AdélieAdélie, Jean-Claude Alphen, éditions d’eux, 2020, 13€50

La petite fille qui lit sur la couverture de l’album, en compagnie d’un petit cochon est également présentée sur la page de garde. Elle a encore un livre à la main et se tient derrière un grillage. Étrange. On la voit aussi sur la page de titre,  en compagnie du même cochon, du moins le suppose-t-on.

C’est donc tout naturellement qu’on pense que c’est d’elle qu’il s’agit quand le texte débute par ces mots « Adélie habite à la campagne ».

L’image montre la fillette sur la page de gauche. Elle se tient dans une maisonnette et regarde vers l’extérieur, à travers une fenêtre aux barreaux croisés: Le grillage qu’on a cru identifier sur la page de garde. Sur la page de droite, une cabane de bois dans un enclos où se promènent des petits cochons, mis en valeur par leur couleur rose, alors que le reste de l’image est en noir et blanc. A l’exception des joues de la fillette, légèrement colorées de rose elles aussi.

Si le jour, Adélie joue avec ses frères et sœurs, la nuit, elle a de bien drôles d’habitude, nous dit le texte. Dans une succession de pages sans texte, on voit la petite cochonne, toute rose et dodue, qui se glisse silencieusement dans la maison. C’est alors qu’on comprend que c’est elle qui donne son nom à l’album. Quand elle elle trouve ce qu’elle cherchait, Adélie nous fait face et nous adresse un sourire ravit. Elle a enfin trouvé un livre. Car Adélie est une cochonne bibliophile. Oui.

Et le rituel qui consiste à aller lire dans la bibliothèque se reproduit tous les soirs. Jusqu’à ce qu’une nuit, la fillette de la maison trouve notre petite héroïne occupée à lire sur le fauteuil de la bibliothèque. « C’est mon livre préféré moi aussi! dit Éveline » qui reçoit pour réponse une série de « oinc oinc » très expressifs. Ce qui marque le début de l’amitié entre les deux protagonistes.

On attend souvent une surprise à la fin des albums (et c’est le cas ici), mais être surpris dès le début de l’histoire ajoute forcément de l’intérêt pour les enfants.

Les personnages sont très attachants et les images pleines de charme. Ce sont elles qui portent une grande partie du récit.

On se demande si l’amitié entre Adélie et Évelyne et leur passion commune pour la lecture ne compensent pas une vie par ailleurs assez terne et froide (pas d’autre personnage, des images souvent sombres, les murs et les barreaux très présents).

La fin semble montrer en tout cas que c’est sur ces deux piliers qu’elles vont pouvoir tisser d’autres relations chaleureuses.