Encore un peu petite, Mari Kasai, Chiari Okada, Nobi nobi !
C’est long de grandir, ça se fait tout doucement, trop doucement parfois. Il faut attendre d’être grande pour sortir le chien toute seule, pour porter la robe rouge offerte par grand-mère, si jolie mais trop grande. La fillette le sait, plus tard, elle pourra faire toutes ces choses. Plus tard, mais pas tout de suite. Elle est encore un peu petite.
Et puis quand on est petit, c’est difficile aussi de prêter ses jouets.
Mais quand il s’agit de se réconcilier avec sa copine, là, ça ne peut pas attendre, il faut le faire immédiatement.
Un très joli album dans lequel les scènes de la vie quotidienne soutiennent le propos.
La petite héroïne est à la fois consciente de ses limites et de son potentiel, elle a une belle confiance en l’avenir.
Les crayonnés réalistes et emprunts d’une grande douceur de l’illustratrice accompagnent parfaitement le texte.
Rady, un chat aux petits soins, Satorino Fuchigami, Tadahiro Uesugi, Nobi nobi
Rady, bébé chat noir aux grands yeux, est tellement mal en point quand il arrive au dispensaire vétérinaire, que les soigneurs n’espèrent pas le sauver. Pourtant, le frêle chaton s’accroche et finit par guérir, contre toute attente.
Toujours aussi minuscule, il parait heureux de vivre au dispensaire.
Un jour arrive un nouveau patient: un chien tout tremblant, qui vient d’être renversé par une voiture. Rady l’observe et se couche sur son dos, en le serrant de ses petites pattes.
Ce comportement altruiste se reproduit avec chaque animal conduit au dispensaire, contribuant ainsi à leur guérison.
On le voit ainsi câliner une chouette, un petit chat, encore plus petit qui lui, un écureuil. Mais aussi des animaux bien plus impressionnants comme un berger allemand ou encore un élan.
La petite silhouette noire de Rady inspire immédiatement la sympathie, ses grands yeux ronds attendrissent à coup sûr le lecteur.
Les enfants sont généralement sensibles aux notions de soin à l’autre, de générosité qui se dégagent de cet album. Quant aux thèmes de la maladie et de la mort probable (on sait par exemple que l’élan est condamné malgré les soins), ils sont présents sans lourdeur, les enfants peuvent les ignorer. Ils s’arrêtent toutefois souvent sur la page du berger allemand qui, maltraité par les humais, aboie de façon impressionnante: gueule ouverte, yeux rouges, dents acérées. Quel soulagement de constater que Rady, nullement effrayé, va l’aider à s’apaiser, lui aussi. En bon soigneur il ne discrimine pas les patients.
On dit que la lecture favorise le sens de l’empathie, c’est sans conteste exact avec cet album: Les images transmettent avec brio les émotions des différents animaux.
L’histoire est réelle, c’est en Pologne que le chaton abandonné au froid de l’hiver a été recueillit. Les soigneurs ont eu l’idée de le photographier en compagnie des animaux dont il prend soin et le grand public s’est pris d’engouement pour ce chat-soigneur.
En fin d’album, une page en forme de documentaire donne quelques précisions supplémentaires sur l’étonnant petit félin. La médiatisation de son histoire à entraîné un afflux de dons au dispensaire polonais.
En outre, pour tout album acheté, un euro est reversé à la spa.
Une fillette interpelle sa mère: “Maman!”. Sa mère lui répond simplement “oui”. Ce court dialogue se répète au fil des pages, prenant un sens différent en fonction des images qui l’accompagnent.
Petit à petit, une histoire se tisse, ce qui semblait être une succession de tableaux est en fait le récit d’une journée.
La relation de l’enfant à sa mère est montrée sous de multiples lumières, toujours à travers les deux mêmes mots.
Pour l’enfant, dire “maman”, ça peut être interpeller sa mère mais aussi y penser pendant son absence, jouer avec un autre enfant, se rassurer au moment de l’endormissement etc.
Dans cette répétition, le lecteur qui médiatise le livre avec les enfants va forcément introduire de la variation. Le même dialogue peut être plus ou moins doux, énergique, rassurant, distrait, plaintif, interrogatif. Les possibilités d’interprétation sont infinies..
Les enfants, même jeunes, qui écoutent cette histoire interprètent autant (si ce n’est plus) l’image et l’intonation de lecture que les mots qui sont prononcés. Ils construisent le sens à partir de tous ces éléments.
Je trouve la démarche des auteurs très intéressante, ils mettent en place les éléments pour que l’enfant échafaude l’histoire. Et, pour ne pas lasser leur public, ils créent la surprise en milieu d’album quand très naturellement c’est le mot “papa” qui vient remplacer celui de “maman”.
Les images au crayon, très douces, mettent en avant la tendresse de la relation mère enfant.
On y voit aussi la vie quotidienne d’une famille japonaise: repas avec les baguettes, fabrication de fleurs en origami à l’école, sommeil partagé, toute la famille dans le même grand lit.
Peu de mots mais une invitation à la découverte de l’autre, à l’empathie et à l’altérité.
Il y a un truc bizarre qui vient d’arriver dans la maison de Vanille, la minette.
C’est petit, plutôt sage et ça dort tout le temps.
Ah non, hou là, au-delà de la première impression, ça ne dort pas tout le temps, ça pleure aussi beaucoup. Vanille est très très fatiguée, elle ne peut même pas dormir de la journée, c’est dire.
En s’intéressant de plus près à la chose, qui s’avère être un bébé, elle parvient à le distraire et même à le faire rire. Petit à petit, ces deux-là vont se lier d’amitié et Vanille regardera grandir le bébé avec bienveillance et gentillesse.
Au fur et à mesure que l’enfant découvre son environnement et acquiert de nouvelles capacités, les jeux s’enrichissent et une complicité nait entre la chatte et la fillette. De petits conflits aussi parfois, bien vite surmontés.
Vanille est très consciente de sa responsabilité d’ainée, même quand la fillette finit par la dépasser largement.
Cet album est une jolie façon d’aborder l’arrivé d’un nouveau membre dans la famille, en mettant d’emblée la thématique de la rivalité au second plan.
Les enfants ont la liberté de voir dans cet album une histoire de fratrie ou, plus pragmatiquement, la relation qui unit un enfant à son animal familier.
Les images sont délicates et tendres, mises en valeur par le fond blanc de la page, les bouilles de l’enfant comme du chat sont très expressives.
Il est déjà tout équipé, le bambin qui s’apprête à nous entrainer dans son sillage vers la rivière et son impatience est palpable. Le trajet jusqu’à la baignade est déjà une promesse de plaisirs: même si ça grimpe dur en vélo, on sent que la promenade est un plaisir.
Il file, il file et son père peine à le suivre, mais arrivé au bord de l’eau il fait à peine une petite halte, son objectif est un peu en amont.
Alors il remonte le cours d’eau, toujours à vive allure, et ne prend le temps de s’arrêter ni pour ramasser des cailloux avec son ami Také, ni pour construire un barrage avec Yasuko, ni pour la course de bateaux feuille. Ce qu’il cherche à atteindre, c’est la cascade, qui forme un toboggan naturel. Et aujourd’hui, il va descendre tout seul, sans l’aide de son père (ça tombe bien, il a besoin d’une pause le pauvre, après cette folle course)
Les albums de Yuichi Kasano sont toujours très contextualisés dans le Japon moderne et rural, pourtant l’universalité des thèmes sont tels que l’on y retrouve toujours sa propre enfance. Trier les petits cailloux, observer les petits poissons, sont des jeux qui ont traversé les générations. Et surtout, comme le petit Hiro, les enfants aiment se donner des défis et surmonter leur appréhension pour les relever.
La vue en plongée de la cascade nous aide à ressentir la petite montée d’adrénaline qui doit parcourir le jeune héros. Et le gros plan sur sa bouille ravie quand il s’est enfin jeté à l’eau fait plaisir à voir.
Comme toujours avec cet auteur il y a une véritable maitrise graphique, du choix des cadrages et points de vue au séquençage des pages.
Un album idéal pour se replonger dans l’ambiance des vacances et ressentir cette joie et cette légèreté de l’enfance.