M. Tigre se déchaîne. Peter Brown Circonflexe
M. Tigre vit dans un monde on ne peut plus normatif. Tout les animaux, le dos bien droit et les yeux baissés, semblent respecter des règles sociales strictes. Il semble même que tout le monde y adhère tellement que nul ne songe à s’en plaindre.
Si M. Tigre s’y conforme aussi, on comprend tout de suite que c’est dur pour lui. Sa fourrure orange et ses yeux verts qui ne se dérobent pas en attestent. Derrière le nœud papillon, la chemise amidonnée et les bonnes manières, M. Tigre aspire à autre chose.
Son besoin de fantaisie est tel qu’il finit par se laisser aller à… Marcher à quatre pattes. Et il s’en trouve ravit. Bien sûr, le naturel si durement chassé revient alors bien vite et M. Tigre se met bientôt à rugir et à poursuivre ses contemporains herbivores. Il finit même par abandonner ses vêtements, derniers attributs de la civilisation. C’en est trop pour les autres animaux qui l’invitent à quitter la ville (non, ils ne le chassent pas, ils ne crient pas, ils ne perdent pas leur flegme. Car ça ne serait pas correct, n’est ce pas? Ils se contentent de le regarder avec fermeté).
La nature, c’est chouette pour un tigre. On peut y rugir, grimper aux arbres… Mais bien vite, ses amis vont lui manquer.
Il va alors se retrouver tiraillé entre ses pulsions sauvages et son besoin de relations sociales. Éternelle problématique du petit humain. De l’humain adulte aussi sans doute.
Les illustrations servent merveilleusement bien le propos du livre et apportent une petite touche d’humour. La fin propose une réponse nuancée et montre un monde où chacun peut trouver sa place et où l’on peut grandir ensemble.