Les trois souhaits, Anthony Browne, Kaléidoscope, 2023, 13€
La lumière du petit écran se reflète sur le visage de Lambert, Hilda et la petite Rose. Mais ils ne sont pas d’accord sur le programme à regarder, et les chamailleries commencent. Rose propose d’éteindre la télévision, mais juste à ce moment là…
Saviez-vous que la fée télévision existait vraiment? Elle se matérialise sur l’écran et interpelle la petite famille.
Elle offre à Lambert, Hilda et Rose la possibilité de formuler trois vœux, et tous seront exaucés. Tous. Sans donner plus d’explication, elle disparaît.
L’environnement terne et sans joie des premières pages laisse alors la place à un décors coloré et fleurit, quand les trois protagonistes laissent s’exprimer leur bonheur. Wouah, Merveilleux. Mais il faut bien réfléchir!
Lambert, qui a toujours faim, se dirige vers le frigo, un petit en-cas pour accompagner leur réflexion serait le bienvenu. Constatant que le frigo est vide, il dit qu’il aimerait bien une super giga banane pendant qu’ils se décident…
Et bien entendu le fruit apparaît aussitôt. Aïe, voilà un vœu de gâché, Hilda le prend très mal.
Les choses s’enchaînent rapidement, et les personnages agissent sans se laisser beaucoup de temps pour la réflexion…
A partir de la trame du conte éponyme, Anthony Brown nous offre ici une histoire très simple qui ouvre à plusieurs niveaux de lecture.
On y voit le thème du conflit, et plus particulièrement de la dispute de deux parents sous le regard de leur enfant. Une situation extrêmement classique et bien peu montrée en littérature enfantine. L’ennuie, les relations familiales, le rapport au merveilleux, l’addiction aux écrans, et la morosité de quotidien sont aussi évoqués.
On ne retrouve pas ici le fourmillement de détails qu’il y a dans certaines œuvres de cet auteur. Cependant chaque image raconte avec force ce que vivent les personnages.
Celle où Rose est réfugiée dans un coin de la pièce, observant impuissante la dispute de ses parents au premier plan est très évocatrice, et l’absence de détail y contribue.
On peut tirer de nombreuses conclusions de la lecture de cet album. La première, un peu raz des pâquerettes, est qu’il vaut mieux réfléchir avant d’agir. Ou encore que la colère est mauvaise conseillère. Que les offres trop belles pour être vraies sont… Trop belles pour être vraies. Mais moi j’y vois surtout une mise en valeur des qualités de l’enfance. Rose est probablement le véritable élément magique de cette histoire, puisqu’elle offre à la fois une résolution au problème qui est survenu et une fin heureuse: la famille, bien que n’ayant pas véritablement profité des trois souhaits, a retrouvé sa bonne humeur.