Harbert avait un bonnet, tout douillet, tout coloré, tricoté par sa grand-mère. Mais voilà, quand il arrive devant les autres, le verdict est sans appel. Ce bonnet est RINGARD.
Alors, Harbert va tenter de suivre la mode. Il va s’efforcer d’avoir, lui aussi, le couvre-chef qui va bien. Avec son style dynamique et coloré, Emily Gravett se moque en image des phénomènes de mode. Les chapeaux adoptés par les autres protagonistes sont tous plus ridicules les uns que les autres. Mais, puisque tous portent peu ou prou le même modèle, c’est qu’il est tendance. Seul le pauvre Harbert a décidément toujours un temps de retard.
Notre pauvre cabot fait pourtant de sacrés efforts, il va jusqu’à se documenter dans le très sérieux journal Haute-forme ou camper devant la boutique Chapeau bas mais en vain. A croire qu’il porte la ringarde-attitude en lui.
Et s’il suffisait de ne plus suivre la mode pour la créer?
Avec son style graphique tonique et efficace et sa plume rythmée sans jamais être bavarde, Emily Gravett égratigne les diktats de la mode et porte un regard tendre sur celui qui est mis à l’écart, victime de ne pas rentrer dans le moule. Un album léger et peu démonstratif, jubilatoire pour tous ceux qui se sont un jour retrouvés dans la situation d’Harbert.
Questions idiotes, Philippe Corentin, école des loisirs, 10€
Mais qu’elles sont bêtes les grandes personnes! Franchement, il faut toujours tout leur expliquer.
C’est que les pauvres, elles n’ont pas un grand sens de l’observation. On pourrait devenir rouge écrevisse et tout hurlant avant qu’elles ne comprennent que oui, l’eau de la douche est trop chaude! Rha la la, quels empotés.
Philippe Corentin, lui, il a les yeux en face des trous, il observe les adultes et quand il les représente, il n’hésite pas à les égratigner. Ici il s’amuse de toutes ces questions toutes faites, prononcées sans qu’on y réfléchisse et les illustre avec sa gouaille habituelle. Le résultat est frais, drôle et juste assez irrévérencieux pour qu’on comprenne que, quel que soit son âge, l’auteur se sent plus enfant qu’adulte.
Curieusement, j’étais passée à côté de cet album, qui date pourtant de 1984, (comme j’aurais aimé l’avoir à l’époque, j’étais une mouflette très friande de ce type d’humour). Il était alors publié sous le titre « c’est à quel sujet », et l’image de couverture montrait une des pages les plus savoureuses de l’album (je vous laisse chercher). Quelle idée de l’avoir laissé épuisé si longtemps. Il était temps que l’école des loisirs le remette à son catalogue. Et ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir un peu dépoussiéré l’ensemble en privilégiant le fond blanc plutôt que les couleurs de la première édition qui sont en effet un peu datées (à part ça, l’album n’a pas pris une ride)
J’adore la relation de connivence que ce livre instaure entre l’enfant et l’adulte qui le lui lit. Même (surtout) si ça ne fait pas toujours marrer les parents du dit mouflet. J’attends l’été avec impatience pour le tester en bibliothèque de rue, je suis convaincue qu’il y aura un grand succès.
Puisque c’est comme ça, je pars! Yvan Pommaux, l’école des loisirs, 14€80
On voit tout de suite qu’elle a l’imagination fertile la petite Nora. Avec Jojo, son doudou, elle invente des aventures dans le bac-à-sable. Mais sa mère l’interrompt: il est temps de rentrer. Norma fait l’effort de sortir de son jeu quand le téléphone maternel coasse. Désormais, maman est loin, très loin, perdue dans le fil de sa conversation. Elle ne se rend même pas compte du départ de sa fille.
La fillette rencontre son copain Félix et ensemble ils partent à l’aventure dans le parc qui peu à peu se transforme sous leurs yeux en jungle sauvage. Le petit bateau de bois qui flottait dans la fontaine devient réel, les statues s’animent et les plantes jettent un œil sur nos deux héros.
Ils deviennent alors des explorateurs, plongés dans un monde étrange et parfois inquiétant. Poursuivis par une lionne ou faisant naufrage dans le lac, Norma et Félix vont devoir affronter des situations périlleuses. Au point que la fillette va égarer son doudou, Jojo, son tout premier partenaire de jeu.
En nous faisant allègrement traverser la frontière entre réel et imaginaire à plusieurs reprises, Yvan Pommaux montre à quel point cette ligne est perméable. On peut quitter la réalité parce-qu’on est accaparé par une conversation téléphonique ou par un jeu, on peut la fuir ou chercher à la retrouver. Parfois, elle fait une intrusion dans le jeu, quand par exemple les ouvriers qui repeignent la grille du parc apparaissent dans la jungle (mais ils sont bien vite associés au fantasme des enfants). A l’inverse, la fantaisie s’invite aussi en dehors des moments de jeu. Quand par exemple, le téléphone crache des grenouilles au lieu de sonner.
Les images sont tellement belles qu’on se perd dans leur contemplation, au point parfois d’oublier de les interpréter. C’est au fil des lectures qu’on repère de plus en plus de détails qui font sens. L’auteur joue avec les codes de l’album et de la bande dessinée à la fois. On peut passer d’une image qui se déploie sur la double page, à fond perdu, très immersive, à une succession de petites vignettes quand l’histoire s’accélère brutalement.
La thématique, un peu trop moralisatrice à mon goût, de l’intrusion des portables dans la vie quotidienne (qu’on retrouve dans « Loupé« ), est à mes yeux secondaire. Ce que je retiens de cet album c’est surtout le parallèle entre Norma et sa mère, l’une délaissant son doudou l’autre sa fille. Et puisque Félix et sa mère vivent la même chose, il y a une certaine normalisation de cet abandon. Nul n’est infaillible et les promesses faites en fin d’album (Norma qui assure que plus jamais elle ne maltraitera son doudou et sa mère qui garantit que le téléphone c’est fini) sont probablement vouées à ne pas être tenues. Ce qui n’ôte rien à leur sincérité sur le moment.
Merle et Roro s’éclatent bien à jouer à la tablette. Mais papa, ce vilain rabat-joie, la confisque sans ménagement. En plus, il leur demande d’aller jouer dehors. Carrément. Dehors, c’est bien connu, on s’y ennuie. Un ennui fort, un ennui palpable, un ennui implacable. On pourrait presque dire que s’ennuyer à ce point c’est un job à plein temps pour les deux petiots. Ils s’ennuient à voix haute, ostensiblement.
Quand papa multiplie les propositions de jeu, Merle et Roro trouvent toujours une bonne raison de refuser, au point qu’il finit par proposer de gonfler la piscine.
La piscine quoi, n’importe quel gamin devrait sauter de joie à cette idée.
Ben non. Merle trouve l’eau trop froide et Roro se plaint qu’il n’a pas de bonnet.
Mais heureusement, Pinson passe par là.
Quand j’étais petite, je me souviens de longs après midi où l’ennui précédait le jeu. Maintenant que je suis une grande personne, je ne m’ennuie plus. Et ça me manque. Il y a quelque chose de très spécifique à l’ennui enfantin: Un soupçon de mauvaise foi et une grande complaisance de l’enfant lui même, qui s’en plaint et s’y vautre à la fois.
Claude K. Dubois a parfaitement capté ça. Les petits poussins ne se contentent pas de subir l’ennui, ils le démontrent, ils l’incarnent, ils en font des tonnes. Ils arriveraient même presque à culpabiliser le papa, qui a pourtant autre chose à faire (étendre le linge en l’occurrence). Ils sont attendrissants en diable et agaçant tout plein à la fois. Des gosses, quoi.
Je suis toujours charmée par le coup de crayon de Claude K. Dubois. Les petites bouilles esquissées et expressives de ses personnages sont très évocatrices.
Voilà un petit album au format proche d’un roman, divisé en trois chapitres, dont on pourrait penser que la narration va surtout se faire par le texte. Il n’en est rien.
Le mauvais pli est en réalité un album sans texte dans le-quel les quelques mots qui servent de nom de chapitres donnent une petite clef de lecture.
Il raconte les déboires d’un homme qui veut passer sur l’autre page. C’est-à-dire qu’il est d’abord sur la page de gauche et qu’il veut cheminer, vers celle de droite. Mais voilà, un livre, ce n’est pas un dessin animé, ce n’est pas linéaire, un livre ça se caractérise par sa reliure. La reliure qui fait un pli dans la double page. Et ce pli va jouer des tours à notre héros.
D’abord, à chaque fois que le personnage va passer un de ses membres à travers cette invisible frontière, ça va le plier en deux.
Enfant, je me suis souvent demandé si les personnages qui étaient à cheval sur la page n’avaient pas mal quand on leur ferme le livre dessus (je me posais aussi beaucoup de questions sur la lumière du frigo). J’ai ma réponse.
Et comme notre héros ne renonce pas à traverser la charnière, le voilà tout biscornu.
Le bonhomme promène son chien en laisse. Mais l’animal, renseigné sans doute par son instinct, reste sur la page de gauche, en sécurité. Il file même à l’opposé du danger et sort du champ de l’image. Il réapparaitra sur la page de droite, manifestement il a contourné l’obstacle par l’extérieur du livre.
Juliette Binet explore ainsi le mécanisme du livre, et invente des situations où le pli du livre modifie son contenu. Après avoir été tout déformé, le personnage est dédoublé par cette charnière qui se fait alors miroir. Toujours aussi tordu et désormais affublé de huit membres, le bonhomme finit par ressembler à un étrange papillon, d’ailleurs, hop, le voilà qui s’envole hors de la page. Reste alors le chien. Et toujours le pli facétieux, qui va jouer un dernier tour à l’animal et réserver une dernière surprise au lecteur.
Petit pois, Davide Cali, Sebastien Mourrain, Actes Sud junior 13€50
Petit pois est tellement minuscule qu’il peut porter les souliers des poupées, dormir dans une boite d’allumettes et chevaucher une sauterelle.
Ce qui en soi à l’air plutôt chouette. De fait, il mène sa vie de petit bonhomme plutôt agréablement. La maison et son jardin lui offrent un terrain d’exploration sans pareil: une flaque est pour lui un lac, une petite voiture mécanique un bolide et le chat qui gravite autour de lui ne le prend pas pour une souris comme on pourrait le craindre, il est même un compagnon agréable. On sent une grande indépendance chez Petit pois, dont on ne voit d’ailleurs jamais les parents (mais on sait qu’ils sont là: sa mère lui coud des vêtements sur mesure.)
La chose se corse quand il entre à l’école. Tout devient compliqué et il ne trouve pas sa place parmi ses pairs.
Heureusement, l’épisode école passe vite, on saute dans le temps pour retrouver notre petit héros à l’âge adulte, un adulte tout à fait épanouit et qui semble s’être construit un monde à sa mesure.
C’est une chouette façon d’aborder la différence sans trop appuyer le propos. Il y a beaucoup de légèreté dans le texte comme dans les images qui sont pleines de détails sympas et d’humour. Et la fin est très optimiste.
C’est un éloge de la lenteur et de la contemplation que cet album. Une seule phrase s’y déroule, lentement, un unique mot par page. Un petit escargot, posé sur le papier comme s’il était tamponné, se promène dans un environnement à sa mesure. Il se détache en rouge sur la page blanche. Autour de lui, le décors minimaliste contraste par sa couleur noire.
Alors que le texte morcelle le temps, l’image instaure une continuité, puisque chaque élément coupé sur la page de droite se poursuit sur la double page suivante.
Bien sûr, chaque lecture s’enrichit des précédentes. Même chez les
jeunes enfants, le lien entre l’album qu’on leur raconte et ceux qu’ils
ont lu avant se fait naturellement.
A la lecture de Petit escargot rouge, certains peuvent faire le lien avec le petit chaperon rouge. La
couleur mais aussi la présence d’arbres qui évoquent la foret, incitent à
ce rapprochement. D’autre chantonnent « petit escargot », et ceux qui fréquentent les livres le plus assidument (oui, bon, ma cadette en l’occurrence) peuvent même faire le lien avec les histoires sans paroles de Rascal, qui s’en rapprochent par le format, l’utilisation du noir et blanc et l’univers du conte.
Finalement, s’il ne se passe pas grand chose dans le livre, c’est pour mieux laisser la place à tout ce qu’il peut se passer dans la tête du lecteur. Le blanc de la page est comme un écran sur le quel chacun peut projeter sa vie psychique. On complète l’image, puisque les éléments sont tronqués par le cadrage et le gros plan. Et puisque les mots semblent manquer, on complète aussi, il y a plein de petites histoires qui peuvent se dérouler dans nos têtes, presque malgré nous, à la lecture de ce livre.
On parcourt l’album, on est touché par la beauté d’une image, surpris par la lenteur qui s’impose à nous (et même peut-être quel plaisir ce temps retrouvé, dans un monde qui va si vite) et quand on l’a terminé, on a bien envie de repartir pour un tour, tout comme le petit escargot d’ailleurs, qui semble bien être revenu à son point de départ. On a été désarçonné, oh, pas trop, on connait cet auteur, on sait qu’il peut surprendre. Mais on en redemande, on veut comprendre, on veut interpréter, on veut inventer. Et plus on le lit plus on l’aime, ce petit album là.
D’ailleurs, il a été apprécié aussi par Alice et Bouma
« beau comme […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie ! » Cette citation de Lautréamont par André Breton m’a trotté dans la tête pendant toute ma lecture de ce bel album.
Il y a en effet et incontestablement quelque chose de surréaliste dans les paysages qui accompagnent chaque lettre dans cet abécédaire.
Des éléments, objets ou animaux se retrouvent juxtaposés, à priori choisis pour leur initiale, sans lien apparent entre eux. Ils forment un tableau improbable mais construit avec soin. On se perd volontiers dans la contemplation de ces images, au style intemporel plus que désuet. Et, petit à petit, les différents éléments dialoguent entre eux, s’interpellent, se répondent. Est-ce ce chemin au fond qui se transforme à l’avant plan en une cascade? L’archer ne serait-il pas en train de viser l’alligator? La courbe gracieuse du cou du diplodocus se fait l’écho de celle du tronc du dattier et les jouets de bois semblent singer la très sérieuse joute des chevaliers.
On retrouve des thèmes communs à travers les pages: des animaux préhistoriques, des instruments de musiques, des jouets. Et de l’eau. Lac, mer ou rivière, l’eau est présente presque partout.
Dans ce foisonnement, chaque élément semble être posé à la place exacte qui est la sienne.
C’est pour le lecteur une échappée hors du temps, une ballade contemplative. Un plaisir que les adultes partagent avec les enfants, chacun à son rythme.
A part ça, je suis toujours sur facebook. Et un peu aussi sur twitter.
Au lit! Toute une histoire Shoham Smith, Einat Tsarfati, Cambourakis, 14€
Les enfants tyrans, je les adore! Dans les livres, hein, dans la vraie vie, ils sont insupportables.
Ici, on les repère dès la couverture. Ces deux bambins là n’en font manifestement qu’à leur tête et ils vont faire tourner leurs parents en bourrique.
Pourtant, ça part bien, la petite Lili s’est endormie. Dans sa chambre au sol jonché de jouets, avec sa couronne sur la tête, la petite princesse sourit dans son sommeil. Ses parents s’éloignent sur la pointe des pieds en priant pour qu’elle ne les rappelle pas. Prière vaine, dès la page suivante ils sont de retour auprès de la mouflette qui a manifestement réclamé un dernier bisou. On sent bien le sentiment de toute puissance de l’insupportable gamine qui va sortir de la chambre en courant comme un petit démon, réveiller son petit frère et squatter le repas des adultes sans complexe.
A eux deux, ils vont transformer le repas en foire au n’importe quoi.
Les illustrations sont le plus souvent centrées sur les enfants, les parents sont hors champ, et si on entend leurs réprimandes, on comprend bien que Lili les ignore, ils n’ont aucune prise sur elle. Quand, à l’inverse, on voit le couple parental faire une tentative d’autorité (« Je commence à compter, un, deux, trois », énuméré sans le moindre résultat), c’est au contraire la fillette qui n’est plus là. Ce n’est même pas qu’ils ne sont pas assez autoritaires. C’est carrément qu’ils n’existent pas pour elle, elle ne les voit pas, ne les entend pas, c’est comme s’ils évoluaient dans deux univers parallèles.
Quant aux autres adultes, ils sont à la fois victimes consentantes et complices, les gamins semblent les considérer comme des jouets parmi d’autres.
Je trouve qu’il y a quelque chose de jubilatoire à la lecture de cet album. Pour les adultes comme pour les enfants, il y a une distance qui s’instaure tout de suite quand on le lit, on ne s’identifie pas, au contraire, on prend plaisir à se dire que « heureusement, chez moi ce n’est pas comme ça ».
Certains parents à qui j’ai montré cet album m’ont fait remarquer qu’il donnait le mauvais exemple. Alors là, permettez moi d’être morte de rire. Comme si les livres montraient l’exemple! Quelle drôle d’idée de vouloir ainsi déléguer l’éducation des enfants à la littérature. Hé, les gars, j’ai un scoop, l’éducation c’est votre job, la littérature, elle, a pour fonction de raconter des histoires. Si c’est pour raconter aux gamins uniquement des histoires qu’ils vivent ou pourraient vivre, ce n’est pas très intéressant. Ce qu’il y a de chouette c’est justement de voir dans les livres tout ce qu’on n’a pas le droit de faire, ce qu’on est incapable de faire, ce qu’on n’a même pas envie de faire, pourquoi pas.
N’allez pas imaginer que parce qu’on leur montre des enfants qui font des bêtises dans une histoire, vos bambins vont les reproduire. A moins qu’ils n’aient été biberonnés à: « Oh, regarde comme petit ours va bien sur le pot, tu devrais faire pareil » ou encore « tu as vu comme ce pingouin est gentil avec le bébé, prend-en de la graine mon enfant »; mais là, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous même.
Lisons donc plutôt Au lit! Toute une histoire pour ce qu’il est, une histoire un brin subversive qui peut servir d’exutoire pour toutes les bêtises que nos enfants n’oseront jamais commettre.
Tout sur les tremblements de terre, Perceval Barrier, Matthieu Sylvander, école des loisirs, 12€20.
Voilà un moment que l’école des loisirs s’amuse à croiser les genres. Entre les romans et la bande-dessinée par exemple. Mais aussi, de plus en plus, entre les albums et les documentaires. C’est le cas dans le très précis Comment fabriquer son grand frère et c’est encore le cas ici. Et une fois de plus, la réussite est totale.
Dans la plaine immense et tremblotante, Aigle tremblotant est occupé. Il compte. A chaque fois que la terre tremble, il fait une encoche sur son totem. Et il en a déjà fait 2 556 761 quand arrive un gros camion jaune conduit par un homme qui à la coupe de cheveux de Trump mais qui à l’air sympa quand même. Enfin mois antipathique en tout cas. Appelons le Bob (parce qu’il s’appelle Bob).
Lui, il a des projets. Une grande ville sera bâtie dans la pleine. Avec plein de trucs supers comme une piscine, une gare, un aquarium géant, bref, il s’emballe déjà. Et, dans le même temps, il se met à l’ouvrage.
Mais évidemment, dès que la terre tremble, son ouvrage s’effondre. Avec les conseils avisés d’Aigle Tremblotant et surtout les connaissances technique de Tablette Tactile il va peu à peu comprendre le phénomène des tremblements de terre, les normes de constructions pour y résister et encore bien des leçons de la vie mais ça, je vous laisse le découvrir dans l’album.
Un livre hybride entre une histoire, pleine de sagesse et d’humour à la fois et un documentaire, pris en charge par la fameuse tablette tactile.
La mise en page, le changement de cadre et de typographie permettent de savoir dans quel domaine on se trouve et j’ai vu des enfants, parmi les plus jeunes, passer les explications scientifiques alors que d’autres sautaient les pages d’histoire.
Moi je trouve que le mélange des deux fonctionne à merveille et je n’aurais pas l’idée de sauter la moindre page (mais les enfants, ils ont le droit, ne les obligez pas à tout lire, vous n’aimeriez pas qu’on vous le fasse avec vos livres à vous).
Après une chute savoureuse, les auteurs nous offrent un bonus (où l’on apprend que Bob s’appelle Bob, je vous l’avais bien dit) sur leurs vies d’auteur/sismologue pour Matthieu Sylvander et d’illustrateur amateur de chocolat pour Perceval Barrier. Un petit plus qui est aussi l’occasion de donner quelques précisions supplémentaires sur les tremblements de terre mais qui permet aussi aux enfants d’avoir en tête que derrière un livre, il y a des auteurs. Parfois, ça les trouble autant que s’ils avaient rencontré leur instit au super-marché du coin.
Enfin, pour finir de vous convaincre de vous précipiter dans votre librairie le commander, sachez qu’avec ce livre vous apprendrez sans doute des choses, vous vous amuserez probablement autant que vos bambins et que les papis/mamies/oncles/amis de passages seront ravis de le lire à vos gamins quand ils viendront manger chez vous. Ce qui, il faut le dire, est très appréciable.