l'attente Brami Pollet HongFeiL’attente, Maïa Brami, Clémence Pollet, HongFei, 2021, 17€

Quand l’explorateur débarque sur l’île, en début d’album, il semble déterminé et plein d’énergie.

Dans un décor entièrement représenté en nuances de vert, il se détache, en orange fluo.

Très vite, il est confronté à l’hostilité du milieu: chaud, humide, sombre. Il s’enfonce dans la végétation et se fait accepter de la faune. Il se construit un abri pour affronter la pluie, le froid.

L’histoire s’organise comme un documentaire animalier, le texte, comme une voix off.

L’illustratrice varie les cadrages, travellings, plongée, très gros plans s’alternent.

l'attente Brami Pollet HongFei

L’attente du protagoniste est longue, il n’en peut plus. Le temps s’écoule et il commence à douter de l’issue. Et s’il ne voyait jamais ce qu’il est venu chercher?
Côté lecteur, on partage son impatience. On veut savoir ce qu’il cherche, mais pourquoi est-il venu là? N’est-il pas satisfait de tous les animaux  des nombreuses et magnifiques plantes qui l’entourent?
Non, ce qu’il cherche est plus rare encore.

Au fil des pages, ils se fond de plus en plus dans le décor. Lui qui semblait jeune et plein d’entrain en début d’album à des allures de baroudeur avec sa barbe qui envahit peu à peu son visage et sa tenue qui change de couleur.

Pour mieux nous faire ressentir le temps qui s’étire, l’illustratrice montre sur quatre pages le héros dans la même position, les yeux rivés à ses jumelles, alors qu’autour de lui la nature évolue et que, petit à petit, il change lui-même.

Phases de doutes, de découragement, on subit un petit ascenseur émotionnel.

Et puis le dénouement, qui se passe de mot, intervient au tout dernier moment, in extremis sur la toute dernière double page. On n’ose y croire, et on referme l’album satisfait.

Imprimé en trois couleurs pures, l’orange fluo, le noir et le vert, cet album offre des images saisissantes, qui attirent le regard à coup sûr.

Si je devais exprimer un petit regret concernant cet album, ce serait son titre. Certes il est sobre, parlant et adapté au récit. Mais c’est tout de même le troisième album qui porte ce nom que je chronique sur ce blog, un peu plus d’originalité aurait été bienvenue.