Le chevalier et la forêt A. Vaugelade école des loisirs 13,20€

isbn: 978-2211211123

Pour son anniversaire, le petit chevalier reçoit un pistolet de sa grande sœur, princesse à la ville.
Avec un début d’histoire pareil, on est déjà projeté dans les jeux enfantins. Le chevalier à des allures de joyeux bambin déguisé et il sort d’une tour qui évoque celles des châteaux de sables ou des jeux de constructions.

Pour aller remercier sa sœur, il doit passer par la forêt.
On sait ce qu’il en est des forêts dans les histoires, il vaut mieux passer par la route qui les contourne. Mais, en bon héros de conte, notre petit chevalier va préférer la traverser. Il va même passer outre la barrière qui fait pourtant tout son possible pour le dissuader de s’y aventurer. Il faut dire qu’il se sent invincible, il a un pistolet et en plus une coccinelle-fée lui donne trois points de magie.

On attend la rencontre avec un monstre ou au moins un loup mais elle ne vient pas. C’est la forêt elle même le danger, elle essaye de digérer le petit chevalier. Pour lui échapper, il devient malgré lui liquide, une flaque qui dégouline. Ce n’est pas sans évoquer petit bleu et petit jaune, qui redeviennent eux même quand ils fondent en larme.
A la lecture de cet album, un double récit s’impose à l’adulte. Il y a l’histoire telle que racontée, que les enfants prennent en général au pied de la lettre. Et il y a le jeu qu’on devine, entre un enfant et sa grande sœur. C’est elle qui offre le pistolet point de départ de l’aventure. C’est sans doute aussi elle qui se fait barrière, l’illustration est très évocatrice, on ne peut pas regarder cette barrière sautiller sans penser à un enfant bras écartés qui se dresse devant nous: « barrière, ticket… Ah non, ne passe pas devant moi, c’est pas du jeu! » (pour voir des images de l’intérieur de l’album, visitez donc la soupe de l’espace). La forêt accaparante est donc sans doute aussi la grande sœur. On imagine volontiers les deux enfants chahutant jusqu’au moment où le cadet se trouve un peu trop bousculé et se met à pleurer. C’est l’échappatoire et les larmes sont vite évaporées, la fête peut alors avoir lieu. Dans un décor qui semble confirmer que toute l’histoire se déroule effectivement dans une chambre d’enfant: les figurines, super héros, animaux sont les invités, au milieu de pièces de jeu de construction. Et la chute prouve bien que tout ça c’était pour rire!