Un paysage se déploie sur la page en format à l’italienne. Des collines, des routes, des immeubles. Et, tout à gauche, une petite maison au toit rouge, celle de Lola.
A l’opposé, en bout de route, une petite maison s’accroche à la montagne. C’est celle de la mamie de Lola.
Entre les deux, circulent des voitures et un train. Le décor est posé.
Chez elle, Lola pense à sa mamie. Elle à une soudaine envie de la voir. Alors elle file. Hop, la voilà à l’arrêt de bus, c’est à peine si elle prend le temps de saluer sa mère, qui lui fait signe du pas de la porte, elle ignore même le chat qui la regarde passer.
Mais au même moment, Mamie décide de rendre une visite impromptue à sa petite fille. Pas de cane pour la vieille dame, c’est en courant qu’elle s’élance sur le chemin. Sur le pas de la porte, un homme, son mari sans doute, lui fais signe. La voilà partie sous le regard de la chèvre.
L’une saute dans un bus, l’autre dans le train. L’une passe sous le pont, l’autre dessus et… Forcément, elles se ratent!
Plusieurs allers-retours auront ainsi lieu, avant que Lola et Mamie ne soient enfin réunies, sous le pommier qui borde la route.
Le comique de répétition fonctionne à merveille, à chaque rendez-vous manqué les personnages secondaires (qui ne sont d’ailleurs jamais mentionnés dans le texte) réagissent plus vivement: papi renverse un sceau d’eau, la chèvre et le chat sursautent, maman lève les yeux au ciel.
Il y a aussi tout un tas de petits animaux plus ou moins dissimulés dans l’image, que je vous laisse découvrir.
Taro Gomi utilise des images cadrées pour montrer la simultanéité des actions, quand Lola et sa mamie se ratent et la double page quand elles se croisent sans le savoir. C’est finalement pile à la charnière de la page qu’elles vont se tomber dans les bras l’une de l’autre.
J’aime la simplicité de l’histoire, la variété des moyens de transports, la joie de vivre des protagonistes. Un bon petit album.
Parfois je me sens, Anthony Browne, kaléidoscope 9€90
L’éditeur Kaléidoscope réédite, en version cartonnée, trois albums d’Anthony Browne, qui mettent en scène Marcel, son personnage fétiche. Des trois, mon préféré est « parfois je me sens », pas seulement parce qu’il aborde le thème actuellement très recherché des émotions mais pour ses qualités intrinsèques.
La plupart du temps, le petit chimpanzé est montré en gros plan, ses émotions très lisibles sur son visage. Sauf lorsqu’il s’agit de montrer qu’il se sent seul, il est alors tout petit, posé tout en bas d’une page blanche.
L’auteur utilise la mise en page, le cadrage, la présence ou non de décor, pour appuyer son propos et rendre l’émotion d’autant plus perceptible pour le lecteur.
La dernière page l’invite à s’exprimer à son tour. C’est mon seul petit regret au sujet de cet album, rapport au droit de se taire, issu des Dix droits du lecteurdont je vous parlais il y a quelque temps.
A part ça c’est bien mené, Marcel suscite l’empathie des enfants même jeunes, le travail sur ses émotions est réussi. L’image est travaillée sans être surchargée, on comprend que l’auteur s’adresse ici à un public plus jeune que dans ses autres albums, mais il ne simplifie pas à l’extrême pour autant et mise sur la construction globale de l’image plus que sur les petits détails qu’il affectionne pourtant.
La version cartonnée sera sans doute plébiscitée par les professionnels de la petite enfance, d’autant qu’elle est un peu moins chère que la version papier.
Le cache-cache des animaux, Tomoko Ohmura, école des loisirs, 11€50
C’est le chien qui compte. Il devra chercher tour à tour trois autres animaux, dissimulés dans la maison.
Et ce n’est pas si simple. D’ailleurs, le petit lecteur qui cherche dans chaque image l’animal caché peut hésiter un peu. Le dessin de Tomoko Ohmura est toujours très lisible mais cette fois ci elle joue à nous perdre en mettant dans l’image différents motifs qui pourraient évoquer le pelage d’un animal.
Et puis, on a un handicap par rapport au chien: on ne sait pas exactement qui on cherche.
Quand enfin le chien a trouvé le tigre, le lapin puis le mouton, c’est l’heure du gouter. Mais, attention, une étrange créature semble se cacher dans la cuisine.
On retrouve la même évidence et la même simplicité dans la trame du récit que dans le dessin.
Tout est mis en place pour que les enfants, dès deux ans, trouvent leurs repères dans ce cherche-et-trouve adapté à leurs capacités.
Une réussite, qui n’est pas sans évoquerIl y a du monde, de la même autrice qui rencontre toujours un franc succès.
Il est tout à fait adorable, ce petit bébé, que son père fait sauter dans ses bras. Il a une drôle de tête, c’est indéniable, toute verte, avec une grande bouche, mais n’empêche, il est adorable. D’ailleurs, il grandit dans une famille aimante, même s’il ne leur ressemble en rien.
C’est à travers la vision des autres que les choses se compliquent. N’avoir ni oreille ni queue, dans une famille de lapin, ça dénote. Dans la rue, les regards se font tantôt fuyants tantôt un peu trop insistants.
Et à l’école, c’est pire encore. Le pauvre petit ne sait prononcer que son prénom, ce qui laisse sa maitresse désemparée et les autres enfants moqueurs.
Gronouyot finit par en être peiné « il avait compris que même si on riait avec lui, on riait surtout de lui ».
Heureusement, l’histoire revient régulièrement sur l’amour qui lui porte sa famille, dans des pages très rassurantes qui le montrent entouré des siens. Le lecteur y puise le courage pour aborder la suite du récit sereinement. Les images d’ailleurs sont colorées, plutôt joyeuses, elles soutiennent remarquablement l’histoire.
Monsieur et madame Lapin cherchent tous les moyens d’aider leur fils. Mais c’est finalement gronouyot lui même qui saura s’affranchir de ses stigmates. Il ne s’agit pas de devenir comme les autres, ni de tendre à leur ressembler le plus possible. Mais bien de s’accepter tel qu’il est. Et c’est la joie de vivre qui triomphe.
La folle poursuite, Clément Hurd, Gallimard jeunesse
La folle poursuite a été écrit en 1941, mais traduit seulement en 2006 par Gallimard jeunesse.
Sans doute parce que depuis les années 2000, l’iconographie de l’époque revient à la mode. Mais aussi parce que les couleurs et le mouvement dans cet album gardent une grande modernité.
Le thème, quant à lui, est intemporel.
Un chien, qui casse sa laisse pour se lancer à la poursuite d’un chat. Les propriétaires respectifs qui entrent dans la course. Et tout un tas de personnages qui passent là par hasard et vont être plus ou moins bousculés par cette folle poursuite.
Le texte est court, bien sûr, et les pages se tournent à vive allure. Les images, au ton très vif, se lisent en un coup d’œil. Mais elles méritent qu’on s’y attarde ou pour le moins qu’on y revienne, pour mieux les savourer.
Outre le mouvement des animaux, qui traversent la page de part en part, outre les dégâts qu’ils provoquent partout, l’œil aiguisé des enfants repère des détails amusants ou des références cachées dans l’image.
Charly Chaplin derrière un mur, des petites souris sous un lit, un accident de voiture à l’arrière plan.
On éprouve, à la lecture de cet album, le même plaisir que quand on regarde un vieux Tex Avery. Un plaisir qui rassemble petits et grands.
Une belle journée, Kevin Henkes, Kaléidoscope, (2008)
Il y a des jours comme ça, où tout va mal. Ça commence généralement par un micro événement, un petit grain de sable, qui instaure une mauvaise humeur tenace.
Pour petit oiseau jaune, c’est la perte de sa plume préférée. Petit chien blanc, quant à lui, a enroulé sa laisse autour de son piquet. Petit renard a perdu sa maman, et petit écureuil son gland.
Chaque animal est montré sur la page de droite, la mine dépitée. Gros plan sur le protagoniste, trait épais, l’image est très lisible et l’émotion du personnage facilement identifiable. Généralement, le petit lecteur se prend d’ailleurs d’empathie pour l’animal (il n’est pas rare qu’un bambin essaye de consoler le personnage)
Puis une double page annonce la rupture. A gauche, des rayures de couleurs et à droite ce simple texte: « Mais ensuite… »
Ah, comme ils sont prometteurs ces points de suspensions. L’enfant tourne généralement la page avec une petite impatience.
Alors, un à un, chaque problème est résolu et chaque personnage retrouve le sourire. I y aura même un tout petit truc en plus qui fera vraiment de ce jour, une belle journée!
J’ai souvent constaté que les enfants avaient cette capacité (que je leur envie) de passer du chagrin réel au sourire joyeux en quelques minutes. J’aime la simplicité avec la quelle cet album montre ces variations d’humeur et j’adore la façon dont le visage des enfants reflète ces émotions. Leur regard qui s’éclaire, signe de leur profonde empathie pour les personnages est révélateur.
Au moment d’écrire mon billet sur cet album, je repense aux dix droits du lecteur, dont je vous parlais la semaine dernière.
Et plus particulièrement au dernier, le droit de se taire. Ce livre, je l’ai depuis plusieurs semaines, je le lis beaucoup et, foncièrement, je n’ai pas envie de le commenter.
Quand je lis un livre à un enfant, souvent je rêve de savoir ce qu’il en pense, j’ai envie de savoir comment cette histoire à raisonné en lui, comment il l’interprète. J’ai envie de savoir si cette lecture fera de lui un enfant un peu différent de ce qu’il était avant.
Parfois, les bambins me font un beau cadeau, ils me disent ce qu’il en est. Mais, la plupart du temps, ils restent silencieux. Et je ne les interroge pas, je respecte bien trop le droit de se taire. La lecture est une expérience de l’intime, l’effet que produit le livre sur les enfants leur appartient, ça ne me regarde pas, je n’ai plus qu’à gérer cette frustration, ça fait partie du boulot.
Alors pourquoi moi je suis obligée d’en parler, hein? Moi aussi j’ai fait une expérience intime à la lecture de cet album, il a suscité en moi des émotions, des réflexions que j’ai bien envie de garder pour moi.
Mais voilà, en tant que blogueuse, comme en tant que formatrice en littérature enfantine, il faut bien que je le commente un minimum. Je ne peux pas me contenter de dire il est super, achetez-le, lisez-le, et voilà.
C’est qu’on attend de moi un minimum d’analyse, se contenter de dire qu’on l’a aimé c’est bien gentil mais ce n’est pas digne d’une critique qui se veut un peu professionnelle. Bon. Alors c’est parti, je me prête au jeu du commentaire de texte, de l’analyse de l’image, du décorticage de l’œuvre. Mais, autant vous le dire tout de suite, tout cela ne reflétera en rien les qualités de l’album, cette chronique est vouée à être décevante. Pour moi au moins.
Cavale est un étrange petit être, tout en jambes (dix au moins!). En permanence, il court. Il ne court pas derrière le bonheur, ni la fortune, ni un objectif quelconque. Il court devant. Il fuit. Il sait que Fin est à ses trousses, et cela depuis toujours.
Il a déjà fait maintes fois le tour de la terre, sans jamais vraiment la voir.
Un jour, dans sa course folle, il se heurte à Montagne. Elle est d’une immobilité de marbre. Elle ne reste pas ainsi immobile par paraisse, ni par gout pour la contemplation. Elle se cache. Elle sait que Fin la recherche. Et cela depuis toujours.
Tout les oppose, tout les rassemble, il faudra deux fois mille ans à ces deux là pour trouver le rythme commun. Enfin à l’unisson, ils découvrent ensemble le bonheur d’être dans le monde, sans fuir ni se cacher. Alors l’amour s’invite et un petit être arrive. Cavale et Montagne décident de le baptiser Maintenant. C’est ce petit bonhomme de la couverture. Il est aveuglé par le chapeau de son père, il semble partager l’immobilité de sa mère, mais y a une grande force dans sa posture, on devine en lui un petit quelque chose de Kirikou.
Plus que de la peur ou de la mort, tout das cet album nous parle de notre rapport au temps.
Le séquençage même du livre, avec parfois une alternance entre les pages de texte et celles d’image, qui nous incitent à prendre le temps pour regarder, décrypter, ce qui est montré.
La mise en page aussi avec des vignettes, des images cadrées et d’autres à fond perdu, qui nous incitent à modifier notre rythme de lecture.
Les illustrations de Rebecca Dautremer se situent volontairement hors du temps, intemporelles, entre autre grâce à l’utilisation de tons sépias qui évoquent de vieilles photographies.
Elles se situent volontairement du coté du symbolique plutôt que du démonstratif, tout comme le texte.
L’ensemble peut donc rester mystérieux pour les enfants, j’en ai vu plusieurs écouter en silence, parfois à plusieurs reprises, cet album qui est pourtant long. Qu’en ont-ils pensé? Que va-t-il en rester? Ah, fichu droit du lecteur, ils ne m’ont pas livré leurs impressions. Mais je ne doute pas qu’ils en soient sortis grandis, et qu’ils y aient puisé des éléments de réflexion.
Le petit monde de Samsofy, Samsofy, Omaké books, 15€
J’ai toujours adoré regarder et écouter les enfants jouer. C’est un plaisir immense de voir à quel point leur imagination a peu de limites et surtout d’observer leur capacité à se saisir des objets de leur environnement pour servir leurs scénarios. Laissez un gamin s’ennuyer assez longtemps dans une pièce où il n’y a pas de jouet et vous verrez dans ses mains les objets les plus insolites prendre vie: poupées en bouchons de lièges, voitures en paquet de mouchoirs, trains faits de fauteuils…
Samsofy est un photographe. Il a semble-t-il gardé de son enfance cette capacité à voir le potentiel ludique des objets du quotidien.
Et il nous le donne à voir dans ce petit album où il met en scène des légos.
Des photos pleines de mouvement, des installations très précises aux flous soigneusement travaillés, pour nous montrer des scènes poétiques, drôles, étonnantes ou surréalistes.
Je ne pense pas que l’auteur destine spécifiquement ce livre aux enfants. On trouve des références dans chaque cliché, dont une grande partie leur échapperont. Mais ils ne bouderont pas leur plaisir pour autant. J’ai eu l’occasion de le montrer à des enfants de 3 ans, jusqu’à sept, je vais essayer avec des plus jeunes dès que possible. En tout cas jusqu’ici, j’ai toujours eu des réactions positives des enfants qui regardent longuement chaque image. Ils comprennent parfaitement que chaque instantané contient une histoire entière. Ils tentent de l’imaginer, de la raconter, ils font des hypothèses.
Et il a fait le délice des adultes, parents ou professionnels de l’enfance, à qui je l’ai montré. Eux saisissent les nombreuses références qui donnent aux images toute leur profondeur.
Mon royal petit frère, Sally Lloyd-Jones, David Roberts, Little urban, 13€50
La fillette qui nous livre ici sa version des faits est l’exemple typique du narrateur non fiable. (allez lire l’article. Si, si, j’insiste, allez lire ce merveilleux article de Clémentine Beauvais qui est à la fois très drôle et très instructif, croyez moi, vous ne le regretterez pas. De rien)
Elle raconte comment elle vit l’intrusion de son royal petit frère dans sa vie quotidienne, à travers le prisme de sa mauvaise foi. C’est qu’elle était comblée, petite princesse au centre de l’attention de ses parents. Jusqu’à ce que naisse sa majesté le roi bébé. Depuis, il n’y en a que pour lui, père et mère semble faire allégeance au petit tyran, laissant l’adorable (et belle, gentille, dotée d’une abondante chevelure blonde qui plus est) livrée à elle même.
Mais l’image donne une toute autre version des faits. Et les enfants, vous savez comment ils sont, ils ont tendance à croire ce qu’ils voient, plutôt que ce qu’on leur raconte, surtout dans les livres (faudrait voir à pas les prendre pour des cornichons, ils repèrent très bien les contradictions texte/image et savent en tirer les conclusions qui s’imposent).
Alors, ils repèrent que l’abondante chevelure de la fillette est en réalité une paire de collants jaune et ils se mettent à douter légèrement d’elle.
Pourtant, notre petite narratrice à plus d’un tour dans son sac pour rendre crédible ses propos, elle n’hésite pas par exemple à les illustrer elle même.
L’enfant qui écoute l’album doit donc se confronter à une triple lecture: le texte, l’image officielle et celle des dessins de la narratrice. Ils s’en sortent très bien: en un regard ils analysent les dessins, les confrontent au texte et hop, éclatent de rire.
La mention sur la page de titre leur semble alors particulièrement savoureuse, ils devinent que c’est la fillette qui tient à préciser qu’il s’agit d’une « terrible histoire vraie », ce qui ne fait que discréditer un peu plus ses propos.
Mais ne nous y trompons pas, il y a du vrai dans cette histoire. Là encore les enfants le savent bien: le sentiment d’être délaissé est réel, si elle grossit le trait ce n’est que pour mieux nous faire ressentir sa jalousie.
L’un dans l’autre cet album permet de prendre de la distance avec les émotions suscitées par la rivalité, il joue sur l’ambivalence des sentiments de l’ainé avec brio. Bien sûr, il montre aussi que, au delà de la jalousie, il y a également de l’attachement entre les frères et sœurs.
Les dix droits du lecteur, Danien Pennac, Gérard Lo Monaco, gallimard jeunesse
Publié pour les 40 ans de Gallimard jeunesse, cet album pop-up reprend les dix droits du lecteur issus du livre « Comme un roman« , développés par l’auteur et admirablement mis en images et en reliefs par Gérart Lo Monaco.
« Le qu’en-lira-t-on ou les droits imprescriptibles du lecteur » est donc ici présenté sous une forme particulièrement ludique et qui peut être proposée aux adultes comme aux enfants. J’avoue, j’aime assez cette porosité entre un livre « pour adulte » et un « pour enfant.
Parce qu’au fond, je n’ai jamais réellement trouvé la limite, moi qui me régale autant que les enfants à lire leurs livres. Dans le cadre de mon travail, je lis le plus souvent à des enfants qui sont accompagnés de leurs parents, l’idée étant de plaire à l’un comme à l’autre.
Donc, avec ce pop-up, j’avais toutes les chances de faire mouche.
Et puis il est un formidable support d’échange avec les professionnels de la petite enfance avec qui je travaille: on lit ensemble chaque droit, on commente, on argumente, on réfléchit à nos pratiques quotidiennes.
Mais au fait, quels sont-ils? Les voilà:
1 – Le droit de ne pas lire
2 – Le droit de sauter des pages
3 – Le droit de ne pas finir un livre
4 – Le droit de relire
5 – Le droit de lire n’importe quoi
6 – Le droit au bovarysme
7 – Le droit de lire n’importe où
8 – Le droit de grappiller
9 – Le droit de lire à haute voix
10 – Le droit de se taire
Pour chacun d’eux, Gérard Lo Monaco a imaginé une scène en relief, qui ne l’illustre pas mais qui l’accompagne, l’éclaire, lui donne sens.
Chaque double page s’ouvre comme un petit théâtre de papier et donne à voir un mode livresque, un univers, des personnages, une ambiance. C’est un voyage à travers le monde et à travers le temps qui s’offre à nous.
Je le prends avec moi pour mes séances de lecture régulièrement depuis sa sortie, en 2012.
Alors pourquoi je le ressors, justement aujourd’hui?
A vrai dire, cela fait un moment que j’avais envie de l’évoquer ici. Mais c’est aussi parce que le droit de lire à voix haute, si cher à mes yeux, est aujourd’hui menacé. Si vous suivez la page facebook du blog, vous ne pouvez pas l’ignorer.
La SCELF, qui regroupe quelque 300 éditeurs, a décidé de faire payer un droit d’auteur sur les lectures publiques, avec ou sans billetterie, en bibliothèque, crèche, dans un café ou même dans la rue. Seules les écoles et les librairies sont épargnées. Outre le fait que cette mesure, si elle s’appliquait, mettrait immédiatement au chômage tous les lecteurs professionnels dont je fais partie, je la trouve très inquiétante pour la lutte contre les discriminations culturelles. Tous les enfants n’ont pas la chance de bénéficier de lectures dans le cadre familial, la lecture à voix haute devrait relever du service public (ah ben oui, ça tombe bien, c’est le cas puisque c’est une des missions des bibliothécaires).
Une pétition est en cours, elle regroupe déjà plus de 20 000 signatures. N’hésitez pas à la faire circuler et à la signer bien sûr. D’ailleurs, elle à déjà porté ses fruits, puisque le texte sur le site de la SCELFvient d’être modifié, désormais les auteurs qui lisent leur propres texte peuvent le faire gratuitement. (le bon sens élémentaire, quoi)
Et si vous voulez en savoir plus sur l’affaire, il y a des précisions sur le site Actualitté, sur le quel Daniel Pennac à justement pris la défense du 9 eme droit du lecteur dans cet article (et hop, je retombe sur mes pieds et la boucle est bouclée, même pas peur du hors sujet)