Éduquer en corps, la petite enfance en mouvement, sous la direction de Frédérique Brunti, préface Bernard Golse, Chroniques sociales, 2022, 15€90
Fin avril est sorti un ouvrage collectif dans lequel je signe un article, intitulé On ne lit bien qu’avec le corps.
Né à l’initiative de Frédérique Brunti, ce livre souhaite remettre le corps de l’enfant au cœur des préoccupations des professionnels. L’équipe de co-auteurs est pluridisciplinaire (et on y compte beaucoup d’éducateurs de jeunes enfants) et se fait échos de la voix du terrain, au plus proche du quotidien des enfants.
Mon article concerne le travail de professionnelles de crèche qui, pour mieux prendre en compte les besoins corporels des enfants, ont modifié leur pratique de lecture, passant de temps de lectures collectives à des temps plus individualisés.
Pour compléter cette présentation, je vous livre la quatrième de couverture, extraite de la préface:
Cet ouvrage collectif aurait pu s’appeler Eh bien dansons maintenant ! En effet, les professionnels qui interviennent dans cet ouvrage, évoquent ce pas de deux entre l’enfant et l’adulte, cette empathie corporelle qui nous conduit à « parler » avec l’enfant au sens où Françoise Dolto le définissait : « L’être humain dès l’enfance est dans le langage complètement. […] Tout est langage chez l’enfant. »
Le projet est en effet parti d’une question de trois éducatrices de jeunes enfants : pourquoi, alors que tous les pédagogues s’accordent sur le fait que le mouvement spontané a un rôle crucial dans le développement de l’enfant, est-il si peu présent à la crèche et à l’école ?
Cette question s’est enrichie peu à peu, roulant comme les cailloux dans la rivière, pour rencontrer dans le courant des professionnels animés par la même envie, le même besoin : faire reconnaître la place du corps de l’enfant et de l’adulte dans leurs interactions. D’où l’importance de sensibiliser professionnels et étudiants à cette dimension corporelle de la relation à autrui : « Prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre »…
Cette question embryonnaire s’est transformée, devenant : comment se positionner en tant qu’« être-éducateur », et laisser libre cours à la joie du mouvement sans entrave dès la prime enfance ?
Par leur pratique, ces professionnels d’horizons différents donnent un nouveau regard aux enfants pour qu’ils perçoivent un monde différent qui de chaos deviendra ressources. Ainsi, de spectateur, l’enfant deviendra acteur
Éduquer en corps a été rédigé sous la direction de Frédérique Brunti (EJE), avec la participation de : Sophie Aubrespin (psychomotricienne), Dolores Fernandez (psychologue-psychanalyste), Marie-Josée Gacogne,(EJE), Florence Hémard-Ronveaux (Sophrologue), Aurélien Le Loutre (Psychomotricien) Bernadette Moussy( jardinière d’enfants), Catherine Mukherjee (éducatrice de formation universitaire en psychologie et sociologie), Malika Ouanani (éducatrice de jeunes enfants), Virginie Péducasse (éducatrice de jeunes enfants), Valérie Roy, (éducatrice de jeunes enfant), Kanti Schmidt (éducatrice de jeunes enfants), Chloé Séguret, (lectrice formatrice) et Michel Vasseur, (éducateur spécialisé)
Vous pouvez retrouver mes autres articles concernant mes publications ici.
Après le top des albums à avoir en section de bébés, celui destiné à la section des moyens, il fallait bien que je fasse le Top 20 des albums pour les 2-3 ans.
Pour ce faire, on va partir du principe que dans votre établissement, les bébés et les moyens sont nourris d’histoires, qu’ils ont déjà acquis des habitudes de manipulation (et que vous n’êtes pas en sous effectif chronique, oui, je sais, je suis optimiste). Nous pouvons donc aborder des histoires longues. A partir de deux ans, le langage se développe de façon impressionnante. Il ne faut pas hésiter à proposer un vocabulaire riche et varié (et surtout, gardez tous les mots compliqués que vous trouvez dans les livres, ce sont souvent les préférés des enfants et c’est comme ça qu’ils apprennent). C’est aussi le début de cette fastidieuse période où le mouflet peut nous demander « pourquoi » environ 250 fois en seulement une minute. Les livres leur donnent plein de sujets d’interrogations nouveaux (comment ça c’est pas le but?). Alors qu’ils développent le jeu symbolique, dans la lecture ils aiment vivre des aventures, s’identifient peut être aux personnages, apprécient des sujets variés, et accèdent au sens symbolique des histoires.
On peut se régaler à choisir des livres pour les grands. Les propositions éditoriales sont nombreuses et pour peu qu’on ait une chouette bibliothèque dans le quartier on peut leur proposer des nouveaux livres toutes les semaines, on aura toujours l’occasion de les lire, ils aiment la nouveauté. Pour autant, le plaisir de la relecture est toujours là et ils peuvent demander inlassablement (et avec insistance) le même livre pendant de (longs) mois. Il est alors (très) important de choisir des albums que l’on peut lire des dizaines de fois sans s’ennuyer.
J’ai joué le jeu de me contenter de 20 titres, comme pour les autres tops. Mais sachez que ça a été au prix d’une grande souffrance et je ne saurais trop vous conseiller d’en avoir bien plus dans votre section.
Ce n’est peut être pas le livre qui vous aidera à convaincre les enfants qu’il faut laver leur doudou mais il sera l’occasion d’une bonne partie de rigolade. C’est déjà pas mal.
Rusé, le renard? Pas tant que ça, ce benêt enchaîne les maladresses. A ce compte là, il n’est pas prêt de croquer Rosie la poule, qui feint l’indifférence.
Un album contemplatif, qui nous fait voyager autour du monde entre chien et loup, à la découverte de tous les animaux bleus. Idéal pour aider un groupe de bambin à se poser
Éduquer avec bienveillance, Outils et pièges de la relation parents-professionnels
Auteur : Frédérique Hirn
Editions : Philippe Duval
Prix : 9.50€
Pages : 134
Frédérique Hirn nous présente un ouvrage, pas un énième manuel de bienveillance, mais traitant de la relation parents-professionnels. Pourquoi et comment vit cette relation, avec comme premier outil, la qualité de cette relation mais aussi ses pièges. D’autres outils y sont développés, comme le cadre et les postures d’accompagnement ainsi que d’autres actions pouvant être mises en place.
Afin de savoir de quoi on parle, quelques définitions…
La « bienveillance », mot très tendance dans notre société depuis quelques temps, est définie dans le dictionnaire comme « la capacité àse montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui, d’une manière désintérèssée et compréhensive »
La « bientraitance » est : la démarche visant à reconnaître et à permettre l’expression du sujet désirant ».
« La parentalité », telle que la définie Didier Houzel (pédopsychiatre et psychanalyste) en trois axes : l’exercice, l’expérience et la pratique.
Reprenons la fameuse phrase de D.W Winnicott en 1943 « un bébé ça n’existe pas » … On n’accompagne pas que des enfants mais des familles. Deux phénomènes s’y jouent : l’affect des parents et le besoin de reconnaissance des professionnels. Il n’existe pas de bon modèle éducatif, chacun a le sien et cela nécessite de prendre du recul pour comprendre l’autre. C’est une relation à 3, comme, si bien décrit par F.Hirn : une construction de ponts. Les professionnels de la petite enfance sont avant tout des hommes (bon oui, je sais…) et des femmes qui ont leur propre vision de l’éducation, ce qui leur demande une distanciation dans leurs pratiques au travail.
Nous savons qu’un écart trop important entre ce que l’enfant vit à la maison et dans sa structure accueillante est déstabilisant et met à mal « le sentiment continu d’existence de l’enfant » (toujours de notre cher D.W Winnicott) dont il a tant besoin pour s’épanouir.
L’environnement dans lequel l’enfant évolue un rôle fondateur, en termes de repères et de contenance, pour participer à la base essentielle de construction de soi et doit donc amener un climat de confiance entre parent et professionnel.
Dans une relation de confiance, F.Hirn nous indique qu’il y a deux types de savoir : le savoir expérientiel (la connaissance véritable de la personne) et catégorielle (les représentations que l’on s’en fait). Ces deux approches doivent se compléter sans empiéter l’une sur l’autre. L’individualité de chaque enfant, de chaque parent demande d’y apposer nos connaissances tout en les ajustant.
Équilibre si délicat, que Didier Houzel définit la pratique de l’accompagnement comme un ART.
F.Hirn souligne que faire ensemble c’est bien mais PENSER ensemble est le vrai socle d’un partage de qualité. Elle met le doigt aussi sur ce que nous connaissons tous : les parasites des relations. Quels sont-ils ? Les représentations, les projections, l’incompréhension… Toute une alchimie !
Une fois ces bases posées, F.Hirn définit cette fameuse qualité comme premier outil de la relation. Une relation se construit petit à petit, et demande d’être attentif aux besoins de l’autre, d’avoir le désir d’aller à sa rencontre. Ceci engage des notions de distanciation, d’énergie, d’engagement. C’est une démarche PARTICIPATIVE, une action coopérative.
Pour être attentif à l’autre, elle nous montre une belle image : mettre en pause son monologue intérieur.
Mais alors, quels sont les pièges de ces liens tissés ? L’Autre n’est pas soi et ainsi, penser et se mettre à sa place court-circuite la relation. Pour accéder à l’autre, il faut le laisser exprimer ses besoins, ses envies et ses ressentis, ce qui entraîne de laisser une place à l’insaisissable.
De par nos formations, nous avons tout un tas de « phrases boucliers » ex cité : « on ne réveille pas un enfant qui dort » et de certitudes, qui peuvent parfois passer pour l’avis d’un EXPERT. Or, quelle place laissée à la complexité des relations et de la co-éducation ? Laissons entrer les nuances et l’humilité, le dialogue des différences et des cultures…
Le conseil est un outil d’accompagnement sauf s’il se transforme en injonction ou parole sainte.
F.Hirn attire l’attention sur l’importance du CADRE posé dans nos institutions, elle en fait même un outil de relation. On le sait tous, la réalité est plus complexe que les représentations. C’est un grand enjeu car il y a à la fois les demandes des familles et le fonctionnement des collectivités. Il y a une nuance entre réponse aux besoins (oui !), et écouter les désirs sans forcément les satisfaire systématiquement. Sans oublier aussi qu’il y a les très exigeants et ceux entrés dans une relation de « client-prestataire », tendance qui peut avoir tendance à se développer de par le fonctionnement des structures actuellement qui doivent être de plus en plus gestionnaire financière.
Pour poser ce cadre, les outils écrits comme le règlement de fonctionnement sont une base de respect des pratiques. À condition de le regarder ensemble et non de le signer en cinq minutes dans un bureau !
Comme troisième outil, les postures d’accompagnement en elles-mêmes. Qu’est-ce qu’accompagner ? « Se joindre à quelqu’un pour aller dans la même direction en même temps que lui » Maela Paul (Docteur en sciences de l’éducation). F.Hirn attire notre attention sur la sollicitude, qui peut nous venir naturellement mais qui peut être violente si elle n’est pas voulue. Également, ne parle t’on pas trop DES parents mais rarement DU parent ? Piste de réflexion…
Le guidage c’est laisser l’autre trouver lui-même les solutions car l’accompagnement n’est pas une RÉPONSE. Mais une capacité à ajuster nos positionnements en fonction des besoins. C’est donc une capacité aidante d’écoute.
Si l’Autre arrive à exprimer ses difficultés, besoins, émotions c’est déjà un pas en avant car exprimer c’est accepter de reconnaître et active l’effet « miroir ».
D’autres outils peuvent être développés : les transmissions, les réunions à thèmes, les groupes de paroles… Il ne tient qu’à chacun de se les approprier…ensemble.
En conclusion, nous nous interrogerons toujours sur nos relations car elles demeurent complexes, déjà notre propre « moi » ne nous est pas complétement connu et maîtrisable alors celui d’autrui…
Le tout est préserver sa CAPACITÉ DE QUESTIONNEMENT.
Pour aller plus loin:
« Heureux en crèche, un projet de coéducation parents-professionnels » Deroo A
« Bien-traitance, un trait d’union à conquérir » 1001 BB n°135
L’accueil de la petite-enfance. Un regard humoristique pour donner à réfléchir à la bien-traitance
Auteur : Arnaud Deroo
Editions : Chronique
sociale
Collection: Comprendre les personnes, l’essentiel
Prix : 14€
Pages : 138
Illustrations de Fabienne Blin, Préface de Catherine Gueguen
« Ne faîtes pas aux enfants ce que vous n’aimeriez pas que l’on
vous fasse »
« Panser son enfant intérieur pour penser l’accompagnement
des enfants en structure »
Le ton est donné. Arnaud Deroo apporte son coup d’œil -critique et
bienveillant à la fois- sur des situations régulièrement rencontrées en
collectivité, avec son humour habituel, agrémenté d’illustrations d’une grande finesse.
En tant que professionnel de la petite enfance, nous sommes
souvent « la tête dans le guidon » et ne voyons plus l’essentiel. La
notion de projet rend bien, prouve à nos chers partenaires financiers et
institutionnels que nous faisons des choses. Mais… comme le souligne si bien
Arnaud, qu’est-ce que l’enfant de 12 mois a comme intérêt à « plonger»
en Italie en septembre, en Australie en décembre et en Laponie en juin alors
que la notion d’hier et d’aujourd’hui n’est qu’un vaste flou ? Petit rappel que le temps précieux que l’on arrive à dégager serait
plus utile à penser nos actions…
Un peu à la Carpe Diem, Arnaud nous rappelle d’être dans le moment
présent, d’être en CONSIENCE. Le tout-petit se fiche de l’heure d’avant ou
d’après, ce qui compte pour lui est le regard de l’adulte sur lui au moment
présent.
« Si nous élevions les enfants autrement, le monde
changerait », c’est dans cet adage de Françoise Dolto que l’auteur voit
nos métiers, avec une vraie croyance en l’humanité et tous ces professionnels
« artistes » du monde de demain…Il est bon de se rappeler cette belle
image lorsque nous sommes noyés sous le poids de l’organisation ou des
contraintes administratives et financières…
S’occuper de jeunes enfants ne se fait pas sans introspection,
être bien dans son corps et dans sa tête est essentiel pour être un bon exemple
pour les enfants. Nous ne choisissons pas ces métiers au hasard, le tout est de
savoir pourquoi. Il faut prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin des
autres, tout comme il est difficile d’aimer autrui sans s’aimer d’abord. Notre vécu personnel peut venir parasiter les relations que l’on créées dans ces
professions, il est dur de s’y pencher, de cerner la fonction réparatrice de cette
voie mais il est nécessaire de l’identifier.
Les enfants sont-ils plus durs qu’avant ou les adultes plus
en souffrance ? Socrate le disait déjà 400 ans avant Jésus-Christ !
À méditer…
S’il on part du principe qu’un enfant dans un environnement
bienveillant est toujours « surprenant, altruiste et bon », on peut
s’en servir d’indicateur d’ambiance dans nos structures. L’enfant naît
coopérant et aimant mais son développement est immature, c’est notre accompagnement qui va lui permettre de s’élever…
L’enfant n’a pas pour objectif de base de pourrir la vie des
adultes, mais il s’adapte à ses réactions. Le bébé qui jette son hochet 10 fois
d’affilée ne se dit pas qu’il va vous rendre dingue mais il tente une expérience et vos réactions, si vous lui dîtes
« d’accord ça te fait rire j’arrête » il le comprendra.
On ne demande à personne d’être parfait mais juste d’être AUTHENTIQUE, et de
répondre aux vrais besoins. Il est différent d’être en autorité et d’être
autoritaire. Il suffit souvent d’observer l’enfant, qui sait instinctivement ce qui est bon
pour lui.
Le sens qui est donné aux actes et la sécurité ressentie conditionnent la
capacité à se relever et protège la relation de soi et avec les autres.
Au-delà d’être un être de langage, l’enfant est un être d’émotions,
lorsqu’il n’est pas entendu dans son vécu émotionnel (mouvements très forts en lui), son
estime de lui en prend un sérieux coup.
Même sans mot, l’adulte est une référence pour l’enfant, il est
comme une « caisse de résonnance ». l’enfant se construit dans notre
regard, lâchons les étiquettes et préjugés.
Arnaud Deroo nous interpelle sur le « jeu libre », cela
voudrait-il dire que le jeu peut être « non-libre » ? Donc emprisonné ? N’est-ce pas là pourtant la chose la plus naturelle pour un enfant? Comment
gérer, pour un tout petit, le fait de voir cinq autres enfants aller en activité peinture
et de s’entendre dire « toi ce sera demain » ? Tout comme le contact avec la nature… L’enfant doit-il dépendre de la frilosité de Catherine pour pouvoir respirer un peu d’air frais?
L’aménagement de l’espace est un élément clé dans une
collectivité et peut avoir des conséquences sur toute l’ambiance d’un groupe.
La position de l’adulte dans cet espace également: un adulte bougeant sans
arrêt ou s’énervant ne pourra pas apporter de sérénité. CF l’adulte « phare » de
Josette Serres.
On retrouve très souvent le mot AUTONOMIE dans les projets… là
aussi il ne faut pas perdre de vue l’objectif, le « tu es grand » lorsque l’enfant
ne se sent pas capable de faire quelque chose ne l’amènera à rien et n’assure
pas sa sécurité psychique. L’enfant aura tout le temps de se servir tout seul
en petits pois ou d’enlever ses chaussures lorsque sa sécurité sera effective, et il ira explorer le monde de
lui-même. Sa sécurité affective passe aussi par le respect de son intimité, que
ce soit dans l’affichage des informations aux yeux de tous ou un plan de change
avec vue dégagée sur le couloir…
La méconnaissance de ce milieu par les politiques fait souffrir
chaque année un peu plus le secteur, malgré le rapport GIAMPINO (que je vous
invite à lire, lien dans « pour aller plus loin »). Les choses
ne changent pas, et deviennent au contraire plus difficile. Il n’y a qu’à voir
la mise en place de la PSU (Prestation de Service Unique ou Poussée Spontanée d’Urticaire
selon notre cher auteur) mélange de calculs savants d’heures facturées ou « réelles » de taux d’encadrement et de ratio, la fin des contrats aidés… Cette absence de soutien
rend d’autant plus compliquée l’envie de garder la niaque au quotidien. N’oublions pas de nous
mobiliser… Arnaud Deroo l’illustre dans une jolie lettre au Président…
À cela s’ajoute la dévalorisation souvent rencontrée, il est bien
connu que les professionnels petite enfance sont payés à jouer… Une assistante
maternelle relate son expérience dans un dîner professionnel avec son mari,
entre un jour où elle dit être assistante maternelle et un autre où elle se dit
chercheuse en éducation. Le comportement de ses interlocuteurs a été
complètement différent !
L’importance des MOTS employés… Arnaud nous raconte ce petit
garçon qui se présente comme s’appelant « Louis-non », suite à une discussion
avec ses parents, ils se rendent compte que c’est parce qu’ils passent beaucoup
de temps à lui dire non en l’interpellant… « Il a été changé »: il a
changé de peau ? Ne serait-ce pas ses vêtements qui ont été changés ? Le matin, si au lieu de retrouver « les galopins » nous retrouvions
Pierre, Léïla, Monique et Sophie ?
Si nous habituons les parents à entendre « il a fait telle activité » ou
« tant de pipis », il faut s’attendre à ce qu’ils soient en demande par la suite. « Qu’est-ce
qu’il a particulièrement aimé aujourd’hui ? » nous permettrait de
sortir de cette routine que devient parfois la transmission…
Des petits rappels :
« Attention, doucement, tu vas tomber, je te l’avais dit, et bien voilà ! » ne servent à rien !!
Il faut 21 jours pour changer une habitude
Quel sens ont les fêtes, et les cadeaux qui en découlent, en collectivité ?
« Ne pas » entraine systématiquement du négatif
On se construit dans la joie et non dans la peur…
Travailler avec de jeunes enfants n’est pas simple, nombreuses
contraintes sont à prendre en compte, mais c’est aussi l’un des plus beaux
métiers du monde, il n’y a qu’à se plonger dans leurs regards pour s’en
souvenir… (et s’inspirer de la « posologie pour être un professionnel petite-enfance heureux élaborée par Arnaud).
Arnaud Deroo est éducateur jeunes enfants, responsable d’un service petite enfance à Lambersart, consultant en éducation, formateur, avec comme bases de travail l’analyse transactionnelle, la communication non-violente, la gestion mentale, la bien-traitance. Il anime de nombreuses conférences et de nombreux ateliers parents et est auteur de plusieurs ouvrages ainsi que d’une chronique. Il a également mis en place une troupe de théâtre amateur, avec des spectacles-débat autour de la relation parent-enfant.
Dolto en héritage, Tout comprendre, pas tout permettre
Auteur: Edwige Antier
Collection :
« Réponses »
Editions : Robert
Laffont
Prix : 19 .50€
Pages : 283
« Laissons l’enfant
aussi libre que possible, sans lui imposer des règles sans intérêt.
Laissons-lui seulement le cadre des règles indispensables à sa sécurité… ».
Depuis quelques années déjà, j’avoue être agacée par la
déformation ambiante des propos de Françoise Dolto. Il est facile de se déculpabiliser
en accusant un mouvement pédagogique… Et encore pire, elle est même aujourd’hui
accusée d’être à l’origine des enfants « tyrans » tellement à la mode…
Françoise Dolo était une pionnière et visionnaire, pressentant ce
qu’il se jouait dans le développement de l’enfant sans avoir les éléments
scientifiques (confirmant ses dires) que l’on connait de nos jours.
Il ne s’agit pas d’être en accord avec toutes ses idées mais de
prendre du recul sur tout ce qui a été apporté lors des émissions de France Inter
« Lorsque l’enfant paraît » à partir de 1977.
Rousseau nous avait amené son côté philosophique sur l’enfant,
F.Dolto l’a enrichi de son œil de psychanalyste, tout en s’appuyant sur « le
bébé est une personne » de D.W. Winnicott . Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel tout cela s’inscrit,
Mai 68 et sa mouvance de liberté était passée par là.
Edwige Antier fait le point sur la « parole Dolto », ce
qui peut encore s’appliquer aujourd’hui et ce qui est devenu désuet suite à l’évolution
sociétale.
Françoise Dolto était, elle-aussi, prise entre les deux
tiraillements que nous connaissons : le bien-être du bébé et la liberté de
la femme croissant (CF Badinter, Beauvoir etc…). La femme ne se réalisant plus
uniquement à travers son rôle de mère mais aussi par sa vie professionnelle,
des modifications au sein des pratiques ont été inévitables. Ce dilemme était
et est encore source de culpabilité…
E. Antier résume les dérives autour de la parole Dolo en une
phrase clef « TOUT COMPRENDRE N’EST PAS TOUT PERMETTRE ». Nous
assistons à un envahissement du vocabulaire psychologique, les salles d’attente
des psychologues sont pleines. Remplies de parents démunis, qui, perdus dans le
flot de ce qu’« il faut faire », ne savent plus sur quel pied danser
et ont oublié leur spontanéité.
La déformation principale que nous retrouvons est de penser qu’il
faut TOUT DIRE aux enfants. F.Dolo insistait sur le fait de seulement dire les
vérités qui concernent l’enfant, la relation à sa mère, les choses
ESSENTIELLES. Tout en respectant l’intimité de l’enfant (toute la famille n’a
pas besoin de savoir que le petit garçon a un problème de testicule !).
Toutes les confidences ne sont pas utiles (en consultation il est vu des
enfants au courant des relations extraconjugales des parents, des déboires
judiciaires etc…). Il s’agit juste de ne pas tricher avec les vérités
fondatrices de la vie de l’enfant. Les enfants sentent le climat émotionnel du
foyer, surtout quand les parents se réunissent entre eux pour parler de ce qu’ils
vont ensuite leur annoncer. L’enfant peut être en capacité de garder un secret
si sa relation avec ses parents est claire. Nous avons déjà vu des enfants
muets car ils s’interdisaient de parler, ayant deviné un secret.
Des expériences ont prouvé que dès la naissance, le nourrisson
comprend les émotions de sa mère (évaluer dans trois situations : mère
apaisée, confuse, inquiète, comparé au rythme cardiaque du bébé), et nous
savons également que durant la première année c’est l’hémisphère droit du
cerveau (captation des émotions) qui se développe le plus, d’où l’importance de
ce qui est dit au-dessus de la tête de l’enfant dès la naissance !
Dans la tête de de l’enfant, avant 6 ans tout peut exister,
E.Antier prend l’exemple d’une maîtresse d’école devenant homme, sur les mots à
poser dessus, si l’enfant est en demande. Mais il ne sera pas choqué par cette
transformation car il n’y a rien d’anormal pour lui. À l’enfant qui dit ne pas
avoir voulu naître, il peut lui être répondu qu’il s’est malgré tout « accroché »
à la vie lors de sa conception, au petit garçon qui sait que sa maman voulait
une fille, il peut lui être expliqué qu’il y avait cette préférence mais que grâce
à lui, elle est réconciliée avec les petits garçons.
E. Antier aborde également les sujets du mensonge, en rappelant qu’un
enfant de moins de 8 ans ne ment jamais (sauf enfant précoce qui le peut plus
tôt ou exigences parentales tellement élevées que l’enfant développe une
stratégie de protection), que pour eux il y a « le vrai pour de vrai »
et « le vrai pour de rire » et qu’il faut différencier affabulation
et mensonge.
Ce livre traite aussi du baiser sur la bouche de l’enfant,
que l’on voit régulièrement réapparaître dans les débats et de la question de
la nudité. Le « petit humain sait tout dès qu’il est né » s’est
transformé en il peut tout voir et on peut tout faire devant lui. Or, dans son
développement l’enfant traverse différentes phases, dont celles de « latence »
où tout ce qui est sexuel est comme enfoui dans une mémoire archaïque car il se
concentre sur d’autres choses : les apprentissages sociaux et scolaires.
Cette phase n’est donc pas propice à être exposée à des éléments sexuels.
Pour Dolto, dans notre culture le baiser sur la bouche est associé
à un acte qui se pratique entre amoureux (ce qui est différent dans d’autres
pays). L’enfant connaît ces codes sociaux, il n’est donc pas utile de flirter
avec cette frontière correspond à une zone érogène, alors qu’un baiser sur le
front peut être bien plus symbolique et puissant.
La nudité ne doit pas être tabou, mais elle différencie le fait de
surprendre son parent en sortant de la douche et de se balader nu dans la
maison. Cet équilibre est essentiel pour l’image corporelle en devenir, qui
doit trouver sa place entre exhibitionnisme et pudeur exagérée.
E.Antier évoque également le grand « le pauvre il attend un
petit frère ». On ne peut le nier, il existe une forme de « bébôlatrie »
pour les parents, mais ce n’est pas le cas pour l’aîné. Il est possible de lui
dire, qu’en effet, le nourrisson n’est pas intéressant pour lui, qu’il l’est
pour une maman parce que c’est son métier de mère. Que ce bébé a tout à
apprendre par rapport à lui qui sait déjà faire tant de choses. La jalousie n’est
pas forcément mauvaise, c’est « une fantastique étape dans la maturité de
l’être humain ». Il n’y aura de toute façon pas de justice pour l’enfant,
qui considère les choses injustes s’il n’a pas tout.
La « démission » parfois observée des parents, les mères
tyrannisées, les enfants souffre-douleurs, agressifs (quand on ne s’aime pas c’est
difficile de trouver les autres toujours mieux et de ne pas les taper), la fessée,
les problèmes de violence à l’école avec les sous-effectifs que l’on connaît
sont également abordés.
La place du papa, parfois compliquée à trouver entre tendresse et
autorité, qui a beaucoup évolué dans notre société est parfois désarmante. Etre
la figure d’autorité ? Une mère bis ? L’équilibre entre s’occuper de
l’enfant sans oublier sa compagne…L’importance de la complicité, la question de
l’homoparentalité, de l’absence d’une figure paternelle (déstructurant) est
évoquée par E. Antier.
Enfin, la garde alternée (comment, à quel âge, quelle répartition,
l’âge de « discernement »…), la place des grands-mères (courant
médical et psychanalytique qui les a éloignées, l’évolution du foyer, l’émancipation
de la mère, la place des beaux-parents, le «c’était mieux avant ») et la
stigmatisation des enfants précoces( différence avec surdoué, autonomie l’intelligence
rationnelle/émotionnelle, test du QI, curiosité sans fin, l’envie de faire des
génies…) sont aussi des sujets traités dans cet ouvrage.
Vous l’aurez compris, ce livre est riche d’enseignements sur des
questions diverses, nous rappellent des fondamentaux, et surtout, remet la
parole de Dolto à sa juste et précieuse place.
Le Docteur Edwige
Antier est pédiatre, diplômée de psychopathologie, elle exerce en cabinet
libéral à Paris et a suivi deux générations de patients. Elle est membre du
Conseil d’administration de l’APHP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris) de
2001 à 2008, membre de la commission des affaires sociales à l’Assemblée
nationale de 2009 à 2012, Vice-Présidente du groupe d’études sur les
vaccinations en 2012.
Collection : Mille et un bébés-les bébés et la culture-
Editions : érès
Prix : 9.50€
Pages :95
Un éloge au Livre est-il nécessaire? Nous sommes de nombreux amoureux des livres… pour adultes et pour enfants! Il ne vous a sans doute pas échappé que la littérature de jeunesse a connu un essor conséquent ces dernières années, auteurs, illustrateurs et thèmes se sont multipliés.
Lire des livres à des bébés serait donc une évidence? Dès tout petit? Quel âge? Dans quel but? Tout le monde doit-il être à l’aise avec ça?
Dominique Rateau nous permet de balayer l’historique de ce mouvement notamment le contexte favorable qui a permis cette émergence, tout en soulignant les bienfaits de cette pratique. Aborder ces sujets induit toujours de la subjectivité, mais c’est en cela que l’on peut y trouver un sens, et tel que le souligne l’autrice, avoir des valeurs communes tout en reconnaissant les différences de chacun, n’est-ce pas là la culture? Et une nécessité pour l’humanité?
Un peu d‘histoire…
Lorsque l’on se plonge dans le passé, on se rend compte que lire des livres à des bébés est souvent le travail des grands-parents. En effet, en contextualisant, les familles vivaient à l’époque nombreux sous le même toit, avec plusieurs générations. Ce qui était l’occasion de se raconter des histoires, des légendes, d’écouter les anciens conter des récits lointains lors de veillées. Il a été observé que certaines histoires n’étaient pas racontées aux filles (thème de la guerre, violence, tristesse etc…) et qu’il pouvait y avoir une forme d’exclusion dans la participation à ces moments.
Dans un cadre plus large, le mouvement de l’association A.C.C.E.S. (Actions Culturelles Contre les Exclusions et les Ségrégations) a joué un grand rôle dans l’accès du livre aux tout-petits dans une dynamique d’insertion sociale et culturelle. Suite aux interrogations face à l’échec de l’apprentissage, en excluant qu’il n’y ait que des facteurs psychiques, des psychiatres, psychanalystes et spécialistes de l’enfant se sont réunis autour de ces questions. A.C.C.E.S. a été créé en 1982 à la suite du colloque Apprentissage et pratique de la lecture à l’école qui s’est tenu en 1979 à Paris sous l’égide du Ministère de l’Éducation nationale. L’association a trois grands objectifs :
Améliorer les conditions d’acquisition de la lecture et de l’écriture grâce à la découverte de la langue écrite dès le plus jeune âge,
Développer d’une façon harmonieuse la personnalité de l’enfant,
Travailler à l’égalité des chances de réussite et d’insertion sociale en s’adressant aux tout-petits et à leur entourage.
Afin d’y parvenir, l’association met en place plusieurs actions : mettre des récits et des albums à la disposition des bébés et de leur entourage,former les acteurs de la petite enfance, concevoir et diffuser de outils de réflexion et de travail , réunir les expériences de chacun à travers les observatoires et les séminaires
ATD Quart Monde a également mis en place la « bibliothèque de rue », une grande première.
La bibliothèque de rue consiste à introduire le livre, l’art et d’autres outils d’accès au savoir, notamment informatiques, auprès des enfants de milieux défavorisés et de leurs familles. Cette activité est accessible à tous, car se déroulant sur leur lieu de vie : à l’air libre, dans un square, sur une place, un marché, sur le palier d’un escalier, au pied des arbres, sous un lampadaire, dans des endroits isolés en campagne ou à la montagne.
La bibliothèque de rue est un temps de partage des savoirs extraordinaires qui répond à la soif de savoir des enfants, les réconcilie avec la joie d’apprendre et les encourage à révéler et à partager leurs talents. Par sa régularité et sa durée, elle permet de tisser des relations de confiance entre les enfants, leurs familles et les animateurs, premiers pas vers une participation sociale plus large. Cet espace génère d’autres événements culturels : ateliers de lecture, soutien à l’alphabétisation, création (livres, fresques, spectacles, etc…).
Les bibliothèques de rue deviennent ainsi un pont vers l’extérieur, bibliothèques municipales, écoles, clubs sportifs ou informatiques, théâtres, afin que les enfants participent aux activités de tous et s’y épanouissent. Je vous invite à visiter leur page internet, très enrichissante!
Tout ceci est intervenu dans un contexte culturel et social favorable. A la fin des années 1980, des offres culturelles se sont développées en faveur de la petite enfance, la littérature enfantine s’enrichit, car un retard de la France par rapport aux autres pays a été observé, ainsi qu’une inquiétude quant à l’illettrisme.
De nombreux spécialistes ont traité de ce sujet, de Winnicott ( développant le concept de mère suffisamment bonne CF le billet précédent), à Spitz (CF hospitalisme) en passant par Dolto (en sensibilisant le grand public à l’importance de la parole adressée aux bébés). On distingue deux types de langue: la langue des faits et la langue du récit. La première se vit en présence de l’autre, la seconde, est une narration qui situe un environnement dans le temps et l’espace. Le temps fort de l’élaboration de la langue se situe entre 1 et 3 ans, donc très jeune. Les livres permettent aux bébés de rencontrer la forme de langue du récit, complétée par le bain langagier dans lequel il baigne lorsque son entourage s’adresse directement à lui. « Une mère allant suffisamment bien matériellement et psychiquement ne donne pas les soins en silence, elle parle, fait des confidences sur la joie d’être mère, sur les duretés de la vie, sur ce qu’elle a à faire et sur le temps qu’il fait etc… » Renée Diatkine (psychiatre et psychanalyste). Il va même jusqu’à dire qu’un enfant peut perdre ses capacités de communication dans un contexte défavorable.
Abordant la fusion mère-enfant, Arlette Pellé (psychanalyste) parle de « complétude » dans une identification totale, en miroir, captation dont il faut sortir pour pouvoir parler en tant que sujet et se constituer comme tel. Mon « je » n’est pas dans mon patrimoine génétique, le « je » vient des autres. Il est né, il a éclos, car on m’a dit « tu ». Tout est dans la rencontre, c’est l’humanité qui me fait « je »… » Albert Jacquard (chercheur et essayiste).
Pour Danielle Bouvet (orthophoniste) « la langue maternelle serait ce pont que la mère lancerait à son enfant, pour le faire passer de sa langue à lui qu’elle comprend à la langue des autres dont il pourra alors être compris ». La langue permet à la fois cette proximité et cette distanciation, tout comme la lecture d’un livre à un enfant, où l’adulte et l’enfant sont à la fois proches mais où le livre sert de support et de tiers.
Finalement ce livre est à la croisée de beaucoup d’autres sujet traités lors des précédents billets: le développement de l’enfant, le langage et l’importance du livre. Dominique Rateau n’oublie bien sûr pas de citer des grands classiques de la littérature enfantine.
Continuons à faire des projets autour du livre, à le faire vivre, à l’inviter au sein de nos foyers et de nos collectivités. Gardons en tête ces moments magiques durant lequel les yeux des enfants brillent en écoutant le lecteur.
Dominique Rateau est orthophoniste de formation, elle a exercé une mission livres-petite enfance en Aquitaine au sein du Centre régional des lettres de 1990 à 2004. Elle préside l’agence Quand les livres relient et fait partie du collège Spirale.
Pour aller plus loin:
« Guide à l’usage des parents d’enfants bilingues » Barbara Abdelilah
« Enfances plurilingues » Gilbert Dalgalian
« Du langage aux langues » Ranka Bijeljac et Roland Breton
Lorsque l’enfant parait, Françoise Dolto, éditions points, Essais 7€80
La venue au monde d’un enfant est un grand
bouleversement dans la vie de tout parent. Heureusement certains auteurs sont
là pour nous apporter des réponses.
Grand
incontournable s’il en est un ! Françoise Dolto, pionnière dans le champ
de l’éducation, a marqué des décennies de parents et professionnels de son
empreinte.
« Lorsque
l’enfant paraît » est l’un de nos indispensables. Cet ouvrage, accessible
à tous, se présente sous forme de questions/réponses posées par des auditeurs
radio. Parfois décriée, Françoise Dolto ne se démonte pas et répond avec
aisance aux diverses interrogations parentales.
De nombreux
sujets y sont abordés : préparer l’arrivée du bébé, l’étape de la
propreté, le complexe d’Œdipe, la séparation, l’angoisse, le cauchemar, la fratrie,
l’opposition… De « qui abandonne qui ? », « c’est le bébé
qui créé la maman », à « ce qui a été fait a été fait »,
« des enfants agressifs ou agressés ? » ou encore « bébés
collés, jumeaux jaloux », un large panel de situations nous est présenté.
Bien que des
années nous séparent de ce livre (1977), et on le sent dans des petits détails
tout au long de notre lecture (c’est une époque où les parents laissaient
rarement leurs enfants en nourrice toute la semaine !), les conseils
apportés restent, pour la plupart, vrais aujourd’hui, par exemple sur la
propreté, ou encore la séparation.
La question
délicate de l’âge d’entrée à l’école maternelle est également abordée.
Ce que l’on
peut retenir, c’est que Françoise Dolto ne dicte pas de conduite à tenir. Elle s’adapte
à chaque situation et à chaque enfant, attitude que nous devons toujours
adopter en tant que professionnel de la petite enfance.
P158, la
nudité est un sujet peu abordé. Devant qui ? À quel âge ? Exhibitionnisme, bon ou mauvais ?
P17. La
parole de Madame Dolto a eu tendance à être déformée ces dernières années :
oui elle a indiqué qu’il fallait parler aux enfants, qu’il fallait les écouter,
mais pas de TOUT expliquer ni de TOUT laisser passer…
En bref, relire
un Dolto est toujours utile, et nous rappelle que le non-jugement doit rester
l’une de nos priorités.
Médecin
psychanalyste, Françoise Dolto (1908-1988) est l’une des figures marquantes de
l’histoire du mouvement psychanalytique en France. Sa pensée et ses travaux ont
profondément renouvelé le regard des adultes sur les enfants.
Dès 1976, Françoise
Dolto connaît un immense succès grâce à son émission quotidienne sur France
Inter, « Lorsque l’enfant paraît ». Elle répond à des lettres de
parents en difficulté dans l’éducation de leur enfant. Sans prétendre donner
des recettes, elle définit une attitude : chercher les raisons de chaque
problème rencontré et y répondre avec la justesse que l’attitude
psychanalytique lui permet.
Pour
aller plus loin :
Françoise
Dolto : « lorsque l’enfant paraît Tome 2 »
Françoise
Dolto : « lorsque l’enfant paraît Tome 3 »
Françoise
Dolto : « la cause des enfants »
Françoise
Dolto : « destins d’enfants »
Jean-Luc
Aubert : « les sept piliers de l’éducation- Quels repères donner à
nos enfants ? »
Corinne
Morel : « ABC de la psychologie de l’enfant »
Nos enfants, ces petits philosophes. Partager avec eux leurs grandes questions sur la vie.
Collection Questions
de parents
Éditions Albin
Michel
Prix : 13.90€
« Chacun, parce qu’il pense, est seul responsable de la
sagesse ou de la folie de sa vie » nous disait Platon.
La philosophie peut être
considérée comme un lien vers la sagesse, une lutte contre le phénomène
« mouton » qui pousse à suivre plutôt qu’à réfléchir, une ouverture
vers une citoyenneté plus active.
Quel rapport avec les enfants que
nous côtoyons me direz-vous ?
Tout petit, l’enfant a déjà
conscience de nombreuses choses, de par les expériences qu’il vit, de ce qu’il
entend de la bouche des adultes, ou de ce qu’il ressent au fond de lui.
Beaucoup de questions restent en
suspens, muettes, soit par peur de les formuler soit par non-réponse des adultes,
eux-mêmes pris par l’angoisse de la quête existentielle à laquelle nous sommes
soumis par notre nature-même d’être vivant pensant.
Les questions philosophiques
dérangent, alors que pour l’enfant elles sont naturelles et emplies de
curiosité. Mais qui a envie de répondre à « Pourquoi on meurt ? Pourquoi
on mange les animaux ? Pourquoi ne fait pas ce que l’on veut ?
Pourquoi on tue des enfants ? ». Qui a envie d’argumenter face aux
« C’est pas juste ! Même pas peur ! Je suis nul ! C’est pas
bien ! ».
Nous n’avons en réalité pas le
choix, car que ce soit nos propres enfants ou ceux que l’on accompagne
professionnellement, il est de notre devoir d’adulte-référent de donner à ces
petits penseurs les clefs des serrures menant au raisonnement. Car ne
l’oublions pas, « je pense donc je suis ». (René Descartes).
Nicole Prieur et Isabelle
Gravillon nous guident à travers ce chemin tortueux à l’aide d’exemples
concrets, de conseils adaptés selon l’âge et de petites choses à mettre en
pratique. Par exemple, pour un enfant se dévalorisant : s’exercer à faire
une liste de ce qu’il aime ou non de lui, faire une « bd » de sa vie,
choisir un souvenir particulièrement heureux, ou encore, sur la notion de
bonheur, dresser la liste de quelques éléments heureux de la journée, décrire
son remède contre la tristesse ou faire un portrait chinois.
Nous rencontrons des exemples
tous les jours, tout à fait explicites pour les enfants. Des plantes qui
essaiment leurs graines avant de mourir afin de ne pas tout à fait disparaître,
aux ingrédients d’un gâteau qui se mélangent pour former un tout, à la petite
graine qui devient fleur, de la laide chenille au beau papillon.
Cela permet à l’enfant de
cultiver son jardin, de ne pas se laisser enfermer dans le réel mais de pouvoir
créer son petit « cinéma intérieur ». Les auteurs nous rappellent que l’enfant va
projeter ce petit film sur le monde extérieur, et ainsi lui en donner une
coloration très personnelle. Et que quiconque a une vie intérieure riche et
vivante, voit son sentiment de sécurité accroître.
La guerre, l’injustice, la
violence, l’amour, l’amitié, la mort, la différence, la liberté, la curiosité,
la responsabilité, la peur, la volonté, le courage font partie de nos vies.
Il est normal que l’enfant
exprime des interrogations et des angoisses, Schopenhauer soulignait il y a
déjà bien longtemps « c’est quand rien ne m’inquiète que c’est
inquiétant », le tout étant de trouver un interlocuteur aiguilleur.
N’oublions pas qu’ « en tant qu’être humain, nous sommes tous des êtres en devenir, avec le choix de revivre
les mêmes choses ou de les changer » (Nietzche), et qu’en tant qu’adulte,
nous nous devons de cultiver le capital « confiance en la vie »
présent en chacun des petits bouts que nous accompagnons.
Caroline
Nicole Prieur est philosophe et thérapeute familiale.
Intéressée par les relations entre individus, leur couple et leur famille, elle
fait partie du comité scientifique des colloques du Centre d’Etudes Cliniques
de Communications Familiales (CECCOF). Nicole Prieur intervient également au
niveau de la cour d’appel et des conseils généraux (adoption, divorce,
maltraitance…).
Isabelle Gravillon est journaliste, spécialisée dans les questions de famille et de
psychologie et coauteur de plusieurs ouvrages aux
éditions Milan et Albin Michel. Elle collabore à Femme actuelle, Enfants
Magazine et le Pélerin.
Pour aller plus loin :
Adultes :
Jean-Luc Aubert : « les
sept piliers de l’éducation- Quels repères donner à nos enfants ? »
Sophie Carquain :
« petites histoires pour devenir grand »
Lire en chantant des albums de comptines, Sylvie Rayna, Chloé Seguret, Céline Touchard, Erès.
Voilà, il est sortit, le nouveau livre qui émane de l’association LIRE à Paris, pour la quelle je travaille. Et cette fois ci j’ai eu le plaisir d’en coordonner l’écriture, aux cotés de Sylvie Rayna et Céline Touchard.
Il y est question du travail auprès de jeunes enfants, avec des albums qui se chantent. Il croise le regard de praticiens, de chercheurs et de scientifiques sur ces livres et sur les pratiques multiples auxquelles ils donnent lieux.
Vous pouvez lire des extraits issus du livre ici ou encore là.
Et comme je ne peux pas en faire une analyse, je vous propose le texte de la quatrième de couverture:
Premières formes de littérature ou objets hybrides, les albums de comptines rapprochant les générations et les cultures. Ils participent à la nidation culturelle, au travail d’enracinement, dont le besoin est immense dans un monde où rapidité, mobilité, migrations sont la norme.
Les différentes contributions à cet ouvrage soulignent, dans différentes situations données à voir et à entendre, cette bulle d’intimité et de tendresse créée autour de ces albums d’un genre nouveau, où adultes et enfants se voient offrir de parvenir ensemble à un lieu originaire et profond tant en eux-mêmes que dans la relation qui les unit Cette « enveloppe », proposée à la découverte du beau, du drôle de l’inattendu, de l’émouvant…, contribue en tant qu’espace de créativité, à une alternative culturelle, éthique et politique aux injonctions consuméristes, utilitaires et normatives de la société.
En cohérence avec les missions de L.I.R.E à Paris, cet ouvrage rend compte de nouvelles pratiques de lire-chanter avec les tout petits -dans les bibliothèques, les lieux d’accueil, les P.M.I…- destinés à éveiller chez tous et en particulier ceux et celles qui sont éloignés du livre et de la lecture, le désir du livre le désir de « lire avec », dans une optique d’ouverture culturelle et de plaisir.