Noir sur blanc, Blanc sur noir, Tana Hoban, Kaléidoscope, 1994, 6€10
Ces deux petits albums cartonnés se sont imposés au fil des années comme des incontournables dans les crèches.
Il est vrai qu’ils ont toutes les qualités requises pour cela.
Très faciles d’accès et d’utilisation, ils sont simples à manipuler et attirent le regard des petits.
La photographe Tana Hoban les a conçus à la façon de photogrammes, cette technique qui consiste à poser un objet directement sur le papier réactif et à l’exposer à la lumière. Mais ici ce sont des silhouettes aux formes franches, aux bords nets.
Les objets se détachent sur la page, la partie noire est recouverte d’un vernis sélectif, ce qui ajoute un jeu de texture et de reflets.
L’artiste a vraiment pensé ces ouvrages pour les mains et les yeux des bébés. A l’époque, on pensait encore qu’ils ne percevaient pas les couleurs, d’où son choix du noir et blanc. On sait aujourd’hui que c’est faux (même si cette idée reçue circule encore énormément) mais qu’ils sont tout de même sensibles aux contrastes. Beaucoup de livres (et de jouets premier âge) utilisent le noir et blanc pour cette raison.
Les silhouettes qui se succèdent sont facilement identifiables, mais certaines laissent tout de même une petite place à l’interprétation: est-ce un bébé? Une poupée? Un pantin? Toutes les réponses sont valables et avec des enfants qui parlent déjà no peut les laisser faire leurs propres suppositions.
Je montre souvent ces deux albums à des bébés très jeunes, quelques mois à peine. Ils écarquillent les yeux avec gourmandise et dès que leur motricité le permet, tendent les bras vers le livre pour l’attraper et enfin le suçoter.
Je les laisse expérimenter un peu mais rapidement je retire délicatement l’album de leur bouche pour revenir aux images.
Puisqu’il n’y a pas de texte, on peut bien sûr montrer ces livres en silence. Cependant, j’ai remarqué que les bébés ont souvent besoin de notre voix pour y poser leur attention.
Je nomme alors les objets et je m’autorise quelques digressions, en faisant le lien avec l’enfant (des phrases qui s’adressent directement à lui, comme par exemple “ah tiens, un biberon, tu connais ça? Et la tétine, tu en as une aussi?) par exemple, ou en chantonnant une petite comptine en rapport avec l’image (un petit canard au bord de l’eau ou bateau sur l’eau).
Avec les bébés, j’aime bien lire des récits, parce qu’ils sont attentifs et se laissent porter par le texte.
Mais Noir sur blanc et Blanc sur noir sont deux incontournables parce qu’ils ont toujours du succès et qu’ils sont rassurants pour les adultes qui les trouvent faciles à utiliser.
Paradoxalement ceux qui sont souvent déstabilisés par les albums sans textes pour les plus grands (j’ai d’ailleurs donné quelques pistes d’utilisation pour ce type d’ouvrages ici) savent spontanément utiliser ces albums avec les bébés.