mais rapidement la demande a été très forte pour que je mette au moins une fourchette.
En lisant l’article, il est parfois difficile de se représenter l’album et, tout de même, un livre destiné à des enfants de 5 ou 6 ans, ce n’est pas comme un album premier âge.
Les adultes, qu’ils soient parents ou professionnels, avaient besoin de repère.
Et je les comprends, moi-même, quand je vais sur des sites où il est question de roman, j’aime qu’on m’indique s’il s’agit plutôt d’un livre pour des enfants de primaire ou pour des adolescents.
Je me suis donc efforcée de répondre à cette légitime demande.
En m’appuyant sur mon expérience et sur ma connaissance des enfants.
Pour chaque album, je m’interroge. Alors voyons, l’autre jour à la PMI je l’ai lu à un petit de 14 mois, il était en joie… A la crèche, je me souviens bien, il était toujours demandé dans la section des grands, entre 3 et 4 ans donc… Humm, il faut que je mette un truc, il faut que je mette un truc, je vais mettre dès 1 an tiens. Ah mais oui mais non parce que si je fais ça les parents d’enfant de 3 ans penseront qu’il fait « trop bébé » pour leur enfant, c’est dommage quand même. Bon, je vais mettre les deux alors, « dès un an » et « dès 3 ans ». Et puis aussi « dès deux ans » au milieu pour faire bonne mesure…
Ne vous étonnez donc pas si vous voyez des fourchettes assez larges sur certains albums, à vous de voir en fonction des habitudes de lecture des enfants à qui vous destinez le livre.
On ma fait remarquer que je pêche parfois par optimisme. Je tague par exemple « dès 2 ans » un livre qui donnera souvent du fil à retordre à un enfant de cet âge. C’est peut-être du au fait que je vois dans certaines crèches des enfants à qui on lit quotidiennement et qui ne sont pas toujours représentatifs. C’est aussi parce que dans une pratique de lecture souple, où on tolère que l’enfant s’éloigne, tourne plusieurs pages d’un coup, joue en même temps ou prenne son doudou pendant la lecture, la palette de livres qu’ils apprécient est beaucoup plus large. C’est sûr que dans une lecture collective et plus coercitive, le choix de l’album est un problème bien plus prégnant pour maintenir l’attention du groupe.
Dans un cadre familial, il n’est pas question de lecture collectives. L’idéal sans doute est alors de laisser tout simplement l’enfant lui même choisir ses livres. Ce qui n’est pas toujours possible quand on veut faire un cadeau ou une surprise par exemple. Dans ce cas, je pars du principe que l’enfant à qui vous destinez le livre va grandir, et que s’il ne s’y intéresse pas tout de suite, il sera sans doute content de le redécouvrir plus tard.
J’avoue, j’ai tendance à penser qu’on devrait toujours avoir quelques livres d’avance, sous le coude, sait-on jamais!
Quoi qu’il en soit, les notions d’âge que je met ici ne sont qu’indicatives et je ne saurais trop vous inviter à vous en détacher. Surtout si c’est à la demande d’un enfant, bien sûr.
Retrouvez d’autres articles et réflexions sur la lecture à voix haute ici.
Achile est un chat heureux. Il mange à tous les râteliers. Dans la rue Aristote, il vit au numéro1, au numéro 2, au 3, au 4, au 5 et au 6. 6 demeures pour un chat signifie 6 noms différents, 6 lits, 6 personnalités et surtout, 6 repas par jour.
Mais le jour où Achile tombe malade, il se retrouve 6 fois chez le même vétérinaire. Et les habitants de la rue Aristote, bien qu’ils n’aient pas l’habitude de se parler, finissent par découvrir le pot aux roses. Et leur première réaction est de mettre fin aux multiples repas du félin… Qui n’en est pas du tout satisfait.
J’aime bien cette histoire d’un chat malin qui sait préserver ses privilèges. Et qui met l’accent sur l’importance de se parler.
Les petits oiseaux Susumi Shingu Gallimard giboulées.
Une branche d’arbre, un lézard, autour du trou de l’arbre, un petit oiseau s’affaire, bientôt rejoint pas un comparse.
Grâce aux pages en papier calque, qui laissent apparaitre les illustrations en superposition, on devine le mouvement des ailes des deux mésanges, on entends presque leur bruissement.
Ensemble ils installent leur nid. Puis le temps passe. Jour, nuit, les feuilles de l’arbre poussent.
Des œufs, puis les petits oiseaux affamés piaillent maintenant dans le nid. Le couple de mésanges s’affaire pour les nourrir.
Un album qui se passe très bien de texte et qui raconte, avec délicatesse et douceur, comme une documentaire en image, le premier envol d’une nichée de mésanges. Très joli, très doux, on y reconnaît bien l’œuvre d’un artiste (Susumi Shingu est aussi sculpteur et peintre)
Un matin, l’ours Archibald se lève et découvre un petit nuage, « un petit souci, au-dessus de ses sourcils »
Qu’est-ce que c’est que ce chagrin qui ne veut pas s’en aller?
On reconnaît très souvent les enfants dans les ours des albums. C’est le cas ici, Archibald va s’énerver, taper, grogner, il va tenter de fuir et appeler sa mère, il va manger tout le miel (bon, là, j’avoue, j’ai plus tendance à m’identifier, encore que, moi c’est sur le chocolat que j’aurais jeté mon dévolu…) et pour finir, se mettre à pleurer… Et le petit nuage à pleuvoir.
J’aime bien cette histoire parce que je me souviens très bien de moment de mon enfance où je me réveillais avec un chagrin d’origine inconnue dont je n’arrivais pas à me défaire.
Les enfants y sont sensibles aussi d’ailleurs, ils sont tout chagrin avec Archibald et soulagés de voir enfin disparaître le nuage.
C’est la preuve (s’il en fallait une) que les enfants comprennent parfaitement les métaphores.
Et… badaboum, la cerise tombe de l’arbre. « Aïe, cui-cui » elle est tombée sur l’oiseau qui à son tour dégringole sur… « Aïe, miaou » Le chat.
Les animaux tombent les uns sur les autres et ils finissent par former une pile au pied du cerisier.
Très peu de mots, des onomatopées, des animaux et un sens d’ouverture original, ce livre à tout pour séduire les tout petits. Et ça fonctionne très bien.
Avec les plus grands aussi d’ailleurs.
A lire avec les tout petits, qui se régalent du rythme du texte ou avec les plus grands, qui sont capables d’anticiper et d’essayer de deviner la suite du récit.
Les illustrations de Sabine de Greff sont pleines de mouvement et les animaux sont expressifs.
Dans la métropole, il y a les immeubles, les bus, les voitures.
Il y a aussi les tickets. De bus, de théâtre ou même tickets de boucheries. En parallèle des humains, ils mènent leur vie propre.
En fin de journée, ils rentrent chez eux.
Comme les humains, ils se pressent pour attendre le métro. Eux non plus ne se connaissent pas entre eux. Mais comme ils sont curieux et affables, ils bavardent volontiers pendant le trajet.
Ligne 3, ligne 5, ils traversent ponts et tunnel pour arriver à ticket ville avant le soir.
Drôle de personnages (que les petits parisiens identifient immédiatement) qui évoluent dans un décor semblable à un plan de métro avec ses stations et ses correspondances.
Un album original, dont la qualité graphique fait le bonheur des enfants.
Voir aussi l’avis de ricochet.
La boite des papas A. Le Seau école des loisirs 12.50€
Depuis le temps qu’on attendait que l’école des loisirs réédite enfin la série des papas, les voilà sous une autre forme. Au début j’étais dubitative devant ce petit format parce que le très grand format faisait partie du plaisir de ces livres. (La toute première édition était plus petite encore, non cartonnée mais pour le coup je préfère vraiment les cartonné, ce qui chez moi n’est pas coutume).
Mais en lecture individuelle ces petits livres sont un plaisir à manipuler pour les enfants. (En groupe ils ne valent pas les précédents, c’est clair)
Ce sont donc quatre petits livres, dans une boite, à la couverture rouge, au dessin franc, presque enfantin. Le papa, très grand, toujours montré avec son fils, qui parait minuscule et admiratif.
Les illustrations sont drôles, le texte très court mais suffisant, une phrase à peine par page, en quelques pages la multiplicité des attitudes paternelles sont croquées avec humour.
Chaque album à sa structure grammaticale qu’on retrouve au fil des pages.
J’aime bien, les enfants aiment beaucoup, je suis contente de les retrouver en librairie, je regrette un peu que l’éditeur ait fait un choix un peu frileux en éditant ceux qui sont les moins sujets à polémiques, j’espère trouver le bien plus subversif « papa roi » dans une prochaine boite rapidement.
Maman! Maman! J’ai mal au ventre R. Charlip B. Supree Circonflexe 13€
isbn:2878333144
Il y a des livres qui ne vieillissent pas. C’est le cas de la plupart des albums de Remy Charlip, que les éditions Circonflexe rééditent en France depuis quelques années pour le bonheur des enfants.
Les couleurs des illustrations, très flashies, paraissent très moderne. Même le téléphone ancien, la voiture à chevaux et le chapeau haut de forme ne font pas passer cette impression que le livre est récent. Pourtant il date de 1966.
L’histoire commence dès la couverture. Un petit garçon se plain d’avoir mal au ventre et sa mère affolée appelle le médecin qui arrive en urgence.
Il a des pilules et des potions, des gélules et des lotions, il peut tout soigner. A l’hôpital il va opérer comme un magicien fait son tour, d’ailleurs ce qu’il sort du ventre de l’enfant confirme qu’il y a quelque chose de surnaturel là dedans.
L’enfant guéri a changé de silhouette, mais dès qu’il est remis sur pied on se doute que l’histoire risque de se répéter…
Le récit se présente comme une petite pièce de théâtre, avec un texte plein de verve qui est très agréable à lire à voix haute, façon Monsieur Loyal.
Un livre savoureux, talentueux, ma mouflette est tombée des nues en apprenant qu’il est plus vieux que moi (« tu es sûre maman? Vraiment encooore plus vieux que toi? » Les enfants, il n’y a pas à dire, c’est vraiment que du bonheur )