Promenade au parc A. Browne Kaleidoscope 12,80€

isbn:978-2877677752

Réédition d’un album d’abord paru chez Duculot en 1977. Longtemps épuisé, il a donné lieux à une refonte totale par l’auteur, sous la forme du très bel album « une histoire à 4 voix », en 1998.
Il est en quelque sorte la cinquième voix, ou plutôt la première, la genèse, la voix du narrateur.

Monsieur Smith et sa fille, Réglisse, quittent leur immeuble miteux pour une promenade au parc avec leur chien, Albert. Au même moment, Madame Smarthe et son fils Charles sortent de leur belle maison pour la promenade de Victoria, leur chienne. Symétrie, jeu de miroir, les deux familles sont très semblables tout en étant opposées. Les chiens vont sympathiser tout de suite, les enfants se rapprocher petit à petit. Mais les parents, parce que ce sont de grandes personnes, resteront dans l’ignorance l’un de l’autre. L’histoire est simple, le texte descriptif. Mais l’illustration est déjà une absolue merveille.

La famille Smith sur la page de gauche, la famille Smarthe sur celle de droite. La charnière du livre qui semble former une frontière entre les deux. Quand on quitte les parents, on découvre un parc sans limites, étonnant et presque inquiétant, lieux de mile aventures. Les enfants et les chiens y partagent des jeux plein de fantaisie. Et, comme très souvent chez cet auteur, on peut passer des heures à chercher les petites choses en plus, tout ce que le texte ne raconte pas mais que l’enfant perçoit très bien. Il y a des visages dans les arbres, un monsieur qui promène un cochon en laisse, les arbres qui ressemblent à des pissenlits, le banc a de drôle de pied, le père noël joue au foot avec entrain.

Cet album est un régal en lui même. Mais il prend encore plus de saveurs quand on connaît « une histoire à 4 voix ». On sait alors que dans son journal, ce sont les annonces d’emplois que consulte Monsieur Smith. On sait que Madame Smarthe n’apprécie guerre de voir sa chienne de race s’acoquiner avec le bâtard des voisins. On sait à quel point l’histoire est plus riche que ce qui est montré. C’est un peu ce qui fait que j’aime tant les albums d’Anthony Browne d’ailleurs. On a toujours le sentiment qu’on ne voit qu’une petite partie de l’histoire, que les personnages existent de façon beaucoup plus précises, riche, dans l’imaginaire de l’auteur.