Notre filleNotre fille, Anthony Browne, kaleidoscope, 2020, 13€

« Elle est merveilleuse notre fille. C’est une super gardienne de but, et une nageuse hors pair. Ses dessins sont magnifiques. Et ses déguisements toujours fabuleux. Elle est merveilleuse, notre fille. »

Anthony Browne poursuit ici la série de portraits de famille entamée en 2000 avec le remarquable album « Mon papa ».

Le premier opus n’était pas pensé comme le début d’une série et ce n’est que 5 ans plus tard qu’est sorti le suivant, « Ma maman », à la demande de l’éditeur américain de l’auteur. Puis en 2007 « Mon frère ». Celui-là, j’avoue, je n’ai pas très bien compris à la demande de qui il avait été écrit (il me semble qu’il résulte d’un atelier avec des enfants dans une école) mais il est clairement moins bons que les autres.

Notre fille

Avec « Notre fille » il y a un changement de point de vue, le narrateur n’est plus un enfant mais, semble-t-il le couple parental. Ce sont eux qui portent sur la protagoniste un regard plein d’amour et d’admiration. C’est déjà un joli retournement de situation, qui montre une certaine symétrie dans la relation parent/enfant que je trouve intéressante.

Et l’album se présente en effet comme le pendant des précédents, il en reprend la structure narrative et leur fait des clins d’œil graphiques.

La fillette montrée dans cet album est parfois intrépide, colérique, joueuse, timide, créative, travailleuse ou paresseuse.

Autant de qualité généralement identifiées comme masculines que comme féminines.

notre fille Brown

C’est avec un grand naturel qu’elle est montrée jouant au foot ou au docteur. Quand le texte mentionne qu’elle a l’élégance d’une grande dame, l’image la montre plus enfantine que féminine.

Si le style d’Anthony Browne est plus épuré que dans ses ouvrages plus anciens, on trouve tout de même des détails qui font la richesse de l’album. Les motifs de la robe de l’enfant qui changent selon ce qu’elle vit (rappelant le papier-peint dans « Toc-toc qui est là? »), les références à d’autres histoires (les chaussures de « Marcel le champion », l’arrière plan de « Mon papa ») par exemple.

Je pense que cet album va rapidement s’imposer comme un classique. Avec son texte court, et ses images lisibles, il est très facile d’accès y compris pour les enfants les plus éloignés des livres.

La page où la fillette se met en colère plaira beaucoup aux professionnels de l’enfance avide d’albums sur les émotions.

Les enfants s’identifieront volontiers à ce personnage au caractère nuancé. Et les médiateurs du livre, dont je fais partie, apprécieront qu’il soit suffisamment riche pour être relu à de multiples reprise sans nous lasser.