La baguette de Nanette, Mo Willems, Kaléidoscope, 13€
Mo Willems a déjà réussi la prouesse de faire un album qui a des allures de polar, un autre qui reprend les codes du cinéma muet, ici il nous propose un petit théâtre de papier. Et, puisqu’il est question de baguette, forcément, on se trouve en France, la France rurale, sur une place de village qui offre une unité de lieu proche de la scène de théâtre et qui nous plonge dans une ambiance à la Pagnol.
Clin d’œil ou cliché, dans ce petit bourg les habitants sont… Des grenouilles, mais rassurez-vous, il n’est pas question de les manger.
Nanette est l’une d’elles. Et c’est son aventure, banale et merveilleuse, qui fera l’objet de l’album. Car aujourd’hui, pour la première fois, la fillette va seule faire une emplette: acheter une baguette chez Juliette.
Le texte, tout en rimes en -ette, se savoure comme une bonne baguette croustillante, c’est bon, on en redemande. Au passage, on peut saluer le travail de la traductrice, Rosalind Elland-Goldsmith, qui a du bien se prendre la tête sur ces formulettes.
Voilà donc notre batracienne seule dans la rue, comme une grande. Elle croise des voisins (le plus jeune étant forcément un têtard), achète son pain et s’apprête à rentrer chez elle, mais sur le chemin du retour, l’attrait du pain frais est trop fort, la mouflette ne résiste pas à son envie d’y gouter.
Certes l’histoire est mignonnette et les enfants apprécient beaucoup la petite Nanette qui passe du plaisir d’être grande, à la culpabilité, avec une once de mauvaise foi et même un brin de colère. Et bien sûr, la fin est heureuse, puisque Mamounette, qui n’est pas la dernière en matière de gourmandise, loin de sermonner sa mouflette, va acheter une nouvelle baguette.
Outre l’humour, tant textuel que visuel, Mo Willems maitrise à la perfection le séquençage des images et La baguette de Nanette impose un rythme de lecture dynamique et à la fin on est bien souvent pressé de recommencer par les jeunes lecteurs.