Des albums de littérature enfantine qu’on peut proposer aux bébés dès la naissance. Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour aimer écouter des histoires et regarder des images. Les enfants apprécient beaucoup ces moments d’éveil au livre.
L’autrice poursuit sa série d’albums poétiques et délicats autour des grands phénomènes naturels, cette fois elle réussi le tour de force de m’enchanter avec un album sur la pluie.
Je déteste la pluie. Mais la première double page montre de magnifiques lupins en fleurs et il n’en faut pas plus pour me ravir. Comme dans les autres titres, elle met en scène des enfants épanouis et joyeux, qui se passent fort bien de la présence d’adulte, et jouent à l’extérieur. Il s’en dégage un profond sentiment de liberté, surtout quand les gouttes en tombant transforment le potager en gadoue, plaisir sensoriel suprême.
On retrouve comme dans les autres opus le vernis sélectif sur certains éléments de l’image, qui convient particulièrement pour mettre l’eau en valeur. Le texte qui est un véritable poème à hauteur de tout petit. Les pages cartonnées aux bords arrondis. Et en prime plein d’animaux adorables.
Ce sont vraiment des albums qui se sont imposés dans mon travail auprès des bébés, ils sont faciles à utiliser et séduisent autant parents et professionnels que les enfants eux-même.
Au point que j’espère qu’Anaïs Brunet va poursuivre la série (ce qui, a priori n’est pas dans ses projets). Je verrais bien un titre sur la brume. C’est joli aussi la brume, et ça permet d’amusants jeux de cache-cache. Oui, un titre sur la brume, ce serait bien.
Pon pan, Katsumi Komagata, les grandes personnes, 2024, 10€50 En vue d’une conférence sur les livres d’artistes que je prépare pour fin mars dont le programme est ici, je lis beaucoup de livres assez atypiques aux enfants en ce moment. Je vais donc faire plusieurs articles les concernant en axant mon propos sur la façon dont les enfants les reçoivent, puisque telle était la demande pour ma conférence. Pon Pan est de ceux-là.
Des points orange sur la page blanche, parfois des trous, une onomatopée qui se répète de pages en pages. Voilà les éléments qui composent cet album. On ne peut pas faire plus simple.
D’abord un point orange dans l’exact centre de la page. En lettres noires il y a juste écrit « pon ». Ok. Puis à la page suivante il y a deux points et le mot est répété deux fois. Logique. Quand ils sont trois deux d’entre eux sont en réalité des trous qui laissent apparaitre les ronds de la plage suivante. Tiens, ça surprend. Puis il y a des variations de taille des ronds qui correspondent à un changement de taille de police. Logiquement, quand c’est écrit plus gros, on lit plus fort.
L’auteur, Katsumi Komagata, adresse ses livres aux enfants très jeunes, il cherche à créer chez eux surprise et émerveillement.
Quand je montre Pon Pan à un bébé, je mesure que l’effet est réussi. Les yeux s’ouvrent en grand, la bouche aussi souvent, je vois l’amusement sur les petits visages.
Je ne sais pas ce qu’ils en comprennent. Je ne suis pas sûre que la question soit pertinente. C’est un livre qui s’éprouve, se ressent plus qu’il ne se comprend.
Sur le site de l’éditeur, on peut lire « Un petit rond, nommé PON, se transforme et se multiplie au gré des pages et des découpes, faisant naître un jeu malicieux sur les sonorités ! »
C’est marrant, ce n’est pas du tout comme ça que j’avais interprété ce livre.
Pour moi le rond n’est pas un personnage, il est l’incarnation d’un bruit qui se multiplie, se répercute, explose pour devenir pan.
Pour moi ce livre est la représentation d’un feu d’artifice à portée de bébé.
Et mon interprétation est tout à fait valable. Je ne prétends pas qu’elle est « juste » et encore moins qu’elle est préférable à celle de l’éditeur.
Mais en tant que lectrice de ce livre, j’ai le droit de l’interpréter comme je l’entends (c’est même la seule chose que je peux en faire).
Et les enfants ont ce droit aussi, comme toute personne qui ouvre cet album.
Au relais d’assistantes maternelles, je l’ai lu à un petit garçon de 2 ans et demis. Je tournais les pages rapidement, ma lecture était très rythmée, presque chantante, avec des accélérations et des moments plus calmes, qui me semblent induits par l’image elle même. Mais lors de la lecture suivante, il a prit le livre en main et a tourné les pages lui même. Le rythme était beaucoup plus lent, il prenait le temps de passer les doigts sur les ronds, dans les trous, faisait parfois des allers retours entre les pages. Parfois, pointant un des ronds il disait « il est là ». Puis, quand les points forment un cercle il m’a dit « c’est la ronde ». Visiblement il a lui aussi sa propre interprétation de cet album, et c’est très bien comme ça!
Et vous, vous le comprenez comment ce livre? N’hésitez pas à me raconter, ça m’intéresse beaucoup.
Livre magique 4: Le bonbon, Fanette Mellier, MéMo, 2023, 16€ En vue d’une conférence sur les livres d’artistes que je prépare pour fin mars dont le programme est ici, je lis beaucoup de livres assez atypiques aux enfants en ce moment. Je vais donc faire plusieurs articles les concernant en axant mon propos sur la façon dont les enfants les reçoivent, puisque telle était la demande pour ma conférence. Un livre magique est de ceux-là.
Quand je l’ai amené au relais d’assistantes maternelles, j’ai annoncé que j’étais curieuse de la réception de cet album, autant par les adultes que par les enfants.
D’emblée, la couverture est attractive, avec cette forme de bonbon qui brille. Mais l’intérieur, une simple forme verte qui prend d’abord toute la page, disparait petit à petit dans le pli central du livre puis revient en différentes couleurs, peut déstabiliser.
Le livre est d’abord passé de mains en mains auprès des assistantes maternelles présentes. Elles ont fait des suppositions (« c’est un poisson? Ah non, un bonbon plutôt »), ont feuilleté, ont noté la surprise quand les pages au centre de l’album deviennent vides, puis le contraste entre la couleur un peu terne du début et celles, très vives, de la seconde partie du livre.
Puis, une première petite fille, qui avait un peu moins de deux ans, s’est approchée pour voir. Debout aux côtés de son assistante maternelle, elle a observé la forme changer au fil des pages, puis, pointant l’image, a prononcé « petit ? » Voyant la forme rétrécir encore à la page suivante elle a répété : « Petit, Petit ! » et quand soudain la page est toute vide elle a pointé le centre, là où la forme a disparue, comme engloutie par le pli du livre elle l’a montré en s’exclamant « Oh ! Oh ! », son regard allait du livre au visage de son assistante maternelle, elle manifestait une vive surprise en sautillant sur place d’excitation.
On se demande parfois si les enfants vont comprendre le propos du livre. Ici la fillette a parfaitement saisi le jeu d’apparition/disparition, et visiblement l’aspect tour de magie recherché par l’autrice est parfaitement passé. Contrairement à nous adultes, elle n’a pas eu besoin de lire les indices (se fier au titre ou à l’image du chapeau haut de forme présent sur la couverture) pour ressentir plus que comprendre ce qu’on lui proposait dans ce livre.
Au cours de la même séance j’ai également montré ce livre à un bébé de 6 mois qui l’a observé avec une grande attention, les sourcils froncés comme en proie à une réflexion intense. Puis à un autre presque du même âge qui l’a regardé en riant qui a tapé de ces petites mains sur les pages puis a voulu l’attraper pour le porter à la bouche, histoire de voir s’il est savoureux sans doute.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans la tête de chacun d’eux. Est-ce que cette expérience de lecture a participé à leur compréhension de la permanence de l’objet ? Est-ce qu’ils ont reconnu la forme du bonbon dans des couleurs différentes ? Mais je ne doute pas que ce moment leur a apporté quelque chose. Quelque chose qui leur appartient et qu’il n’est pas nécessaire d’analyser.
Birds, Damien Poulain, éditions du livre, 2023, 15€
Qu’est-ce qui permet de reconnaître à coup sûr un oiseau? Faut-il des ailes? Des plumes?
Par quelles inférences les enfants sont-ils capables très tôt d’en identifier un qui leur est montré de façon très parcellaire?
Dans ce petit pèle mêle aux pages cartonnées, les bambins ne s’y trompent pas, ils savent dès les premières pages qu’on leur montre des yeux et rapidement identifient également le bec et peuvent nous dire, en pointant fièrement les pages: « C’est un oiseau ». Ce qui n’était pas donné par le titre, puisque la plupart des enfants avec lesquels je travaille ne parlent pas l’anglais.
On le sait depuis longtemps, les bébés reconnaissent une représentation stylisée d’un visage dès leur naissance. Ils ont un attrait particulier pour tout ce qui leur évoque les yeux. Aussi les formes colorées proposées ici par Damien Poulain leur semblent-elles d’emblée familières et attractives.
Les mouflets un peu plus grands cherchent parfois la précision: C’est une chouette, à n’en pas douter! Une fois un enfant de 5 ans, féru de documentaires animaliers m’a dit sa mère, m’a expliqué doctement que sur l’une des pages il s’agit incontestablement d’une mouche et non d’un oiseau.
Libre à lui de le penser, d’ailleurs, à bien y regarder, je suis assez d’accord avec lui. Tout comme je partage le point de vue de cette fillette de 3 ans qui en tournant les pages me disait pour chaque oiseau formé « Il est content » ou au contraire « il est fâché » et, dans un souci de nuance sans doute, a également annoncé « il est pas très content ».
J’aime les albums qui incitent les enfants à parler, à penser, et qui attirent le regard des bébés. J’aime aussi cette première expérience artistique que font les enfants avec ce livre aux formes épurées qui nécessitent une interprétation personnelle.
7 comptines d’oiselles et d’oiseaux, Sarah Cheveau, Thierry Magnier, 2023
Quand on lit des albums à des bébés depuis des années, on devient naturellement très sensible à la musicalité des textes.
On sait ce qui va agréablement chatouiller les oreilles des tout-petits. Les assonances ou allitérations, les sons inhabituels, les répétitions et un rythme travaillé, pensé pour l’oralité sont les ingrédients qui ont généralement du succès.
Côté image, ils aiment souvent les couleurs vives, les contrastes.
Et l’histoire? Avec les bébés elle est d’abord secondaire, ils cherchent le plaisir du son avant celui de la compréhension. Mais au fil des relectures, ils finissent par déceler le sens du récit, en tisser la signification.
L’autrice Sara Cheveau a pensé cette petite série de 7 livres pour les tout-petits. Elle a minutieusement réfléchi à chaque syllabe, à la place de chacune des images, à la palette de couleurs, vives bien sûr, et restreinte pour plus de lisibilité sans doute. On peut y lire que « le coucou fait coucou à la poulette qui caquette cot cot codec », et les réactions des bébés ne manquent pas d’être saisissantes.
Mais, mine de rien, ces livres racontent aussi des choses. Une histoire pour grandir, une autre poétique, un soupçon de peur, une histoire qui décoiffe, une autre sur les formes, chacun son style et selon leurs goûts ou leur âge les enfants auront leur préférence.
Ces sept petits livres se présentent comme des objets précieux dans un écrin, un coffret qui les réuni, lui aussi très travaillé, jusqu’aux petits oiseaux en fond de boite qui n’échappent pas à l’œil attentif des bébés.
Ils se prêtent à une lecture intime, incitent à une complicité avec l’adulte qui lit et offrent de nombreuses possibilités d’exploitation par les petites menottes.
Coricoco, Charline Collette, Seuil jeunesse, 2023, 12€50 Cet album accompagne en douceur l’enfant dans la nuit.
Le constat d’abord: Le coq ne chante pas, les cloches ne sonnent pas, la voiture est au garage, mais pendant que toi tu dors, d’autres s’activent encore.
Cette phrase se décline sur trois pages, texte à gauche (dans une jolie écriture cursive, à la rondeur rassurante, qui confère à la page un petit air désuet) image à droite. C’est la nuit, les couleurs sombres dominent, et il se dégage de l’image du bébé endormi une atmosphère des plus paisibles.
Suit une énumération des métiers nocturnes: La gardienne allume le phare, l’électricien répare le train, la routière guide son camion.
En fin d’album nous revenons naturellement vers l’enfant à qui s’adresse le livre. La nuit a manifestement été paisible, et voilà que, coricoco, le coq chante le moment du réveil.
Un album contemplatif, de nature à accompagner un endormissement serin. Conscient du monde qui continue de tourner autour de lui, le tout-petit peut s’endormir tranquillement, et quand le jour se lève, de nouvelles découvertes s’offrent à lui.
Les belles peintures de Charline Collette (qui m’avaient déjà séduite dans un précédent album) subliment les métiers de la nuit comme le bébé endormi.
Bloom, Julie Safirsten, éditions du livre, 2021, 20€
De temps en temps j’achète pour mon travail un livre totalement atypique. Dans le milieu on les nomme livres objets, livres d’artiste ou encore livres singuliers. C’est cette dénomination qui a ma préférence, car tous les livres sont pensés aussi dans leur matérialité et qu’il est bien difficile d’estimer que tel illustrateur est un artiste et pas tel autre.
Les éditions du livre sont spécialisées dans ce type de livres. Bloom est l’un d’eux.
Le livre invite à la sensation, en le manipulant on peut former une boule, ce qui nous donne l’impression d’assister à l’éclosion de la fleur, magnifique, étonnante.
Quand on le montre à un jeune enfant, il créé de l’émerveillement. Comment une fleur peut-elle surgir de ce petit objet? Comment a-t-elle disparu si rapidement?
Le jeu se reproduit, les petites bouches des bambins s’ouvrent, esquissent un sourire, les yeux s’écarquillent. Ils veulent toucher aussi, pour en découvrir les secrets.
J’avoue que c’est un des livres que je ne laisse pas les enfants mettre à la bouche. Bien trop fragile, il n’y résisterait pas. Mais je les accompagne dans la découverte sensorielle par le toucher, en veillant à la délicatesse de leur geste. Les enfants les plus grands et les adultes imaginent bien des prolongements au moment de lecture: fabriquer à son tour des fleurs de papier, en reproduisant le pliage du livre ou dessiner des pétales colorés.
Bloom est un album qui est finalement assez facile à présenter aux enfants, ils sont ouverts et apprécient la découverte. Du côté des adules, certains sont déroutés par cet objet qu’ils ne savent pas où classer.
Mais n’est-ce pas une des fonctions de l’art, de dérouter son spectateur?
Pour voir Bloom en situation, je vous invite à visiter la galerie de photo sur le site consacré à la lecture en salle d’attente de PMI, sur l’une des photos la lectrice le présente à une mère et son bébé.
Loin de moi l’idée qu’il faut absolument des albums cartonnés pour lire avec les bébés. Je dis même régulièrement en formation qu’il y a plein de livres en papier adaptés avec les nourrissons, qui ont un temps d’attention parfois long et qui n’abîment pas tellement les livres.
Ça se complique avec les enfants qui commencent à se déplacer, mettent les livres dans la bouche et veulent tourner les pages eux-mêmes!
Cependant, parce que c’est pratique, parce que c’est un peu moins cher et parce que ça permet de garder les mêmes livres quand les enfants grandissent, on me demande très régulièrement des albums aux pages cartonnées.
Les éditeurs connaissent bien cette demande et rééditent souvent des livres à succès dans ce format (citons par exemple ceux de Chris Haughton ou encore le très réussi Bébé au marché).
Dans les sorties récentes j’ai repéré entre autre ces quatres petits albums que j’aime bien lire avec les bébés, qui sont agréables en bouche, et qui plaisent aussi aux adultes qui accompagnent les enfants (ce qui, vous le savez, est un critère important dans mon travail)
C’est le troisième album de ce format proposé par l’atelier SAJE et, comme les deux précédents, il se reconnaît à son style épuré, ses couleurs vives, ses lignes simples. Les pages sont animées (on peut faire tourner le petit hérisson ou le cacher dans le feuillage) mais tout de même solides. Et ici, petit intérêt supplémentaire, le texte est une comptine (Qu’est-ce qui pique pique pique, qu’est-ce qui pique quand on le prend? C’est mon hérisson mesdames, c’est mon hérisson. Ceux qui la connaissent l’ont désormais dans la tête pour la journée. De rien.)
Un livre accroche idéal, qui attirera l’oreille comme le regard.
C’est parti, petite souris, Emmanuelle Halgand, Motus, 12€
C’est parti petite souris joue également sur des lignes pures, et des images très lisibles. Pas de comptine ici mais un texte très court, celui prononcé par une petite souris malicieuse qui n’hésite pas à aller voir les animaux les plus imposants. Mais elle file si vite de pages en pages qu’ils n’ont même pas le temps de réagir, hop, la voilà partie.
L’histoire de cette petite souris qui n’a pas froid aux yeux ravit les petits, tout comme la diversité des animaux représentés.
Hi! Colette, Catherine Louis, HongFei, 10,90
Hue, Oh, Eh, Ah, Hi, voilà le tout dernier de la série de Catherine Louis!
Comme les autres, il est illustré par des gravures où le noir et blanc domine. Ici le rouge surgit en fil d’album.
Bien qu’il n’apparaisse pas sur la couverture le héros de ce petit album est le chat noir, qui va retrouver la petite Colette pour des jeux pleins d’imagination. C’est simple et joli, le contraste noir, blanc et rouge est toujours très efficace pour lire avec les bébés, il attire leur regard immanquablement. D’ailleurs, cette petite collection a déjà montré ses qualités puisque ce sont des livres qui sont très souvent choisis par les petits.
L’escapade, Marine Schneider, Cambourakis, 10€
Du noir et blanc ici encore (nous savons combien les bébés sont sensibles aux contrastes) à l’exception de la couverture et d’un mot sur chaque page écrit en orange.
Bravant la pluie, un narrateur invisible décide de faire une petite promenade. Il enfile ses bottes et hop, dehors. Il voit des animaux, observe la nature. L’image montre un focus sur un élément important, montré en noir sur fond blanc. C’est très joli et efficace.
Dans l’univers, il y a mon papa, Gigi Bigot, Julia Spiers, Didier jeunesse, 2023, 14€
« Dans l’univers, il y a la terre. Sur la terre, il y a un pays. »
Cette structure narrative issue du poème Dans Paris il y a, d’Eluard, on la retrouve dans de nombreux albums.
Sans doute parce qu’elle permet de faire un focus sur un sujet qui préoccupe l’enfant.
J’aime voir la façon dont auteurs et illustrateurs s’en emparent pour en faire une œuvre singulière, qui reflète leur univers.
Ici, il y a les gouaches de Julia Spiers, qui attirent immanquablement le regard.
Au texte, Gigi Bigot joue sur l’effet de zoom et dé-zoom pour évoquer l’éloignement des êtres et du rapprochement des cœurs.
Car dans les rêves d’un enfant qui est ici, il y a un père qui est là-bas. Et dans ceux de ce papa qui est loin en mer, il y a son p’tit gars.
Les illustrations, qui mêlent l’étrangeté du rêve et le réalisme du quotidien abolissent les distances. Père et fils, réunis sur la couverture, sont ensemble grâce aux rêves qu’ils font l’un de l’autre.
Le thème de la séparation et de l’amour père enfant, mais aussi la douceur poudrée des illustrations et le rythme du texte rendent cet album très accessible aux tout petits. L’universalité du sujet attirera également les plus grands. Et le charme infini des images en font également un régal pour les adultes.
Dans l’univers il y a mon papa aurait donc toute sa place dans la sélection des cadeaux de naissance!
Comment poussent les pastèques, Eizô Hirayama, les grandes personnes, 2023, 18€
Il n’y a pas à dire, le noir et blanc donne toujours une certaine classe aux illustrations.
On peut s’étonner de ce choix pour un album sur la pastèque, tant ce fruit se caractérise graphiquement par le contraste du vert de l’extérieur et du rouge de l’intérieur, rehaussé par les graines noires.
Et pourtant, cela fonctionne bien et l’ouvrage est très beau.
Il raconte avec précision le cycle de vie de la pastèque.
Les insectes ont bien sûr leur rôle à jouer. On peut les repérer dans l’image, à condition d’en faire une lecture attentive (ce que font les enfants, ils sont très doués pour voir le détail qui nous avait échappé)
Après la naissance et la croissance du fruit il est cueillit et dégusté par un gourmand invisible. Une nouvelle graine promet une prochaine pousse. Le texte, concis et descriptif fait de Comment poussent les pastèques le plus poétique des documentaires.
Publié pour la première fois au Japon en 1974, cet album frappe par la force de ses illustrations, qui n’ont rien de désuets et la qualité de son texte, épuré et agréable à lire à voix haute.