Le pigeon à besoin d’un bon bain Mo Willems, Kaléidoscope
Le Pigeon est de retour. Et il est égal à lui même: C’est l’incarnation de la mauvaise foi. Et aujourd’hui, en plus, il schlingue. Aucun doute, le pigeon DOIT se laver.
Mais, évidemment, il ne va pas se laisser faire. Il préfère déployer toute l’ingéniosité dont il est capable pour essayer de se dérober.
Tour à tour menteur (“Tu sais, dans certaines régions, il est impoli de se baigner”), accusateur (“Peut être que TU as besoin d’un bain!”) ou charmeur (“la vie est si courte, pourquoi la gaspiller avec des trucs sans intérêt?”), il égraine ses arguments. En vain.
L’insistance muette de son interlocuteur aura raison de son entêtement. OK, il accepte de prendre un bain. Sur le principe. En pratique, il faut d’abord trouver la température idéale, la bonne profondeur de l’eau, la juste quantité de jouets, tout ça quoi.
Comme souvent dans les albums de Mo Willems, la grande réussite tien dans les personnages. Ici, nul besoin de narrateur, ce pigeon est tellement expressif qu’on adopte spontanément le ton juste pour lire ses répliques. Quand à son interlocuteur, on ne l’aperçoit qu’au tout début de l’album. Il est hors champ dans toute la suite. Ses répliques, l’enfant les devine, il y a fort à parier qu’il les a entendues lui même un certain nombre de fois. Pour le reste, on est amené à l’imaginer. J’ai surpris ma cadette en train de regarder seule cet album. Elle avait son petit index tendu vers l’image et disait “ça suffit maintenant, allez, hop, au bain” avant de tourner les pages jusqu’à voir le pigeon dans l’eau et là elle à ajouté “j’aime mieux ça monsieur!” d’un air sévère. Étonnante identification, qui ne se produit pas là où on l’attendait, mais qui prouve, si c’était nécessaire, que les enfants perçoivent parfaitement le personnage absent. J’ai tendance d’ailleurs à penser qu’il est beaucoup plus intéressant de leur donner à voir que de leur montrer les choses.