Des albums de littérature enfantine à proposer aux bébés dès 1 an, parce qu’ils aiment déjà les histoires, chansons, imagiers. Il n’est jamais trop tôt pour leur proposer un éveil au livre.
Petit ouistiti et Gros Lion Martine Bourre, Didier jeunesse, 11€10
Martine Bourre inaugure avec ces deux albums une nouvelle collection chez Didier jeunesse, destinée aux plus jeunes lecteurs. Dans ces deux premiers titres, elle explore les expressions corporelle et les mimiques des bambins et joue de leur ressemblance avec des animaux.
Pour illustrer ses histoires, elle utilise quelques coups de crayons toujours très justes, du papier découpé qu’elle affectionne souvent et quelques couleurs vives. Les formes sont douces et rondes, le texte est court et chantant.
Dans chacun de ces deux albums, le texte parle d’un animal dans son milieu naturel alors que l’image montre un bambin dans un appartement. Les branches aux quelles se balance le petit ouistiti sont les bras des membres de sa famille, la grande plaine que le gros lion arpente est un couloir.
Les enfants ne s’y trompent pas une seconde, ils savent (et disent) que tout ça, c’est pour (de) rire. D’ailleurs alors que gros lion et Gazelle s’affrontent dans une roulade sur le plancher du salon, des figurines d’animaux au son confirment qu’on est entrés dans le jeu des enfants.
Une série prometteuse, dont j’attends la suite avec impatience.
Fruits, fleurs, légumes et petites bêtes… François Delebecque, les grandes personnes 15€
Isbn: 978-2-36193-222-0
Après les animaux et les moyens de transport, François Delebecque photographie le potager. Quand j’ai vu la couverture sur le catalogue je me suis dit « oui, la couverture est belle (avoir un album des grandes personnes entre les mains c’est toujours avoir un travail d’éditeur soigné), oui, la thématique est sympa mais bon, j’ai déjà tous les autres de ce photographe, est-il bien nécessaire d’avoir celui là aussi »
Et puis j’ai vu l’album dans ma librairie et la réponse s’est imposée. Il me le fallait. D’urgence. François Delebecque a la capacité de se renouveler dans chacun de ses albums alors même qu’il décline le même mécanisme à chaque fois.
On découvre dans les pages de ce livre les fruits dans un contexte inhabituel. On s’amuse à essayer de deviner comment les enfants vont recevoir les images: « tu l’auras reconnue, toi, la silhouette des pommes de terres, si tu n’avais pas su lire? » « Tiens, j’ignorais que les kiwis poussaient comme ça ». Et quand on soulève les caches, quelles surprises dans chaque photo! Ah, comme elles brillent ces cerises (« il les a essuyées, c’est pas possible! »), comme elles semblent douces ces pêches. Et puis quelle bonne idée d’avoir mis aussi les petites bêtes. Belles, touchantes ou, brrr, un peu dégueu, les enfants hésitent alors à toucher la photo. Et la surprise encore quand une double page présente les outils de jardin, ce que le titre avait omis (oui, l’image de couverture l’annonçait, mais non, je ne m’y attendais pas pour autant, j’ai encore des progrès à faire en lecture de l’image…)
Bref, encore un album qui ravit les enfants comme les adultes, qu’on aime regarder ensemble et qui donne envie d’aller voir dans le jardin comment ça se passe.
Plus d’images sur le site de l’auteur.
La maison dans la nuit, Susan Marie Swanson, Beth Krommes, éditions le genévrier, collection Caldecott.
« Voici la clé de la maison. Dans cette maison brille une lumière ». Une structure en randonnée qu’on retrouve dans beaucoup d’albums, comme Dans la petite maison verte ou encore Un cœur qui bat. Une structure classique qui laisse toute la place à l’illustrateur pour raconter l’histoire en image.
Ici, Beth Krommes a choisi le noir et blanc rehaussé seulement de jaune d’or. Jaune, comme la clé, le soleil, la lumière dans la maison. Dans la maison vit la famille d’un petit garçon, mais aussi trois chats et un chien. On peut les retrouver de pages en pages quand l’histoire se situe dans le foyer. Aucun n’est pourtant jamais mentionné par le texte.
Dans cette maison, il y a aussi un livre. C’est par les pages de ce livre, plutôt que par la fenêtre qu’on s’échappe vers l’extérieur, dans les cieux, jusqu’aux étoiles.
Mais, bien sûr, l’histoire est symbolique. L’enfant, livre à la main, est resté dans la sécurité du foyer, entouré des animaux.
L’histoire terminée, il est temps de se coucher.
Le graphisme singulier et la forme poétique du texte font de La maison dans la nuit un livre d’art.
Mon poussin Akiko Hayashi, Kiyoshi Soya, école des loisirs 6€50
isbn:978-2211090117
Dès la couverture, il y a ce décalage entre l’image et le titre. Le poussin est très seul, dans le soir tombant, malgré l’étoile qui l’éclaire, on s’inquiète un peu pour lui. Mais ce n’est pas un poussin, c’est mon poussin. Pendant tout le livre, il est accompagné et soutenu par la voix du narrateur.
Heureusement d’ailleurs, parce qu’il semble bien fragile ce petit poussin qui cherche, seul, un abri pour la nuit. Son plumage jaune tranche sur les couleurs froides du crépuscule.
Mais bien sûr, une maman poule veille toujours sur son poussin, même s’il ne la voit pas. Quand elle vient réchauffer son bébé endormi elle est rassurante et enveloppante.
Il est intéressant de noter que le petit a trouvé le sommeil tout seul, qu’il a puisé en lui même les ressources pour se rassurer. Je trouve ça plutôt chouette comme message, montrer aux enfants qu’ils ont cette capacité là. Et que, même si ils l’ont, leur maman veille et reste présente.
Bref, sans en avoir l’air c’est un petit album cartonné sympa, dont l’intérêt va au delà de la beauté et de la douceur des illustrations.
Comme souvent, c’est un enfant qui m’a convaincue, une fillette qui n’a pas deux ans et qui me l’a demandé en boucle pendant vingt bonnes minutes. Elle faisait une petite moue tristounette quand le poussin était tout seul et un sourire éclatant quand la poule vient le rejoindre.
Eté et Printemps Marc Pouyet Petite plume de carotte 9€90
isbn: 978-2-36154-048-7
et:
978-2-36154-047-0
La collection p’tit land art propose un support adapté aux plus jeunes, pour leur faire découvrir l’art de mettre en scène les éléments de la nature.
Présentés d’abord seuls sur un fond blanc, sur la page de gauche, chaque objet est ensuite disposé, organisé, associé à d’autres pour créer une œuvre éphémère.
Les marguerites soigneusement alignées, dépouillées d’une partie de leurs pétales, forment un carré parfait. Les fraises, qu’on devine juteuses, croquantes et appétissantes sont disposées en rectangle sur un rocher. Contraste des matières, les fruits semblent d’autant plus doux et lisses que la pierre est rugueuse.
Dans été des galets noirs, brillants et mouillés dessinent des petites traces de pattes sur le sable humide. Nul doute que cette photo évoquera des souvenirs de vacances aux plus jeunes et d’enfance à leurs parents. Quel bambin n’a jamais collectionné les petits cailloux?
Ces livres mettent ainsi en lumière le lien qui unit les artistes et les enfants: le plaisir de manipuler la matière, de mettre en scène, de collectionner, transformer les petites bricoles. Les feuilles de laurier deviennent un moulin, les bâtons tordus un arc-en-ciel. On s’émerveille de la ronde des feuilles dans l’eau, on s’étonne des spirales de cailloux. On a presque l’impression, à tourner les pages de ces albums de prendre un bain de nature.
Aux quatre albums sur les saisons ont succédé des ouvrages thématiques: Jardin, noir, rouge, jaune. Tous ceux que j’ai eu entre les mains ont le même charme, de véritables petits objets d’art, beaux et accessibles, qui font la joie des bébés et des plus grands.
Pourquoi dans toute la série, j’ai choisi de parler du printemps et de l’été? Parce que tout les moyens sont bons pour sortir la tête de l’hiver, voyons! Et que les livres sont encore le moyen le plus simple de s’évader du quotidien quand il ne nous convient pas.
Emmanuelle Houdart est une artiste qui a un style bien reconnaissable. Des couleurs chatoyantes, des images très rock’n’roll et sensuelles à la fois.
Dans cette boite à images, elle s’adresse aux enfants les plus jeunes. Le format, les pages cartonnées, les coins arrondis des livres en attestent. De prime abord, on est dans du classique. Quatre petits albums au nom très enfantin, nommés par de simples onomatopées: « Areuh! », « Miam! », « Grrr! » et « Argh! », dans un joli petit coffret cubique orné de petits cœurs. C’est mignon tout plein, on imagine déjà ces albums dans les mains potelées des bébés de quelque mois.
A y regarder de plus près, la petite canine pointue qui sort de la bouche d’un genre de fantôme sur la tranche du livre « argh! » interpelle un peu. Alors bien sûr, on sort les livres, on les parcourt, et on va de surprises en émerveillement.
Chaque album à sa thématique, comme son titre l’indique. Si on veut commencer en douceur, on prend d’abord « Miam! » ou « Areuh!, l’un consacré au quotidien de l’enfant, l’autre à la nourriture.
« Areuh » semble avoir une construction très structuré. On part de la maison, puis le baiser entre les parents, suivent l’image de la mère enceinte, enfin le bébé, qu’on peut voir grandir jusqu’à fêter ses 3 ans à la fin de l’album, en passant par quelques étapes clef comme les premiers chagrins ou la propreté.
La force d’Emmanuelle Houdart c’est qu’elle nous raconte tout ça sans un mot, et que la majorité de l’histoire se raconte entre les pages, c’est l’ordre et la succession des images qui fait sens.
« Miam! » est le livre de la gourmandise. La couverture nous met l’eau à la bouche, avec son image de cup-cake rose bonbon. Mais là encore, la surprise est au rendez vous. Oignon, carotte et choux semblent former les traits d’un visage. Face à face improbable entre un ver et un verre dans le potager. Image ambiguë où l’on se demande si l’on a affaire à une bouteille de vin ou à du sirop de violette. Les enfants et les adultes ont souvent des interprétations différentes de ces images. Sur la dernière page, une bouche pointue, aux lèvres d’un rouge charnel, tend une langue malicieuse. « Maman » à dit ma fille cadette en pointant les lèvres rouges. « vampire » à dit mon aînée. Petite discussion entre l’une et l’autre: « c’est une dame? » « Elle est gentille tu crois? » « Elle veut manger les bonbons », « elle fait une grimace, elle veut jouer ». Je me suis bien abstenue de répondre à leurs questions, elles savent lire les images au moins aussi bien que moi, je partage toutes leurs interrogations.
« Argh! » est l’album consacré aux peurs. Les peurs symboliques, les peurs rationnelles et irrationnelles, les grandes peurs et les peurs dont on n’ose pas toujours parler. L’album débute et se clos par deux images très fortes: une tête de mort d’abord, qui évoque bien sûr la peur de la mort et ces de deux visages, homme et femme qui se tournent le dos et pleurent. Séparés par la charnière de la page, ils ont les yeux rougis et semblent se chercher du regard, sans oser tourner la tête. Cette image de dispute, de séparation peut être, peut sans doute raisonner très fortement chez certains enfants. (les miennes y ont été totalement indifférentes, les genoux écorchés de la page précédente les a bien plus marquées)
Enfin « Grrr! », le bestiaire insolite. La sirène y côtoie un étrange kangourou vert, un âne aux œufs d’or (si, si) et des scarabées. La merveilleux et le terrible, l’étrange et le quotidien, la douceur et la noirceur.
Les images de ces livres sont toutes issues du très bel album Dedans, actuellement indisponible. En isolant certaines images, en permettant donc à l’enfant de faire un focus dessus, en leur donnant l’écrin d’un coffret, Emmanuelle Houdart leur a donné une nouvelle vie.
Ces images sont très éloignées de l’iconographie qu’on réserve habituellement aux jeunes enfants. Elles ne disent pas tout, elles gardent une part de mystère. On est certes loin de l’imagier du père castor. Ce ne sont pas des images pensées pour que l’enfant apprenne. Mais il me semble qu’elles nourrissent la psyché des enfants, qu’elles leur offrent des éléments de réflexions, qu’elles les stimulent.
Proposer ces albums à des jeunes enfants, c’est faire confiance à leur intelligence, les considérer comme des lecteurs de l’image compétents.
La boite à images a été élu pépite au salon de Montreuil cette année.
Un imagier pour jouer, Pascale Estellon, les grandes personnes. 12€50
isbn: 978-2-36193-224-4
Le titre annonce la couleur, cet album qui se déplie comme un paravent est un intermédiaire entre le jeu et le livre. On peut le poser sur un tapis, près d’un bébé. On pourra alors voir le bébé ramper vers le livre, essayer de l’attraper, le toucher, le gratter, le mettre à la bouche aussi sans doute. Le regarder dans un sens puis dans l’autre, à l’envers même. Le bébé découvre l’objet avec tous ses sens, avant de rentrer dans le contenu.
Pascale Estellon a pris la peine de paginer son album, indiquant ainsi aux parents un sens de lecteur. On commence donc avec la page du miroir. Permettre aux bébés de partir d’eux même pour s’aventurer ensuite vers l’inconnu est une très belle idée.
Après avoir observé son propre visage, le bébé découvre sur les deux pages suivantes deux visages stylisés, l’un qui sourit, l’autre qui fait la tête. Cette version très graphique de Jean qui rit/Jean qui pleure est facilement identifiable pour un tout petit, on sait que dès la naissance un bébé est capable de reconnaître une représentation de visage.
On note au passage que, pour une fois, ce n’est pas le visage blanc qui sourit mais le noir, je suis contente que la couleur noire ne soit pas (plus?) systématiquement associée à un aspect négatif.
Viennent ensuite les mains, sur lesquelles les enfants peuvent spontanément poser les leurs.Ils se mesurent, ils comparent: cette main est plus grande que la mienne mais plus petite que la tienne. Les plus jeunes grattent l’image qui est en relief.
Plus tard dans l’album, c’est un cheminement qui est proposé au bambin. On suit la route (un ruban de carton collé sur la page donc une fois encore en relief) et ses boucles, dans un geste qui préfigure déjà celui du tracé de l’écriture.
Succède un jeu de coucou et l’exploration des premières peurs puisque quand le mouton se cache, le loup apparaît et vice versa. Les bambins peuvent passer un temps infini à tourner la page dans un sens puis dans l’autre, à mettre le doigt ou à glisser un coup d’œil dans le trou pour voir sans se faire voir ce qu’il se passe de l’autre côté.
Enfin, l’album se termine sur une image plus complexe, celle d’un petit bateau qui tangue sur les vagues. Plaisir suprême on peut le faire bouger. Alors, entraîné par le rythme du balancement, on se surprend à chanter « bateau, sur l’eau, la rivière la rivière… » et l’enfant, joyeux, accompagne notre chant d’un bercement.
La fin de la chanson, quand le bateau chavire et que les enfants tombent dans l’eau clôt en beauté l’album. Mais on peut aussi le continuer puisque sa forme invite à revenir à la première page pour recommencer le cheminement du début.
Un joli travail d’artiste et un ouvrage très adapté aux plus jeunes des enfants, solide en plus (pour une fois la charnière est en tissus, on peut le plier dans tout les sens sans l’abîmer) en font un album qui devrait trouver sa place dans toute les sections de bébés de crèches.
Tout commence par un grand Boum et aussi tôt, le monde est rempli. Avec en son centre, le bébé. Le bébé qui est à l’origine du monde, qui l’éclaire, qui lui donne du sens. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel se déploient autour de lui. Tout les animaux, végétaux humains sont là, entourant le bébé qui flotte, comblé, dans cet univers fait pour lui. Il est couronné d’une lumière qui lui donne la connaissance. Si puissante qu’il peut voir le passé comme l’avenir.
Mais cette plénitude ne peut durer toujours, bébé est attendu, il va bientôt devoir naître. La grande sage femme éteint la lumière et pose don doigt sur la bouche du bébé « chuuut », laissant son emprunte sur la lèvre supérieure.
Anaïs Vaugelade nous offre ici une version laïque du conte hébreu où c’est un ange qui impose le silence au bébé.
Elle y a glissé les héros des enfants (Mary poppin’s, le chat bus, superman) et une maman bienveillante qui s’assure que la transition ne soit pas trop rude pour le bébé. Elle garde en secret un morceau de la couverture doudou qui sera le lien entre le monde d’avant et celui d’après.
L’ensemble forme un album d’une grande douceur qui, à mon avis fait parfaitement échos au ressenti des enfants: au fond, ils ont tous à un moment imaginé que le monde était né avec eux.
Petites comptines pour grands tableaux Virginie Aladjidi, Palette 14€
isbn: 2358320099
Plus je travaille avec des enfants, plus je leur lis des livres, et plus je suis convaincue qu’il n’y a aucun domaine artistique au quel ils ne soient hermétiques. La culture enfantine, celle qui se transmet bien souvent à l’oral, dont la comptine est sans doute la forme la plus accessible, se marie à ravir avec la Culture avec un grand C, celle des adultes et des musées. C’est le pari réussit de Virginie Aladjidi qui propose dans cet album de mettre en vis-à-vis sur chaque double page une comptine et une œuvre d’art d’un grand maître.
C’est ainsi qu’à la chanson « au clair de la lune » elle associe un tableau de Miro, « baigneuse ». Le tableau n’illustre pas la chanson. Il l’éclaire avec une lumière différente, il propose à l’enfant une piste de lecture, d’interprétation.
Les comptines choisies sont très connues, issues de la culture populaire dans le sens le plus noble du terme.
Quand je propose à un enfant qui ne m’a jamais vu de lui lire un livre, c’est souvent très facilitateur de lui chanter une chanson qu’il a déjà entendue en famille ou à la crèche. Il est ainsi tout de suite dans un domaine connu, un cadre rassurant pour lui.
Les tableaux en revanche, ne font généralement pas partie du quotidien des enfants. Ils découvrent alors avec grand plaisir ces images qui sortent de l’ordinaire. Un mélange tout à fait équilibré entre le quotidien et l’insolite, dans le quel les enfants peuvent se repérer et découvrir un univers.
Je n’ai encore jamais rencontré un enfant désorienté par les œuvres de cet album, même quand elles sont très abstraites, comme « album le rouge » de Gérard Fromanger, qui accompagne « 1,2,3, nous irons au bois » ni quand elles sont très éloignées de l’iconographie adressée aux enfants, comme « Le cheval rouge » De marc Chagall, qui accompagne « c’est Gugus avec son violon »
Au contraire, leur regard navigue très naturellement d’une page à l’autre, du tableau au texte. Le texte d’ailleurs, qui se prête particulièrement à ce lien, puisque la typographie lui donne des faux airs d’illustrations: Il s’enroule sur lui même, sautille, la taille et la couleur des lettres varient selon la chanson.
Bloub-bloub-bloub Yuchi Kasano, école des loisirs 8€70
isbn: 978-2-211-21729-3
Dès qu’on ouvre l’album, on sent le vent chaud qui souffle doucement et l’odeur de la mer. On est déjà en vacances. Un bambin flotte sur sa bouée, tranquille, seul au milieu de l’eau, il a l’air très détendu. Dans le ciel, le soleil est rond comme sur un dessin d’enfant. Et une mouette le survole. Mais, bloub, bloub, bloub, qu’est ce qui arrive, là, par en dessous? Légèrement inquiet, le mouflet attend de voir ce qui va surgir de l’eau. Oh, la bonne surprise, c’est papa. Un papa à lunettes de plongée et au grand sourire, qui soulève son petit haut dans le ciel. Parce que c’est bien connu, les papa, c’est grand et fort. Mais, bloub bloub bloub, y aurait il plus fort et plus grand encore?
Cette fois le bambin est ravi de monter plus haut encore, mais le papa est moyennement rassuré quand la tortue le soulève hors de l’eau. De bloub bloub en bloub-bloub-bloub, les animaux de plus en plus gros vont se succéder et l’empilement devenir de plus en plus périlleux. Le père a les yeux qui s’arrondissent alors que l’enfant est de plus en plus joyeux. Quand il est finalement plus haut que le soleil, la mouette vient naturellement se poser sur la pile… Mais c’est le moment où, patatras, comme une pile de cubes en bois tout s’effondre.
Le lien avec les jeux d’empilement cher aux enfants est évident, tout comme le plaisir qu’ils ont à écouter cette histoire. Comme il est bon d’être grand ainsi. En sécurité dans les bras paternels, l’enfant se régale et il est prêt à recommencer derechef dès la chute. Comme d’ailleurs les enfants à qui on lit cet album et qui demandent immanquablement une relecture immédiatement. Et indéfiniment. Heureusement, on ne s’en lasse pas trop, le texte est précis, rythmé et agréable à lire, l’image pleine de petits amusements, en particulier le contraste entre la bouille ravie de l’enfant et celle du père.
Réédité en version cartonné, pour les petites mains maladroite, qui se prête bien à ce sens d’ouverture et permet de présenter le livre posé comme un château de carte sur une table.