Loup gris et la petite loupiote, Gilles Bizouerne, Ronan Badel, Didier jeunesse, 2025, 13€50
Ah là là, ce Loup Gris, toujours prêt à dispenser ses conseils à qui veut bien l’écouter. C’est vrai qu’il a l’âme d’un mentor. Il a le charisme, il a la confiance en lui il a… Oui, bon, il a surtout la confiance en lui en fait. Il faut avouer qu’il ne manque pas de malice, mais niveau bon sens, il y a encore du boulot.
Quand il voit une petite louve qui tente, en vain, d’attraper un papillon, il s’improvise enseignant, il va tout bien lui apprendre, comment chasser, tout ça.
Certes, en une dizaine d’album, on ne l’a encore jamais vu se mettre une proie sous la dent (à croire qu’il se nourrit de jus de navet) mais ce n’est pas grave. Il a des idées, il va les partager.
Voilà donc Loup Gris et la petite loupiote en chasse, gare à vous les lapins. Le message ne doit pas être très bien passé car justement un lapin le suis à la trace, visiblement plus amusé qu’inquiet.
La loupiote, quant à elle, est plutôt dégourdie, elle ne restera pas longtemps dans son rôle d’apprentie.
Décidément, la collection Loup gris est une valeur sûre. Elle ne cesse de s’étoffer mais garde au fil des épisodes ses qualités. Comme toujours on avale le texte avec gourmandise, on se régale des images qui ajoutent encore à l’humour de l’ensemble, on se désole du sort de ce pauvre loup autant qu’on s’en amuse. La lecture est rapide, le texte nous y incite, mais il faut en général bien vite la recommencer, les enfants en redemandent. Heureusement que nous, adultes, y trouvons aussi notre compte, on n’est jamais trop grand pour savourer un album du duo Gilles Bizouerne et Ronan Badel.
Émile fait sa retraite, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard jeunese, 2024, 6€90
Vous connaissez Émile, le petit garçon atypique au caractère bien trempé ? Il affirme ses désirs avec autorité (parce que c’est comme ça et pas autrement) et noue des amitiés improbables, avec une vieille dame ou avec son voisin, monsieur Ferber, qui cache sa fantaisie derrière un costume et une cravate des plus austères.
Au fil d’une trentaine d’albums, ses petites spécificités se sont précisées. Il a toujours le regard franc tourné vers le lecteur, est généralement en dialogue avec un de ses parents mais on ne le voit jamais et il a des marottes des plus inattendues. Or donc, voilà qu’il décide de faire sa retraite, ce qu’on fait quand on a bien travaillé et qu’on est vieux. Ça tombe bien, Émile a bien travaillé et Émile est vieux, y’a qu’à voir, il porte une barbe. Ça prouve.
Quand vient le pot de départ de monsieur Ferber, tous deux sont ravis de recevoir le magnifique cadeau que l’entreprise a prévu pour eux. Un vélo pour monsieur Ferber et, heu, ben un klaxon pour Émile, qui n’était pas vraiment prévu au programme. Ils ne sont démonstratifs ni l’un ni l’autre mais derrière leur air pince sans rire on devine avec quelle malice ils se jouent des conventions et on envie le sens de la liberté dont ils font preuve.
C’est sans doute ce qui fait le succès de cette série d’ailleurs, Émile est un enfant hors du temps, hors des normes, émancipé des codes sociaux, facétieux sans en avoir l’air. Il est hors normes et pourtant, qu’est-ce qu’on se reconnaît en lui ! Un vrai plaisir à chaque album.
Loup gris et le gang des petits, Gilles Bizouerne, Ronan badel, Didier jeunesse, 2024, 13€50
J’avoue que quand une nouvelle aventure de Loup Gris sort, je ne boude pas mon plaisir. La collection atteint avec ce nouvel opus la dizaine d’albums, et l’auteur Gilles Bizouerne nous régale toujours de nouvelles trouvailles. Dans « loup gris et le gang des petits », notre beautiful loser préféré est aux prises avec une bande de marmots au caractère bien trempé. Et pourtant, il n’a même pas essayé de les croquer ni rien, ce sont eux, les bougres, qui l’agressent ! Faut dire que pour les petiots c’est pas marrant, leurs parents inquiets ne cessent de les entraver : « Reste dans le pré… Ne t’éloigne pas… Reviens vite dans le poulailler », qu’est-ce que c’est casse-pieds ! Alors, cette fois, c’est décidé, ce problème, ils vont le régler, le loup, ils n’en veulent plus du tout.
Loup Gris, bien entendu, ignore tout de leur projet, il est d’ailleurs particulièrement bien luné. Il doit avoir tourné végétarien, je ne vois que cela comme explication à sa bonne humeur, vu le peu de succès qu’il rencontre comme prédateur dans les épisodes précédents. Quoi qu’il en soit, il est pleinement détendu quand il tombe dans le premier des pièges tendu par les loustics. Il s’en tire avec quelques bosses et tente très vite de retrouver sa sérénité. Je pense qu’il a dû prendre des cours de développement personnel ou un truc comme ça, il fait tout bien ses exercices de respiration, mais le pauvre n’est pas au bout de ses peines. Je dois avoir un petit fond sadique, parce que j’adore le voir maltraité alors qu’il a pourtant toute ma sympathie. Je crois que c’est justement ce paradoxe qui fait le succès de la série, on est sans cesse partagé entre notre empathie pour le personnage et nos pulsions cruelles qui nous font savourer ses déboires. Comme toujours c’est très drôle, le rythme vif nous embarque, on apprécie de le lire à voix haute parce qu’il est vraiment écrit pour cela, et les expressions des personnages sont désopilantes.
Comme je l’ai déjà évoqué ici, il y a de nombreux albums jeunesses que j’apprécie et auxquels je ne peux pas consacrer un article. Voilà donc un petit rattrapage de ceux qui sont sortis ces derniers temps.
Le bibliobus, Inga Moore, Pastel
Élan aime raconter des histoires le soir à se famille devant la cheminée. Mais à force, l’imagination vient à lui manquer, alors il se met en quête de livres dans le voisinage. Constant que personne n’en possède, il se rend à la bibliothèque la plus proche et petit à petit, un projet prend forme. Évidemment, l’histoire me parle, et les illustrations sont très sympas.
C’est d’ailleurs un album très remarqué depuis sa sortie.
Un secret, Magdalena, Elsa Oriol, l’étagère du bas Un secret chuchoté à l’oreille, dans un coin de la cour de récré. Il suscite curiosité, envie, regards en coin. Et puis il y a ce morceau de papier froissé, envoyé pendant la classe à la mauvaise personne… L’histoire, bien qu’un peu attendue, sonne juste et est racontée à hauteur d’enfant. Elle est illustrée pas des peintures absolument magnifiques, qui transmettent parfaitement des émotions des personnages.
Quand Jules se réveille, pour une fois, la nuit n’est pas tout à fait finie. Il profite de la maison vide, alors que ses parents et sa sœur dorment encore. Mais une lumière dehors attire son attention, et le voilà qui sort. Une aventure solitaire dans la ville, avec un soupçon de peur, un zeste d’entraide et un petit sentiment de liberté bien appréciable.
Bon voyage, Gouzi Lapin! Mo Willems, kaléidoscope La suite de Guili lapin et L’autre guili lapin. Cette fois ci la petite Trixie fait un grand voyage, elle se rend avec ses parents aux pays-Bas. Mais, drame, elle oublie son lapin chéri dans l’avion. Serait-ce le moment de dire adieu à la fameuse peluche? C’est un plaisir de retrouver Trixie et sa famille, avec toujours l’humour de l’auteur qui s’exprime autant dans le texte que dans l’image. Mais j’avoue avoir du mal à me faire au changement de nom du doudou. (les deux autres opus sont réédités sous le nom de gouzi lapin)
3 poissons, Rascal, Pastel Dans le bassin, chacun a son petit territoire. Mais le poisson rouge est le mieux doté: son espace est celui où il y a le plus de ver. Et pas question pour lui de partager. Quand leur bassin se fissure et qu’ils sont tous transférés dans un seau, où la nourriture ne manque pas, ils apprennent à vivre ensemble. Une petite histoire qui fait réfléchir, servie par les illustrations épurées qu’on avait déjà pu voir sous la plume de cet illustrateur ici ou là.
L’enfant renard Laure Van der Haeghen, HongFei.
Dans la maison, à l’orée de la forêt, vivent une mère humaine et son fils renard. Alors qu’elle est heureuse de vivre dans une maison, lui aspire à la liberté de la vie en extérieur, au point qu’il finit par la quitter. Elle-même, autrefois, était une renarde, elle comprend les besoins de son fils et le laisse donc partir, le cœur serré. Une nuit, trempé et affamé, il revient, juste pour un moment… Cette très belle histoire, magnifiquement illustrée, aborde symboliquement le désir de grandir, de liberté et celui de confort, la distance qu’il peut y avoir entre une mère et son enfant, qui n’est pas fixe, le respect des besoins de l’autre. C’est une histoire très forte, qui ne laisse personne indifférent.
Loup gris et louvette, Gilles Bizouerne, Ronan Badel, Didier jeunesse.
Nous retrouvons Loup gris, l’anti-héro dont on aime tant se moquer. Nous savions déjà qu’il n’était pas bon chasseur, nous découvrons, sans surprise, qu’il est également un piètre séducteur. Pourtant le pauvre n’économise pas sa peine, mais Louvette reste pour le moins distante, voire moqueuse… Un album tout aussi réjouissant que le reste de la série.
Un nouveau titre est attendu dans les semaines à venir.
Nina, l’histoire de Nina Simone, Traci N. Todd, Christian Robinson, Didier jeunesse.
Entre une mère pasteure qui lui fredonne sans cesse les chants de l’église et son père qui lui fait écouter des morceaux de jazz en secret, la petite Eunice Kathleen Waymon grandit entourée de chansons. Et très tôt, elle montre qu’elle possède un don particulier pour la musique. La vie de celle qui deviendra la grande Nina Simone est intimement mêlée à celle de son pays et des lutes pour les droits des personnes noires américaines. Ce très bel album met ce récit à la portée des enfants à partir de 6 ans.
L’été de Chnourka, Gaya Wisniewski, MeMo.
Nous retrouvons ici la bande d’amis rencontrés dans Chnourka, le temps de la belle saison. Lors d’une promenade, ils rencontrent Justin l’accueillent parmi eux. Les liens se créent, chacun a quelque chose à apporter à l’autre. Mais Justin ne fait que passer…
Un album assez long, dans lequel on s’installe, qui arrive parfaitement à rendre la complexité des sentiments. Les illustrations sont absolument irrésistibles.
Mon ami, Pog, David B. Draper, Mijade.
Il y a beaucoup de monde dans la famille lapin. Et peu de place pour inviter un ami. Petit lapin insiste tant et tant que ses parents finissent par céder. Mais quand ils voient arriver un ami avec une longue queue en panache qui dépasse de ses vêtements et surtout deux petites canines saillantes, ils sont terrifiés. Quelle idée pour un lapin de se lier d’amitié avec un renard! Ils sont furieux. Parfois il faut vraiment connaitre les gens, pour aller au delà des préjugés.
Comment ça va? Édouard Manceau, Bayard
Un petit cartonné aux angles arrondis, avec une petite bouille ronde face à nous qui répond à la question posée en titre. Le fond noir met en valeur ses expressions, très lisibles. Car c’est bien là le propos de l’album, montrer le panel des émotions que peuvent ressentir les enfants dans un livre miroir. Rien de révolutionnaire donc, mais un traitement simple et adapté d’un des sujets chouchous des professionnels de l’enfance et des parents en ce moment.
La vie bercée Hélène Dorion, Janice Nadeau, les 400 coups
Un récit de vie et des moments clés qui font l’enfance et qui forment l’adulte de demain. Les douceurs et les chagrins, les relations avec les autres sont explorées par un texte très poétique (peut-être un tout petit peu trop à mes yeux) qui déroule le temps jusqu’à l’âge adulte. Les illustrations sont sublimes, toutes en légèreté, elles jouent sur des effets de transparence comme pour montrer l’intériorité des personnages.
Granita, Magali Clavet, l’étagère du bas
Granita est une jeune pomme qui aspire à échapper à son destin. Finir en tarte ou en chausson, très peu pour elle. Elle quitte son pommier et décide de découvrir la vaste monde. Elle fait un beau voyage et d’étonnantes rencontres, et quand elle revient vers son pommier d’autres pommes n’attendent qu’elle pour se faire la malle à leur tour.
C’est frais, loufoque et plein d’énergie. On se prend de sympathie pour cet petit personnage tout en rondeur et plein de joie de vivre.
Bibi Jo Weaver, kaléidoscope
Chez les flamands roses, Bibi est très respectée. Son grand âge lui donne de nombreuses connaissances, on compte sur ses conseils pour élever les petits, trouver l’endroit où s’installer. Et quand il faut migrer pour trouver de l’eau, elle seule connaît le chemin à pied accessible aux plus jeunes. Au terme du voyage elle est particulièrement épuisée, et c’est à son tour d’être aidée et soutenue par le groupe.
Comme elles sont belles les images pleines pages de Jo Weavers (que vous pouvez voir aussi dans de nombreux albums, toujours autour d’un animal, dont celui sur une baleine). Et comme elle est tendre et juste cette histoire. Un petit bijou.
Oscar et Albert, Chris Naylor-Ballesteros, Kaleidoscope
Oscar, un renard (c’est rusé les renards, tout le monde le sait) et Albert, un ours (c’est souvent un peu benêt un ours, en tout cas dans la littérature enfantine) sont amis. Ils aiment jouer à cache-cache.
Mais Albert n’est pas très fort à ce jeu, et ça le chagrine de toujours être trouvé. Ce n’est pas de sa faute, il n’a jamais assez de temps pour se cacher. Ok, Oscar décide de lui laisser une chance, cette fois, il ne compter pas jusqu’à dix mais jusqu’à cent. Albert file et trouve une belle cachette mais le pauvre laisse un indice derrière lui… Un album très sympa, avec des personnages si expressifs, une jolie leçon d’amitié et… Une chute en deux temps très amusante.
Depuis que j’ai publié ceux pour les enfants de crèche, on me demande régulièrement de faire un top 20 des albums à avoir en maternelle. Si dans ma pratique professionnelle, au sein de l’association LIRE, je lis énormément aux moins de trois ans, il m’arrive aussi régulièrement de travailler auprès d’enfants plus grands.
Voilà donc mon top 20 des albums à avoir en maternelle, bien entendu n’hésitez pas à compléter en commentaire avec vos propres coups de cœur.
Je n’ai pas souhaité les classer par âge, il y a une trop grande différence entre des enfants très habitués aux livres (ceux qui, dès 2 ans et demi peuvent écouter sans se lasser des albums longs comme « Max et les maximonstres » par exemple) et ceux qui découvrent la littérature enfantine à l’entrée en maternelle (et pour ceux-là il faudra peut-être attendre la grande section de maternelle pour qu’ils prennent plaisir à écouter l’album de Sendak en entier).
J’ai donc choisi quatre catégories qui me semblent importantes à avoir dans une classe. Bien sûr, j’écris de là où je me trouve. C’est à dire que je ne suis pas enseignante et que ma préoccupation première est l’accès à la lecture plaisir, plus que les apprentissages. Les albums qui vont soutenir les apprentissages formels (dénombrer, acquérir du vocabulaire, les couleurs, que sais-je) ne sont donc pas les plus représentés. Mais, les professeurs des écoles le savent bien, la lecture gratuite, sans récupération pédagogique, a aussi toute sa place à l’école.
La suite du classique « préférerais-tu », qui repose sur la même idée, une succession de propositions absurdes et inacceptables pour les enfants. Une formidable occasion d’avoir avec eux des discussions tout à fait loufoques et pleines de surprises!
Quand le roi marrie son unique fils, il souhaite pour lui le meilleur parti.Toutes les vaches des environs sont donc invitées pour que le jeune taureau puisse faire son choix… Qui sera des plus inattendus. Une histoire en randonnée hilarante comme sait si bien le faire Christian Voltz. (utile aussi pour luter contre certaines discriminations)
Une petite fille seule dans la forêt à la tombée de la nuit, voilà qui peut sembler imprudent. les prédateurs s’accumulent à ses côtés, pourtant elle n’a pas l’air bien inquiète… Plein de références aux contes pour enfants et un humour qui se manifeste autant dans le texte (un régal à lire à voix haute) que dans l’image (pleine de détails savoureux)
La piscine magique, Carl Norac, Clothilde Delacroix, Didier jeunesse 12 €50
Une blague de cour de récré, habilement mise en image, avec son lot de mots irrévérencieux qui feront le délice des mouflets.
Loup gris se déguise, Gilles Bizouerne, Ronan Badel, Didier Jeunesse 12€90
Vous avez remarqué que les loups sont de moins moins représentés comme de terribles prédateurs dans la littérature enfantine ?
On les voit de plus en plus gentils ou complétements benêts.
Le loup gris en est le parfait exemple.
Plus bête que méchant, il inspire tour à tour pitié et compassion. Mais ce qu’on aime le plus avec ce loup, il faut l’avouer, c’est rire a ses dépends.
Comme il est stupide, forcément, il est affamé. Ben oui, personne ne se laisse attraper, en plus, maigrelet comme il est, il ne doit même pas courir bien vite.
Alors il a une idée: plutôt que de chasser comme à son habitude, il va s’inspirer du crocodile, qui se fait passer pour une branche morte pour croquer ses proies.
Voilà donc loup gris qui se déguise pour se faire passer pour un arbre, fastoche! Un peu de résine pour que ça colle, des feuilles mortes et le tour est joué.
Déjà, le ridicule de la situation n’échappe pas aux jeunes lecteurs, ils s’amusent de la naïveté du loup.
Quand une hirondelle arrive, on se rend tout de suite compte qu’elle ne va pas se laisser berner, vu qu’elle mentionne d’entrée de jeu que cet « arbre » a poussé bien vite. Non seulement elle reconnait le loup mais elle le punit d’une fiente bien placée, paf, en plein sur le museau.
Le loup va ensuite tenter de se faire passer pour un mouton, puis pour… Une carotte, si, si, et il y croit en plus l’andouille.
Chaque tentative le laisse en piteux état, affamé et déprimé. Il en est là quand il rencontre… Hum, ça à l’air d’être une louve, un peu trop gentille pour être vraie…
Décidément, notre pauvre héro se fera avoir jusqu’au bout!
La série du loup gris fonctionne toujours un peu sur les même ressorts, qui ont depuis longtemps fait leurs preuves. Les auteurs instaurent une complicité avec lé lecteur, en lui donnant des indices (dans le texte et l’image) qui lui permettent de beaucoup mieux maitriser la situation que le loup.
Comme toujours dans les albums de Gilles Bizouerne, le texte est très agréable à lire à voix haute, comme toujours avec Ronan Badel, les images sont pleines de détails qui ajoutent au plaisir.
Dans cette série, tous les albums sont chouettes mais ce que les enfants préfère c’est les lire tous, d’affilée, ils sont alors encore plus savoureux.
Groléfant et Tit’souris, histoires de bêtes, Pierre Delye, Ronan Badel, Didier Jeunesse, 13€10
Est-il nécessaire de se ressembler pour être amis? Où simplement d’avoir le sentiment qu’on est pareils?
Quand Tit’souris rencontre Groléfant, elle ne voit que leurs points communs : couleur, nombre de pattes, présence d’une queue, pas de doute, ils sont faits pour s’entendre !
Et, de fait, dans la relation amicale qui se tisse au fil des pages, ils ne cessent de se percevoir comme semblables.
Le ressort comique récurant dans les différentes saynètes reposera sur la différence de taille entre les personnages, qu’ils n’ont de cesse de nier. Quand ils marchent sous un soleil de plomb, Tit’souris propose à Groléfan de lui faire de l’ombre. Quand ce dernier se baigne, elle le soupçonne de lui avoir piqué son maillot de bain.
Ainsi ils cheminent et découvrent le monde, avec une certaine naïveté qui contribue à les rendre très attachants. Toujours complices, ils se chamaillent parfois mais jamais pour très longtemps. La plupart du temps, ils prennent soin l’un de l’autre.
Sous couvert d’humour, c’est aussi une réflexion sur ce qui nous réuni et qui nous différencie. Des petits moments de tendresses et des grandes questions se succèdent.
Les saynètes s’enchainent, dans une forme proche de la bande-dessinée, avec un humour à la fois textuel et visuel. Le sens du dialogue de Pierre Delye et le trait vif et expressif de Ronan Badel se marient parfaitement.
Oumpapoose cherche la bagarre Françoise de Guilbert, Ronan Badel Editions T. Magnier 12,50€
isbn: 978-2-36474-226-0
Dans la pleine du far west, alors que les indiens dorment dans leur tipis, les petits poings d’Oumpapoose s’agitent. Il rêve de coups de poing et de coups de pied. Dès le lever, il se met en quête d’un adversaire à sa mesure. Mais ses frères partent chasser le bison, ours rugissant semble en hibernation et il ne sert à rien d’attaquer le fort, la cavalerie à déserté.
Il y a bien cette petite squaw qui semble disposée à en découdre mais non, non, non, pas question de se battre avec une fille!
Comme dans l’épisode précédent, l’humour naît du décalage entre le sérieux de la situation pour le personnage et l’indifférence générale à la quelle il se heurte. Alors que le texte se place du coté d’Oumpapoose, l’image le tourne sans cesse en dérision.
Un livre très drôle à partager avec des enfants qui se régaleront à décrypter l’image, dans une connivence avec l’auteur, et à rire de ce pauvre Oumpapoose.
On se prend à espérer que ces deux albums seront suivi de beaucoup d’autre, il y a bien des personnages secondaires qui seraient de parfaits héros décalés pour de prochaines histoires.
Edit: C’est désormais chose faite, avec l’album Les sœurs ramdam.
Billy le mômeFrançoise de Guilbert, Ronan Badel éditions Thierry Magnier
Dans un paysage du far west, Billy le môme traverse la page à toute vitesse. Il est pressé. Serpents, vautours, indiens sur le sentier de guerre, rien ne saurait arrêter sa chevauchée. Pas même ce petit indien furieux, qui semble impatient d’en découdre, Billy l’ignore totalement, il a mieux à faire. La bande de Cassidy fait du grabuge mais aujourd’hui, Billy laisse ça au shérif.
Mais où donc Billy le môme se rend-il ainsi?
L’iconographie et le vocabulaire typique des westerns associée à une mise en page proche du cadrage cinématographique contrastent avec l’image du héros. Le petit Billy à un chapeau qui lui tombe sur les
yeux et un air très enfantin. Ce contraste, qui dès le début prête à rire, va en s’accentuant jusqu’à la chute. Le soleil se couche sur la pleine, Billy, cow boy solitaire, s’éloigne au grand galop. Je vous laisse découvrir vous même vers quoi il court.
En toute fin d’album un petit épilogue fait un clin d’œil au livre suivant des même auteurs, « Oumpapoose cherche la bagarre », dont je parle ici et que vous pouvez aussi retrouver dans le tiroir à histoire.