Ce n’est pas par hasard que les ours sont si présents dans la littérature enfantine.
Un ours, c’est chaud doudou, c’est rassurant, c’est le teddy de notre enfance, mais c’est aussi gros, impressionnant, le prédateur des cauchemars de notre enfance. C’est puissant, ça attire et ça fait peur. Bref, c’est intéressant. Pour les enfants et pour les auteurs.
Ici, Corine Dreyfuss, pour jouer sur cette ambiguïté nous présente Pouf par ses attributs. Grosses pattes. Gros ventre. Énorme gueule pourvue de très grandes dents. Et surtout, gros, très très gros cri. Du genre à se répercuter dans les montagnes au point d’effrayer les enfants qui s’apprêtent à se coucher.
Le tout contrastant avec des images toutes en rondeur qui le présentent plus ridicule que terrifiant (il y a un petit quelque chose de Grand monstre vert dans ce décalage)
Très rapidement les enfants identifient qu’il s’agit bien d’un ours, bien avant que le texte ne le mentionne. Ils sont contents, ça leur fait quelques points d’avances, d’avoir compris ce qui n’est pas dit. Pouvoir pointer l’image du doigt en affirmant: « moi je sais qui c’est, c’est un ours! » c’est déjà maîtriser un peu l’histoire, en être acteur, contrôler sa peur.
L’album créé la surprise et use du retournement de situation, pour finalement accompagner en douceur les bambins vers le sommeil.
Et s’il m’est arrivé de bailler à m’en décrocher la mâchoire en lisant ce livre, ce n’est certainement pas par ennuie. D’ailleurs, je vous mets au défit de ne pas en faire autant.
Comment fabriquer son grand frère un livre d’anatomie et de bricolage, Anaïs Vaugelade, école des loisirs 19€80
Il y a plusieurs années, j’ai eu la chance de rencontrer Anaïs Vaugelade sur un salon. Elle a dédicacé Le matelas magique à ma mouflette et on a échangé quelques mots. Ma mouflette lui a dit qu’elle attendait avec impatience un nouvel album de Zuza, « son personnage le plus préféré du monde entier ». A l’époque, Anaïs nous avait répondu qu’il n’y en aurait probablement pas d’autre. Grosse déception, mais heureusement, il y avait les Quichons pour nous consoler.
Alors vous imaginez ma joie quand j’ai vu un nouvel album avec pour héroïne l’impertinente fillette au catalogue de l’école des loisirs. J’ai immédiatement montré ça à ma mouflette. Les yeux gourmands, elle a regardé le catalogue « chouette, enfin ». Si, du haut de ses dix ans, elle s’attarde moins aujourd’hui sur les albums que sur les romans, elle était tout de même bien contente de retrouver cette petite madeleine de sa petite enfance.
Elle s’attendait certainement à retrouver les ingrédients qui ont fait le succès de ce personnage auprès des enfants: Des histoires à la fois loufoques et très proches de la pensée des enfants, une héroïne au caractère bien trempé, indépendante au possible, qui mène ses aventures joyeusement entourée de ses jouets.
Et, effectivement, je crois qu’Anaïs à mis tous ces ingrédients dans sa tambouille. Mais je crois que quand elle cuisine une histoire, elle ne suit pas de recette. Ce qui fait que ça à toujours un goût différent.
Zuza, donc, se demande comment fabriquer son grand frère. Parce que voyez-vous, une petite sœur, c’est nul. Et que Zuza, quand elle veut un truc, ben elle le fait, c’est quand même plus chouette que d’attendre que quelqu’un d’autre lui donne.
Son crocodile, je me suis toujours demandé si c’était un doudou ou une manifestation de sa conscience. Ma fille m’a expliqué que j’avais tout faux, ce n’est certainement pas une peluche, encore moins un ami imaginaire, c’est juste son crocodile qui l’aide et la conseille (et lui souffle la réponse en classe quand elle est interrogée par la maîtresse)
En tout cas, dans cet album, il apporte les précisions techniques grâce à l’encyclopédie Crocodilis, sorte de manuel du castor junior en plus mieux encore.
Voilà donc toute la bande occupée à couper du bois pour faire les os, des élastiques pour les muscles, des câbles pour les nerfs. Il faudra encore fabriquer une langue, des oreilles, de la peau etc.
Ce n’est ni vraiment une histoire ni un documentaire, nous avons affaire à un genre nouveau, hybride, qui mêle des explications justes et précises et une histoire improbable à laquelle on adhère pourtant totalement.
Il parait qu’il a fallu deux ans à Anaïs Vaugelade pour faire ce livre. Ça n’est guère étonnant. Il faut aussi beaucoup de temps pour le lire dans le détail et plus encore pour l’assimiler. Ma mouflette s’y est régalée pendant plusieurs heures. Ma cadette l’a écouté par morceaux, ce qu’elle préfère c’est picorer dedans. On ne lit que le texte en bas de page pour voir Zuza fabriquer son grand frère. Ou uniquement les vignettes, façon BD, du crocodile qui fait des expériences scientifiques avec les jouets dans la pièce d’à côté.
Et bien sûr, elle est très sensible à la fin de l’histoire, qui réhabilite Marianna, la « vraie » petite sœur de Zuza, en faisant d’elle l’élément magique qui donne vie au grand frère.
Cet album est une fête. Un feu d’artifice de bonne humeur et de connaissances.
On me demande régulièrement en formation s’il faut remplacer les mots compliqués dans les albums pour les plus jeunes. Cette question m’a toujours un peu étonnée, comment peuvent-ils apprendre à parler si on les limite aux mots qu’ils connaissent déjà (donc, aucun pour les bébés)? Quand j’explique que surtout pas, au contraire, les enfants ont un grand plaisir à découvrir de nouveaux mots on me rétorque parfois que c’est désagréable de ne pas accéder au sens. Peut être. Pour les adultes. Les enfants, eux, sont sans cesse entourés de mots qu’ils ne connaissent pas, ils passent leur temps à faire des hypothèses en fonction du contexte et ils sont experts pour s’aider de l’image pour comprendre.
Nous, adultes, on a plus de mal à lâcher prise et à se laisser porter par un livre. On en fait l’expérience quand on a Koi ke bzzz? entre les mains pour la première fois. On fronce les sourcils et on essaye de comprendre.
On est agréablement surpris de découvrir qu’on comprend finalement très bien. C’est alors qu’on a envie de proposer cet album à un enfant.
Prenez un bambin de taille moyenne, consentant, et proposez lui de lui lire « ce drôle d’album ». Vous verrez qu’en moins de deux, il deviendra bilingue français/insecte, nul besoin de rajouter des sous-titres.
C’est donc l’histoire, toute en langue d’insecte, de Gluicky et ses amis, perplexes devant une petite pousse. Coccinelle, scarabée et Hanneton s’activent, sur la page de droite, autour de la plante qui grandit à vue d’œil. A l’aide d’une echonk ils y construisent unk forz. Mais sur la page de gauche, en apparence plus calme, apparaît soudain une menaçante voobeck. Elle peut faire un peu peur aux enfants, avec ses 8 yeux rouges mais ils sont généralement plus impressionnés par l’énorme oiseau qui vient s’en régaler.
La petite vie se poursuit dans le jardin et une belle turlitiboot pousse au sommet de la plante, avant qu’elle ne finisse par faner, naturellement.
Vous aurez compris que l’on assiste au déroulement des saisons à hauteur d’insecte. Au fil des lectures, on se familiarise avec la langue de l’album (au point que certains mots sont rentrés dans le vocabulaire familial chez moi) et on savoure de plus en plus le langage de l’image. On comprend que la chenille qui nous salue en début d’album disparaît ensuite dans le cocon et que c’est elle qui deviendra le magnifique papillon. On s’amuse à suivre le lent déplacement de la limace, on admire la grâce des sauterelles.
Format rectangle proche de celui d’un roman, coins arrondis, pages cartonnées et verni sur certains éléments de la couverture, on commence à identifier cette série d’albums chez Thierry Magnier, dans la-quelle les titres Panda et Pomme pomme pomme avaient déjà retenu mon attention.
Dans l’imagier mouillé aussi il y a peu de texte, un graphisme impeccable et un livre qui peut être lu dès le plus jeune âge.
A l’intérieur, comme sur la couverture, des images très lisibles et contrastées que les bébés auront plaisir à toucher, gratter, lécher même, pour peu qu’on les laisse faire.
Comme le litre l’indique, il s’agit d’un imagier thématique: un mot par page, une représentation de ce mot, emballé c’est pesé. Mais heureusement, les auteurs ont bien compris que même dans un imagier on peut toujours raconter des histoires aux enfants, on peut toujours leur donner à voir des images qui racontent plus qu’elles n’illustrent.
Ainsi, autour du thème de l’eau nous avons ici la goutte, présentée toute petite en haut de la page, au-dessus d’un escargot sur une salade, puis la rosée, multitude de gouttelettes sur une toile d’araignée etc.
Autant que les images elles-même, c’est parfois leur succession qui se fait narratrice, quand par exemple on voit un pingouin faire du toboggan sur un iceberg pour illustrer les mots « Glisser » puis « éclabousser ».
Ici, l’image et le texte se répondent, comme à la page où « Lac » fait face à « flaque ». Faisant échos à l’allitération du texte, la même forme se retrouve représentant les deux étendues d’eau, la différence de perception tenant à l’échelle à la-quelle la forme est représentée.
Voilà donc un album à la fois très accessible garce à son apparente simplicité et dont la richesse peut faire cogiter les bambins qui, comme chacun sait, ne demandent qu’à réfléchir.
La grande inconnue, Pog, Maurèen Poignonec, Maison Eliza
Ça doit être drôlement agréable d’avoir une maison en lisière de la forêt. Une maison dont le jardin n’a pas de limite autre que les arbres qui l’entourent, la mer et les herbes folles.
D’ailleurs la fillette qui habite là en est très satisfaite. Elle passe du jardin, son territoire, à la forêt, celui des animaux, sans même y penser. Cette proximité semble convenir à tous, d’ailleurs l’image montre lapins, oiseaux et autre écureuils se promener librement sur la page.
Mais un jour, à la télévision, « ils » ont préconisé de se barricader « parce que chez nous c’est chez nous et qu’il faut faire attention sinon un jour… »
Évidemment, quand ce jour arrive, les barrières n’y changent rien. La Grande Inconnue est là et elle ne ressemble à aucun autre animal de la forêt. Plus jaune que les poussins, plus poilue que les chats, elle est surtout plus grande que tous les autres. A part ça, elle est plutôt sympathique et prend le thé en compagnie de la fillette avec beaucoup de courtoisie.
Mais qu’importe sa politesse. Elle est désignée comme « un problème ». Et puis, disons le, elle n’est pas pareille. Au point qu’à l’école, confrontée au regard des autres, la fillette à honte de sa compagnie. Alors elle la chasse sans ménagement.
Bien sûr, le sujet de cet album est grave et sérieux. Mais les images sont d’une telle douceur qu’elles mettent une ambiance sereine. Les enfants qui écoutent ce livre sont sensibles à cette grande inconnue qui parvient (avec peine) à se dissimuler dans l’image pour échapper au regard des autres. Ils compatissent spontanément à cette étrange bestiole qui semble bien inoffensive. Et ils trouvent qu’il n’y a rien de plus naturel que de finir par l’accepter. Les enfants le savent, eux, que la solution n’est jamais dans les murs.
Dans un jardin d’hiver, sous une grande verrière, une vieille dame prend soin des plantes et des animaux qui l’entourent. Il y a le chat, qui dort à ses pieds, les insectes qu’on devine dans les fleurs, les oiseaux qui viennent se reposer.
Et puis, il y a le cocon. Quand il s’ouvre, on n’assiste pas à la naissance d’un papillon comme on s’y attendait mais à celle d’une petite fée, délicate et charmante, avec ses joues roses et ses ailes de moucheron.
Elle découvre ce monde avec toute la délicatesse et la douceur qu’on peut attendre d’une fée.
Et elle y croise deux enfants, qu’on a déjà aperçu dans l’image sans qu’ils ne soient jamais mentionnés par le texte.
J’avoue que l’histoire m’a laissée un peu perplexe, je me suis demandée où l’auteur voulait en venir, ça ne raconte pas grand chose de plus que cette étonnante naissance.
Mais les illustrations de Maurèen Poignonec font toujours mouche avec moi, je suis sous le charme à chaque fois que je découvre un de ses livres.
Ouvrir cet album, c’est respirer une grande bouffée de nature. La fraîcheur et la délicatesse des illustrations dans lesquelles le blanc domine, les nuances de vert des plantes et les touches de couleurs des fleurs attirent l’œil. Les personnages sont tous tendres, expressifs et attachants au premier regard. Je suis particulièrement sensible aux cheveux en bataille de la vieille dame et à la petite bouille des chats qui se promènent dans l’album.
Un livre qui m’a été offert par Sophie, et qu’elle a chroniqué ici.
Les crayons rentrent à la maison Drew Daywalt, Oliver Jeffers, Kaléidoscope
Vous vous souvenez de Rébellion chez les crayons, cet album épistolaire dans lequel les crayons de Duncan se plaignaient de leur sort? On avait compatit, n’est ce pas, en lisant leurs mésaventures? Hé bien figurez vous qu’il y a pire encore. Certains crayons sont carrément délaissés par le jeune garçon. Oui, je sais, c’est cruel.
Et dire que Duncan ne s’en rend même pas compte!
Alors, une fois de plus, ils prennent la plume (façon de parler, c’est des crayons quand même) et font savoir à leur jeune propriétaire quel sort a été le leur. Oui, les crayons rentrent à la maison, mais avec moult péripéties.
Cassés en deux, oubliés sous la chaleur du soleil, mangés (puis régurgités) par un chien, chacun a son histoire à raconter.
Mais Duncan n’est pas un mauvais bougre, il a à cœur de prendre soin de ses pastels.
Si ce livre se suffit tout à fait à lui même, il se savoure encore mieux quand on a lu le précédent, auquel il fait quelques allusions. Cette fois le récit est un peu plus complexe que dans le premier album. Certains crayons envoient plusieurs cartes postales, créant ainsi des histoires dans l’histoire. On s’amuse ainsi de l’aventure de « Crayon vert pomme », qui a décidé de changer de nom pour devenir « Esteban le magnifique » et qui décide de conquérir le monde. Ou encore celle de « Rouge Fluo », oublié pendant des vacances et qui rentre à pied. Au fond, je vous le dis, les crayons sont de grands enfants. Ils en ont la naïveté et le franc parler. On se prend immédiatement d’attachement pour eux, même s’ils peuvent parfois être un peu agaçants.
Petit Singe aimerait vraiment profiter d’un moment de calme. Mais, où qu’il aille, il se retrouve immanquablement envahit par la foule. Tranquille sur un lac, dans les bains publics, au restaurant, à peine installé le voilà en compagnie de tous les animaux des environs.
L’album présente donc une alternance de doubles pages où le même décor est montré d’abord presque vide puis plein d’une joyeuse bande d’animaux, sympathiques mais envahissants.
Le texte, minimaliste, reprend cette alternance avec la répétition de la phrase « Oh! Il y a du monde! ».
Les enfants ont parfois bien du mal à reconnaître qu’il s’agit du même endroit tant le foisonnement d’animaux recouvre la page.
Ils s’amusent à imaginer l’histoire de chacun d’eux. Constatent que l’éléphant est manifestement trop lourd pour monter sur un toit mais qu’il se régale dans l’eau. Qu’on trouve des oiseaux de différentes sortes dans tous les milieux. Que les pandas aiment se promener en famille.
C’est cette attention portée à l’image qui leur permet de repérer, au fil des lectures, le petit caméléon, seul animal à tenir compagnie à Petit Singe dans ses moments de solitude . On le devine, presque transparent, sur les pages paires (oui, oui, regardez bien sur l’image du lac, en cliquant dessus vous pourrez le repérer). Il n’a pas bougé sur les pages impaires, mais, bien qu’il soit alors dessiné au trait, on a parfois du mal à le repérer dans tout ce bazar (alors, vous le voyez, à la même place sur la 2eme image?)
Entre histoire et livre jeu, cet album permet aux enfants d’aiguiser leur sens de l’observation. Jeu dans le quel ils se montrent généralement bien plus performants que nous autres adultes.
Le gâteau perché tout là haut, Susanne Straßer, Tourbillon 13€
D’abord, le décor. Sur la page de droite, une maison, toute en hauteur, une fenêtre ouverte et sur son rebord, un gâteau. Et une cerise sur le gâteau. La page de droite est presque vide, mais l’œil du lecteur est attiré par le petit oiseau, posé sur le fil électrique, juste à la hauteur de la fenêtre. L’ours arrive, il aimerait bien goûter l’appétissante pâtisserie, mais elle est bien trop haute pour lui. Arrive le cochon qui, HOP, monte sur la tête de l’ours. Suivent le chien, le lapin, la poule et enfin la grenouille.
Mais même empilés les uns sur les autres, impossible d’atteindre le gâteau perché tout là haut, et l’ours tout en bas de la pyramide, montre des signes de faiblesse. On retrouve la structure en randonnée par accumulation dans le texte et dans l’image. L’entassement des animaux d’abord joyeux devient vite précaire, leurs expressions traduisent un certain dépit. Inévitablement, la chute survient. Celle du livre, bien sûr, qui est sympathique et réconfortante, mais aussi celle des personnages. Et l’oiseau, au fait? Il ne sera pas en reste.
Un bel album à proposer aux plus petits, avec une structure très simple mais qui laisse une place à la lecture de l’image. Et, cerise, sur le gâteau, les onomatopées qui reprennent les bruits de chaque animal font la joie des enfants. Avec son unité de lieu, j’imagine très bien cet album adapté en raconte tapis (si quelqu’un se lance dans sa réalisation, n’hésitez pas à m’envoyer des photos, je me ferais un plaisir de les publier 😉 )
Le parfum des feuilles de thé, Ingrid Chabbert, Célia Chauffrey, De la Martinière jeunesse
Ouvrir un livre écrit par Ingrid Chabbert, c’est accepter de se laisser surprendre. Elle est loin d’être confinée dans un style, elle touche à tout (y compris la bande dessinée). Je découvre petit à petit ses différents albums et, ma foi, j’apprécie.
Ici, elle explore le conte. Et elle nous transporte au Tibet « Il y a bien longtemps », comme il se doit.
Là, au milieu des plaines, dans une petite maison, vivent une mère et sa fille. Pour subsister, elles vendent au marché les vêtements qu’elles ont cousu. Mais là n’est pas leur occupation principale. Chaque jour, Yi Jie, la mère, apprend à Jia, l’enfant, l’art de cueillir les feuilles odorantes de la nature environnante.
Avec leurs longs cheveux noirs et leur usage des plantes médicinales, elles sont un peu sorcières. D’ailleurs, ce n’est pas par choix qu’elles vivent recluses, elles ont été chassées du village, accusées de
souiller l’eau pure et sacrée avec leurs feuilles.
J’ai une grande tendresse pour les sorcières. Je crois que les femmes qui ont été pourchassées pour sorcellerie n’étaient en réalité que des femmes trop indépendantes. Jia d’ailleurs, se passe très bien de la compagnie des hommes. Même après la mort de sa mère. Elle n’a besoin de personne pour prendre soin d’elle, accompagnée par le parfum des feuilles de thé.
Et puis un jour, elle découvre dans le bois le jeune empereur inconscient, blessé à la tête. Elle va le sauver d’une mort certaine, à l’aide des mêmes plantes qui l’ont jadis fait bannir du village. Avec l’indépendance qui la caractérise depuis le début de l’histoire, elle ne va pas tomber amoureuse de lui au premier coup d’œil. C’est petit à petit qu’ils vont prendre le temps de se découvrir.
Les images de Célia Chauffrey qui accompagnent le texte sont magnifiques, légères, poétiques et d’une grande précision. La nature y est montrée colorée, douce et riche. On peut les apprécier à leur juste valeur grâce au grand format de l’album.
Un album à savourer accompagné d’une tasse de thé, bien sûr.