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Vide grenier

23 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: Davide Cali, dès 5 ans, dès 6 ans, littérature enfantine, Marie Dorléan, sarbacane

Vide-grenier Davide Cali Marie Dorléans sarbacane 15€50

isbn: 978-2-84865-675-5

Un homme et une femme, qui, pour une fois, ne sont pas des parents, lisent tranquillement le journal entourés de leurs chats (ils sont onze, les chats, ce qui a beaucoup impressionné ma mouflette)
Elle, tout sourire, propose un tri dans le grenier en vue de la brocante à venir. L’occasion de faire de la place dans ce capharnaüm qui traîne là haut.

Mais en haut de l’échelle, le héros de cette histoire ne voit aucune vieillerie. C’est son enfance qui est reléguée là. Chaque objet fait revivre sous ses yeux le fantôme de l’enfant qu’il a été.

Avec son double en culotte courte, qui apparaît soudain dans un rayon de lumière, il se remémore tous ces instants heureux: les descentes vertigineuses en luge, le circuit de train grandiose, les sauts sur le trampoline. Il en perd le sens de la réalité pour plonger dans le principe de plaisir. Seul le chat roux est le témoin muet et discret de cette retombée en enfance.

La mauvaise foi si touchante qu’on devinait chez notre héros dès la première page (qui affirmait ne pas voir du tout de quelle vieilleries il s’agissait), qui s’est vue confirmée par la suite (par exemple lorsqu’il se demande comment donc son tambour, avec le quel il cassait les oreilles de ses parents, avait bien pu disparaître, ou encore lorsqu’il se souvient d’avoir pêché un énorme poisson mais ne voit vraiment pas par quel mystère le dit poisson n’a en fait jamais fini dans sa besace), donne lieux à une chute délicieuse, tant on se reconnaît dans le personnage.

Qui n’a jamais ressenti ce pincement de nostalgie à l’idée de se débarrasser d’un vieux jouet? Les enfants, en tout cas connaissent bien se sentiment, même les plus jeunes ont déjà eut le cafard à l’idée d’un jouet perdu.

Un album qui a été apprécié aussi aux pays des merveilles
et dans le tiroir à histoires

La boite à images

19 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: cartonné, dès 1 an, dès 2 ans, dès 3 ans, dès la naissance, Emmanuelle Houdart, littérature enfantine, Thierry Magnier

La boite à images Emmanuelle Houdart Thierry Magnier 13€90

isbn: 978-2364744936

Emmanuelle Houdart est une artiste qui a un style bien reconnaissable. Des couleurs chatoyantes, des images très rock’n’roll et sensuelles à la fois.

Dans cette boite à images, elle s’adresse aux enfants les plus jeunes. Le format, les pages cartonnées, les coins arrondis des livres en attestent. De prime abord, on est dans du classique. Quatre petits albums au nom très enfantin, nommés par de simples onomatopées: « Areuh! », « Miam! », « Grrr! » et « Argh! », dans un joli petit coffret cubique orné de petits cœurs. C’est mignon tout plein, on imagine déjà ces albums dans les mains potelées des bébés de quelque mois.
A y regarder de plus près, la petite canine pointue qui sort de la bouche d’un genre de fantôme sur la tranche du livre « argh! » interpelle un peu. Alors bien sûr, on sort les livres, on les parcourt, et on va de surprises en émerveillement.

Chaque album à sa thématique, comme son titre l’indique. Si on veut commencer en douceur, on prend d’abord « Miam! » ou « Areuh!, l’un consacré au quotidien de l’enfant, l’autre à la nourriture.

La boite à images Emmanuelle Houdart Thierry Magnier

« Areuh » semble avoir une construction très structuré. On part de la maison, puis  le baiser entre les parents, suivent l’image de la mère enceinte, enfin le bébé, qu’on peut voir grandir jusqu’à fêter ses 3 ans à la fin de l’album, en passant par quelques étapes clef comme les premiers chagrins ou la propreté.

La force d’Emmanuelle Houdart c’est qu’elle nous raconte tout ça sans un mot, et que la majorité de l’histoire se raconte entre les pages, c’est l’ordre et la succession des images qui fait sens.

La boite à images Emmanuelle Houdart Thierry Magnier

« Miam! » est le livre de la gourmandise. La couverture nous met l’eau à la bouche, avec son image de cup-cake rose bonbon. Mais là encore, la surprise est au rendez vous. Oignon, carotte et choux semblent former les traits d’un visage. Face à face improbable entre un ver et un verre dans le potager. Image ambiguë où l’on se demande si l’on a affaire à une bouteille de vin ou à du sirop de violette. Les enfants et les adultes ont souvent des interprétations différentes de ces images. Sur la dernière page, une bouche pointue, aux lèvres d’un rouge charnel, tend une langue malicieuse. « Maman » à dit ma fille cadette en pointant les lèvres rouges. « vampire » à dit mon aînée. Petite discussion entre l’une et l’autre: « c’est une dame? » « Elle est gentille tu crois? » « Elle veut manger les bonbons », « elle fait une grimace, elle veut jouer ». Je me suis bien abstenue de répondre à leurs questions, elles savent lire les images au moins aussi bien que moi, je partage toutes leurs interrogations.

La boite à images Emmanuelle Houdart Thierry Magnier

« Argh! » est l’album consacré aux peurs. Les peurs symboliques, les peurs rationnelles et irrationnelles, les grandes peurs et les peurs dont on n’ose pas toujours parler. L’album débute et se clos par deux images très fortes: une tête de mort d’abord, qui évoque bien sûr la peur de la mort et ces de deux visages, homme et femme qui se tournent le dos et pleurent. Séparés par la charnière de la page, ils ont les yeux rougis et semblent se chercher du regard, sans oser tourner la tête. Cette image de dispute, de séparation peut être, peut sans doute raisonner très fortement chez certains enfants. (les miennes y ont été totalement indifférentes, les genoux écorchés de la page précédente les a bien plus marquées)

La boite à images Emmanuelle Houdart Thierry Magnier

Enfin « Grrr! », le bestiaire insolite. La sirène y côtoie un étrange kangourou vert, un âne aux œufs d’or (si, si) et des scarabées. La merveilleux et le terrible, l’étrange et le quotidien, la douceur et la noirceur.

Les images de ces livres sont toutes issues du très bel album Dedans, actuellement indisponible. En isolant certaines images, en permettant donc à l’enfant de faire un focus dessus, en leur donnant l’écrin d’un coffret, Emmanuelle Houdart leur a donné une nouvelle vie.

Ces images sont très éloignées de l’iconographie qu’on réserve habituellement aux jeunes enfants. Elles ne disent pas tout, elles gardent une part de mystère. On est certes loin de l’imagier du père castor. Ce ne sont pas des images pensées pour que l’enfant apprenne. Mais il me semble qu’elles nourrissent la psyché des enfants, qu’elles leur offrent des éléments de réflexions, qu’elles les stimulent.

Proposer ces albums à des jeunes enfants, c’est faire confiance à leur intelligence, les considérer comme des lecteurs de l’image compétents.

La boite à images a été élu pépite au salon de Montreuil cette année.

Il a été lu aussi chez Sophie, bouma, Pépita et la collectionneuse de papillons

Cache-cache fantômes

16 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: Ceri Jones, dès 2 ans, dès 3 ans, éditions Didier Jeunesse, fantomes, littérature enfantine, Pam Adams, peur

Cache-cache fantômes Pam Adams Ceri Jones Didier jeunesse, cligne-cligne

Ils sont partout, les fantômes colorés aux formes arrondies. On peut les apercevoir à travers les fenêtres. Mais quand on tourne la page, les fantômes se révèlent être deux oiseaux qui planent dans le ciel vert (oui, oui, vert le ciel, pourquoi pas?)

Les fantômes sont maintenant dans le jardin. Quand on tourne la page, les deux silhouettes blanches se révèlent être des chemises qui sèchent, tellement peu effrayants qu’un oiseau s’est posé sur la corde à linge à leur côté.

Ainsi, chaque double page très colorés nous présente de faux fantômes qui se révèlent ensuite sous leur vraie forme.

Le format à l’italienne, très allongé, les couleurs franches et la mise en page particulièrement travaillé (le texte apparaît dans la découpe une fois la page tournée) en font un album novateur. Ce qui est d’autant plus remarquable que, comme tous les livres de la collection, il s’agit d’une première traduction en France d’un album « patiné par le temps »: il date de 1974. Un bel album, ludique, dans le quel chaque page nous réserve une surprise.

Une chouette bibliothèque

14 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: dès 2 ans, dès 3 ans, dès 4 ans, éditions Grund, Kazuno Kohara, littérature enfantine

Une chouette bibliothèque, Kazuno Kohara Grund. Une chouette bibliothèque Kazuno Kohara Grund 12€

isbn: 9782324007149

J’ai tout de suite été attirée par la couverture de cet album.
La fillette à tresses qui évolue parmi les livres entourée de ses petites chouettes m’a séduite.
C’est elle qui fait fonctionner cette étrange bibliothèque qui n’ouvre que la nuit.

Avec ses trois chouettes elle s’affaire pour satisfaire tous les lecteurs et trouver le livre qui convient à chacun. L’histoire est simple, pour tout dire il ne s’y passe pas grand chose. A chaque fois qu’elle est confrontée au problème d’un de ses lecteurs, la fillette trouve une solution astucieuse.

Une vision pleine de charme de la vie quotidienne au sein d’une bibliothèque.

Les illustrations, des lino-gravures en trois couleurs, le noir, le bleu nuit et, étrangement, le jaune soleil qui apporte de la chaleur à l’image sont belles et touchantes, quoi qu’un peu confuses.

Avec mes yeux d’adulte, je me demande si c’est l’histoire d’une petite fille qui joue à la bibliothécaire avec ses peluches, mais les enfants à qui j’ai lu l’album ne sont pas du tout dans ces interrogations. Ils compatissent quand le crocodile pleure à chaudes larmes à l’idée que son livre se finissent mal. Ils se demandent quel peut être le livre de 500 pages qui passionne tant la tortue.  Et ils sont sous le charme de la petite bibliothécaire aux joues rondes et aux tresses sautillantes.

C’est aussi une jolie façon de montrer l’envers du décor de la bibliothèque aux petits.

Lotte fille pirate

11 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: amitié, Audrey Spiry, dès 5 ans, littérature enfantine, première lecture", Sandrine Bonini, sarbacane

Lotte fille pirate Sandrine Bonini Audrey Spiry sarbacane 

Lotte est libre comme ses cheveux qui volent au vent. Elle réside dans une ferme dans la savane avec ses parents, mais l’essentiel de sa vie elle le passe dans la jungle avec ses amis les animaux. Il y a bien sûr Igor, le toucan, qui la suit partout. Mais aussi Horace le gros éléphant ou Achille le lion. Le regard franc, le sourire triomphant, elle raconte son quotidien dans un monde qu’elle maîtrise pleinement. Les animaux, les fleurs de la savane n’ont pas de secrets pour elle. Elle sait tresser les feuilles de palme pour en faire un magnifique drapeau pirate, se colorer les lèvres avec les fruits rouges de l’arbre à bisous, fabriquer des colliers en carapaces de scarabées.

Il y a une fraîcheur incroyable dans cet album, on sent un souffle de liberté à sa lecture, les couleurs chatoyantes et le foisonnement des images correspond parfaitement au caractère de l’héroïne: ça décoiffe. Elle n’est pas bien grande, Lotte, une petite dizaine d’années je dirais. Mais elle à une sacré débrouillardise, beaucoup de courage et un caractère bien trempé.

Toujours joyeuse, elle est aussi très indépendante. Et quand elle apprend qu’une famille va s’installer avec eux à la ferme, elle n’apprécie pas du tout. De peur de voir son monde envahit par des inconnus, elle décide de partir dans sa cabane secrète dans la jungle, accompagnée seulement d’Igor.

Mais quand l’orage éclate et que  la rivière sort de son lit, malgré toute l’ingéniosité dont elle est capable, c’est la panique.

Pendant tout le début du livre, Lotte est le seul humain représenté sur les images. Elle se suffit à elle même, même ses parents ne savent pas où elle court quand elle se dirige vers sa cabane. Mais finalement, l’histoire lui montrera que les liens sociaux sont importants aussi et qu’il y a de la place pour l’amitié dans son monde.

Lotte est une héroïne très attachante, jamais à court d’idée et à la vitalité impressionnante. Il y a en elle quelque chose d’indomptable qui est délicieux. Elle est lumineuse, comme le sont les images qui accompagnent le texte.

Un album vivifiant, que les jeunes lecteurs auront plaisir à lire seul ou à se faire raconter, parce qu’on n’est jamais trop grand pour écouter une belle histoire lue à voix haute.

M. Tigre se déchaîne

7 novembre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: animaux, dès 3 ans, dès 4 ans, dès 5 ans, éditions circonflexe, littérature enfantine, Peter Brown

M. Tigre se déchaîne. Peter Brown Circonflexe

M. Tigre vit dans un monde on ne peut plus normatif. Tout les animaux, le dos bien droit et les yeux baissés, semblent respecter des règles sociales strictes. Il semble même que tout le monde y adhère tellement que nul ne songe à s’en plaindre.

Si M. Tigre s’y conforme aussi, on comprend tout de suite que c’est dur pour lui. Sa fourrure orange et ses yeux verts qui ne se dérobent pas en attestent. Derrière le nœud papillon, la chemise amidonnée et les bonnes manières, M. Tigre aspire à autre chose.

Son besoin de fantaisie est tel qu’il finit par se laisser aller à… Marcher à quatre pattes. Et il s’en trouve ravit. Bien sûr, le naturel si durement chassé revient alors bien vite et M. Tigre se met bientôt à rugir et à poursuivre ses contemporains herbivores. Il finit même par abandonner ses vêtements, derniers attributs de la civilisation. C’en est trop pour les autres animaux qui l’invitent à quitter la ville (non, ils ne le chassent pas, ils ne crient pas, ils ne perdent pas leur flegme. Car ça ne serait pas correct, n’est ce pas? Ils se contentent de le regarder avec fermeté).

La nature, c’est chouette pour un tigre. On peut y rugir, grimper aux arbres… Mais bien vite, ses amis vont lui manquer.

Il va alors se retrouver tiraillé entre ses pulsions sauvages et son besoin de relations sociales. Éternelle problématique du petit humain. De l’humain adulte aussi sans doute.

Les illustrations servent merveilleusement bien le propos du livre et apportent une petite touche d’humour. La fin propose une réponse nuancée et montre un monde où chacun peut trouver sa place et où l’on peut grandir ensemble.

Les histoires de Marcel

30 octobre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: Anthony Browne, dès 3 ans, dès 4 ans, dès 5 ans, dès 7 ans, éditions kaléidoscope, littérature enfantine

Les histoires de Marcel Anthony Browne, kaléidoscope 15€

isbn: 978-2-877-67822-0

Quel bonheur de retrouver Marcel, qui nous avait tant touché dans ses aventures précédentes.
Ici encore, le frêle chimpanzé est entouré de larges gorilles, parmi les quels il semble bien fragile. Mais, nous le savons, Marcel jouit d’une grande force intérieure. Ce nouvel opus de ses aventures nous donne probablement une explication à cette solidité psychique.

C’est que Marcel ne se nourrit pas seulement de bananes. Il dévore aussi les livres.

« TOUTES LES SEMAINES, je franchis ces portes et il se passe quelque chose d’incroyable. J’entre dans une aventure EXTRAORDINAIRE.

Viens, je vais te montrer… »

Ainsi commence l’album. Le T majuscule se positionne sur un livre aux couleurs bien reconnaissables du pull-over de Marcel. Sur la page de droite, qui, dans tout le livre, sera consacrée aux illustrations, on voit Marcel quitter la grisaille urbaine pour pénétrer dans un lieu lumineux.

Puis chaque page nous montre Marcel en héros des histoires très connues de la culture enfantine. Sans jamais citer les livres dont elles sont issues (mais un indice est donné à la fin de l’album pour toutes les retrouver), Anthony Browne nous offre une porte d’entrée vers cette littérature, accessible même aux plus jeunes lecteurs. Quand l’enfant connaît l’histoire il a un grand plaisir à l’identifier, à reconnaître dans les images comme dans le texte les éléments clef. Quand il ne sait pas de quel livre il s’agit, sa curiosité est piquée, on lui en dit juste assez pour ouvrir mille chemins à son imaginaire. Nul préalable culturel n’est indispensable pour prendre plaisir à écouter cet album. Chaque double page n’est qu’une ébauche de l’histoire, une invitation à prolonger le plaisir de la lecture par l’imaginaire. D’ailleurs, toutes se terminent par une question adressée au lecteur, l’incitant à compléter, inventer lui même les morceaux manquants de l’histoire.

Les illustrations, cernées d’un trait de couleur, ont toute la force dont on sait Anthony Browne capable. Ici, ce ne sont pas des bananes qui sont cachées à chaque page, mais des livres. Un bel hommage aux auteurs et illustrateurs qui ont bercé son enfance.

C’est un album très réussit dont j’ai d’abord pensé qu’il s’adressait à des enfants assez grands (ma mouflette de presque 9 ans s’en est régalée). Mais après l’avoir proposé à des plus jeunes j’ai constaté que dès 3 ans on peut se laisser emporter par ces courts  récits. Le plaisir des mots et des images prend alors le pas sur la compréhension. Certaines images peuvent toutefois impressionner, un jeune garçon d’environ 3 ans à qui j’ai montré cet album s’est arrêté longuement sur l’image qui représente l’histoire de Peter Pan et, touchant l’épée du capitaine crochet m’a dit à plusieurs reprises « je n’ai pas peur du tout, hein, je n’ai pas peur », puis, montrant les personnages à l’arrière plan « eux, par contre, ils ont peur, ils ont très peur, ils ont très très peur ».

On retrouve Marcel dans de nombreux albums dont Marcel et le nuage.

Ce n’est PAS une bonne idée!

19 octobre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: cinéma muet, éditions kaléidoscope, humour, Mo Willems, peur

Ce n’est PAS une bonne idée Mo Willems Kaléidoscope 13€

isbn: 9782877678285

Après le film souvenirs d’enfance et le polar, Mo Wilems nous présente aujourd’hui un film muet.
L’album montre d’abord une alternance de pages sans texte et d’ardoises noires où le dialogue est inscrit en lettres blanches.

Ainsi, le Renard et l’oie échangent un regard puis le texte, sans surprise, confirme ce qu’on avait déjà lu dans le regard du renard: « Quelle chance! Mon dîner! »

Alors qu’ils cheminent ensemble, échangeant des mondanités, quelques pages s’intercalent dans l’histoire.
On y voit des poussins qui préviennent, avec de plus en plus de force: « Ce n’est vraiment pas une bonne idée »

Spectateurs impuissants du film qui semble se dérouler sous leurs yeux, ils alertent en vain.
Mère Oie, sourde à ses petits, semble se laisser séduire par le rusé renard.

Petit à petit, il l’entraîne jusqu’à sa cuisine.
Mais l’oie blanche est-elle aussi naïve qu’elle en à l’air? Et si nos préjugés nous avaient entraînés sur une mauvaise piste de lecture, dès les premières pages?
Dès l’album terminé, on le relit pour mieux le savourer. On remarque alors le décor (le Paris des années 20?), on remarque que les oisons sont tous différents, on repère des spectateurs discrets derrière les fenêtres. On se régale et les bambins aussi.

Et on savoure autant cette relecture que la première découverte du livre.

Apprécié aussi chez Sophie.

Au feu petit Pierre

15 octobre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: Adrien Albert, dès 3 ans, engins, pompiers

Au feu petit Pierre Adrien Albert école des loisirs 12€70

isbn: 9782211216500

Dans cet album, Adrien Albert s’amuse à nous égarer entre jeu et réalité.
Dans la caserne, qui a des allures de chambre d’enfant, Petit Pierre, Jars et Orang-outan se détendent, quand retentit l’alarme. Aussitôt, ils se mettent en mouvement. Ils sautent dans le camion attrapent au vol la feuille de route tendue par maman et un petit bisou au passage.

Le camion n’a pas de grande échelle mais c’est un vrai camion de pompier, puisqu’il fait « pinponpin » et ça, vous pouvez le vérifier dans n’importe quelle cour de récré, c’est le vrai bruit d’une sirène de pompier.

Pendant qu’Orang-outan pompe toute l’eau nécessaire, Jars et Petit Pierre se pressent vers l’incendie, déroulant derrière eux des kilomètres de tuyau. La fumée envahit la ville, ils utilisent donc l’aspirateur pour l’avaler. Ne soyez pas surpris, n’importe quel enfant de cinq ans vous confirmera que c’est un moyen adapté pour se débarrasser d’une fumée trop envahissante. En tout cas, ceux à qui j’ai lu cet album ont trouvé ça tout naturel. C’est d’ailleurs la grande force de cet album, je ne sais pas si Adrien Albert a de très bons souvenirs de sa propre enfance ou si il a longuement observé des bambins jouer mais il est parfaitement juste dans sa représentation. Il nous entraîne dans l’aventure au point que les adultes ne s’étonnent même pas de l’absurdité de la situation.

Au feu petit Pierre Adrien Albert école des loisirs

Rien de surprenant par exemple au fait qu’ils aient un tuyau si long, sinon d’où viendrait l’eau?! Et, bien sûr c’est sur un canapé qu’on saute pour échapper aux flammes, parce qu’il n’y a quand même rien de tel qu’un canapé pour sauter dessus (vous n’avez jamais passé un dimanche pluvieux avec un bambin à la maison ou quoi?).

Au delà de l’histoire, à travers les images, nous, adultes, pouvons imaginer les jeux d’enfants qui s’y trouvent représentés: « on dirait qu’il faisait tellement chaud que l’eau de bubulle s’était évaporée!

-Oui et puis il fallait sauter de la grande tour, heureusement, on avait un canapé! » Mais on est si parfaitement invités à entrer dans l’imaginaire enfantin qu’on oublierais presque que ce n’est qu’un jeu, d’ailleurs jusqu’au bout de l’album on est dans l’histoire, rien ne nous rappelle vers la réalité de la chambre d’enfant.

Après Seigneur Lapin, Cousa et  Simon sur les rails et Adrien Albert confirme une fois de plus qu’il est un auteur d’exception, tant sur le plan de l’image que sur celui de la narration.

Un imagier pour jouer

9 octobre 2014 By Chloé Séguret in Les albums Tags: cartonné, dès 1 an, dès 2 ans, dès la naissance, éditions les grandes personnes, imagier, leporello, noir et blanc, Pascale Estellon, sans texte

Un imagier pour jouer, Pascale Estellon, les grandes personnes. 12€50

isbn: 978-2-36193-224-4

Le titre annonce la couleur, cet album qui se déplie comme un paravent est un intermédiaire entre le jeu et le livre. On peut le poser sur un tapis, près d’un bébé. On pourra alors voir le bébé ramper vers le livre, essayer de l’attraper, le toucher, le gratter, le mettre à la bouche aussi sans doute. Le regarder dans un sens puis dans l’autre, à l’envers même. Le bébé découvre l’objet avec tous ses sens, avant de rentrer dans le contenu.

Pascale Estellon a pris la peine de paginer son album, indiquant ainsi aux parents un sens de lecteur. On commence donc avec la page du miroir. Permettre aux bébés de partir d’eux même pour s’aventurer ensuite vers l’inconnu est une très belle idée.

Après avoir observé son propre visage, le bébé découvre sur les deux pages suivantes deux visages stylisés, l’un qui sourit, l’autre qui fait la tête. Cette version très graphique de Jean qui rit/Jean qui pleure est facilement identifiable pour un tout petit, on sait que dès la naissance un bébé est capable de reconnaître une représentation de visage.

Un imagier pour jouer, Pascale Estellon, les grandes personnes

On note au passage que, pour une fois, ce n’est pas le visage blanc qui sourit mais le noir, je suis contente que la couleur noire ne soit pas (plus?) systématiquement associée à un aspect négatif.

Viennent ensuite les mains, sur lesquelles les enfants peuvent spontanément poser les leurs.Ils se mesurent, ils comparent: cette main est plus grande que la mienne mais plus petite que la tienne. Les plus jeunes grattent l’image qui est en relief.

Plus tard dans l’album, c’est un cheminement qui est proposé au bambin. On suit la route (un ruban de carton collé sur la page donc une fois encore en relief) et ses boucles, dans un geste qui préfigure déjà celui du tracé de l’écriture.

Succède un jeu de coucou et l’exploration des premières peurs puisque quand le mouton se cache, le loup apparaît et vice versa. Les bambins peuvent passer un temps infini à tourner la page dans un sens puis dans l’autre, à mettre le doigt ou à glisser un coup d’œil dans le trou pour voir sans se faire voir ce qu’il se passe de l’autre côté.

Enfin, l’album se termine sur une image plus complexe, celle d’un petit bateau qui tangue sur les vagues. Plaisir suprême on peut le faire bouger. Alors, entraîné par le rythme du balancement, on se surprend à chanter « bateau, sur l’eau, la rivière la rivière… » et l’enfant, joyeux, accompagne notre chant d’un bercement.

La fin de la chanson, quand le bateau chavire et que les enfants tombent dans l’eau clôt en beauté l’album.
Mais on peut aussi le continuer  puisque sa forme invite à revenir à la première page pour recommencer le cheminement du début.

Un joli travail d’artiste et un ouvrage très adapté aux plus jeunes des enfants, solide en plus (pour une fois la charnière est en tissus, on peut le plier dans tout les sens sans l’abîmer) en font un album qui devrait trouver sa place dans toute les sections de bébés de crèches.

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