Le petit inuit connait tous les gestes. Son père lui a enseigné comment devenir un bon chasseur.
Se lever tôt, choisir ses armes, atteler les chiens au traineau, l’enfant sait faire.
Comme son père lui a appris, il prépare sa ligne et son harpon, il guette en silence, il est prêt.
Mais, quand le phoque apparait, il ne peut pas le tuer…
« Comme mon père me l’a appris, nous sommes tantôt faibles, tantôt forts ».
Pères: images de la paternité à travers le monde G. Hardy Géo
isbn: 9782906221659
Ce n’est pas (spécialement) un livre pour enfant, ce n’est même pas un livre sur les livres pour enfant, c’est juste un coup de cœur.
Comment sont les pères? Que font ils avec leurs enfants? En Espagne, en Afrique du sud, à Cuba, comment chacun, avec sa culture et son histoire, prend soin de son bébé? Les clichés des reporters de Géo, qui se mêlent à des images d’archives sont fabuleuses. Les légendes sont précises et documentées.
Chaque photo raconte une histoire. Ce livre ne prétend pas résumer toutes les formes de « paternage » dans le monde, chaque histoire est singulière.
Ce père tibétain qui traverse avec son fils un torrent gelé, celui là, français, qui assiste ému à la naissance de son bébé, cet autre qui porte son bébé sur les épaules dans la chaleur de l’Afrique du sud. Tous sont très différents, tous sont touchants.
Loin des bons sentiments qui essaieraient de nous faire croire que tous les pères aiment leurs enfants de la même façon, ce livre reflète avec justesse la diversité et la richesse de chaque culture.
Un livre que les parents peuvent partager avec leurs enfants, qui adorent regarder les photos et posent plein de questions.
isbn: 2211039553
Il y a des livres qui ne vieillissent pas. « bébé » est de ceux là. Je ne suis pas très objective, je l’avais étant enfant. Aujourd’hui je le lis à ma mouflette et elle en éprouve le même plaisir que moi.
Le bébé de madame Bontemps est si bien dans le ventre de sa maman. Il mange de la brioche, il regarde les peintures faites par sa maman et en plus elle lui parle de tout ce qu’elle fait. Il y est si bien… Qu’il décide d’y rester pour toujours.
Madame Bontemps est désespérée de l’apprendre, elle pleure dans son grand tablier. Tous les membres de la famille vont tour à tour essayer de convaincre le bébé de sortir de son sa confortable demeure, en vain. Je crois que la très grande réussite de cet album tiens à l’illustration, quelle bonne idée d’avoir représenté le bébé dans le ventre de sa mère, à travers ses vêtements. C’est vrai qu’il a l’air bien là.
Il va falloir le retour du père pour que le bébé de madame Bontemps découvre qu’il y a des choses qu’on ne peut pas avoir de là où il est… Et quand il se décide enfin à sortir, c’est sans même attendre le médecin qui va l’aider à naitre.
Un classique qui n’est pas près de se démoder.
La chasse à l’ours M. Rosen H. Oxenbury kaléidoscope 19€
isbn: 978-2877671996
Un jour de printemps et une famille à l’enthousiasme communicatif, nous
voilà en route pour la chasse à l’ours. Joyeusement, nous allons
surmonter ensemble les épreuves du chemin. C’est même assez amusant de
traverser les hautes herbes, de s’enliser dans la boue, de patauger dans
la rivière.
Bon, dans la foret et la tempête de neige, on fait déjà moins les malins…
Et quand la grotte se dresse devant nous, le rythme s’accélère.
Ce n’est pas pour rien que cet album est un classique. La mise en page, l’alternance d’illustrations en couleur et en noir et blanc, la musicalité du texte, tout est réussit. Il existe aussi en version animée, avec un relief impressionnant. Personnellement je trouve que ces gadgets ne sont pas utiles, l’histoire suffit à intéresser les enfants telle qu’elle est présentée dans la première version, mais les enfants adorent.
A noter: il existe deux traductions de cet album, les deux sont bonnes mais j’ai une préférence pour celle de Claude Lauriot Prévost, c’est d’ailleurs celle qui est actuellement disponible.
En bonus, une vidéo de l’auteur qui chante son texte, c’est en VO mais ça se passe de sous-titre, attention, l’air reste dans la tête, mais c’est tellement bon!
En 2016, Helen Oxunberu a illustré un nouvel album dans le sillage de la chasse à l’ours, Dodo l’enfant do, écrit par Thimothy Knapman qui est également une très belle réussite.
Les heureux parents L. Bourget Emmanuelle Houdart Édition Thierry Magnier 16€
isbn: 9782844207821
J’étais partie pour acheter un livre à mon filleul mais j’ai finalement acheté cet album pour ses parents.
Habituellement, quand le prince épouse la princesse, l’histoire se termine. Celle là commence ici. Ils sont réunis et bientôt une graine vient à germer dans le ventre de la princesse. Et les épreuves vont commencer…
Par leurs vêtements et les objets représentés ils sont de tout les pays, de toute les époques. Et par leur préoccupations, c’est nous. Nous, les parents normaux, débordés, inquiets, émerveillés par leur progéniture.
Quand la princesse, la peau du ventre tendue, ne se reconnaît plus, affublée par l’illustratrice d’une queue de sirène, quand le prince se sent délaissé, quand il faut répondre à de multiples questions, on ne peut que s’identifier à eux.
Raconté autant par l’image que par le texte, avec humour et justesse, la vie de famille se décline dans ses plus mauvais moments, les difficultés inhérentes au statut de parent. Ce qu’il y a d’étrange et de très réussit c’est qu’on referme le livre en se disant tout de même que c’est un sacré bonheur d’être parent! La tendresse et l’amour crèvent les yeux, à chaque page.
Les heureux parents est un album idéal pour un cadeau de naissance, à condition de s’assurer que les parents soient suffisamment rock’n’roll pour en apprécier l’humour, bien sûr. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez trouver d’autres idées ici.
La boite des papas A. Le Seau école des loisirs 12.50€
Depuis le temps qu’on attendait que l’école des loisirs réédite enfin la série des papas, les voilà sous une autre forme. Au début j’étais dubitative devant ce petit format parce que le très grand format faisait partie du plaisir de ces livres. (La toute première édition était plus petite encore, non cartonnée mais pour le coup je préfère vraiment les cartonné, ce qui chez moi n’est pas coutume).
Mais en lecture individuelle ces petits livres sont un plaisir à manipuler pour les enfants. (En groupe ils ne valent pas les précédents, c’est clair)
Ce sont donc quatre petits livres, dans une boite, à la couverture rouge, au dessin franc, presque enfantin. Le papa, très grand, toujours montré avec son fils, qui parait minuscule et admiratif.
Les illustrations sont drôles, le texte très court mais suffisant, une phrase à peine par page, en quelques pages la multiplicité des attitudes paternelles sont croquées avec humour.
Chaque album à sa structure grammaticale qu’on retrouve au fil des pages.
J’aime bien, les enfants aiment beaucoup, je suis contente de les retrouver en librairie, je regrette un peu que l’éditeur ait fait un choix un peu frileux en éditant ceux qui sont les moins sujets à polémiques, j’espère trouver le bien plus subversif « papa roi » dans une prochaine boite rapidement.
Jafta Hug Lewin, Lisa Kooper, Ecole des loisirs 5, 50 €
L’édition lutin poche regroupe 3 histoires de jafta.
La première nous présente le petit garçon. Quand il est content il ronronne comme un lionceau, quand il est fatigué il aime paresser comme un lézard ou se sentir tendre comme un agneau.
L’illustration à l’aquarelle, très douce, montre l’enfant en compagnie des animaux. L’utilisation des couleurs beiges ou marron évoquent la couleur de la terre et de la peau de l’enfant.
L’histoire suivante est consacrée à sa mère, une femme « comme la terre, généreuse, chaleureuse, brune et robuste. » A travers ce portrait on se fait une idée de la vie quotidienne au village d’Afrique de Jafta, les jeux, le travail de la terre, le conteur du soir…
La dernière histoire enfin raconte le retour, le retour tant attendu du père de Jafta.
Parti travailler à la ville depuis plusieurs années il est enfin de retour, son fils va pouvoir lui raconter tout ce qu’il a manqué, du mariage de la fille aînée au bal du meeting pour la liberté.
Un livre à la fois très doux et très fort, poétique mais très accessible, je l’aime beaucoup.
Ne bouge pas! Nakawaki Hatsue, Komako Sakaï Ecole des loisirs 10€
Décidément, le coup de crayon de Komako Sakaï réalise toujours des exploits.
Ici c’est tout le besoin de mouvement des enfants qui commencent à
maîtriser la marche qui est exprimé à chaque page de cette histoire
toute simple.
L’enfant s’approche d’un papillon « ça va toi?
Attends, attends… » Les gestes un peu gauches, à peine trop rapides,
et le papillon s’est déjà envolé.
« tiens lézard, attends, ne bouge pas. Lézard? »
Ah, les petits animaux filent vite, impossible pour un tout petit d’attraper le pigeon avant qu’il ne s’envole, le chat avant qu’il ne bondisse.
Finalement, le mieux c’est peut être de prendre un peu de hauteur?
Comme toujours le dessin tendre de Komako Sakaï est terriblement attachant, l’enfance est tellement bien représenté sous ses traits!
Et l’économie de texte est parfaitement adaptée à l’âge décrit, c’est l’action plus que les mots qui caractérise ces jeunes enfants pour qui la motricité prend beaucoup d’importance. Et le point de vue, qui adopte celui d’un bambin est également idéal pour cette histoire.
J’apprécie aussi que l’enfant ne soit pas genré, tous les lecteurs peuvent s’y reconnaître. Car, fille comme garçon, l’étape de développement montrée ici est la même.
NB: l’album existe désormais également en tout carton. Bon, à titre personnel je préfère toujours les pages en papier, mais il est vrai que pour un usage professionnel en crèche par exemple, le carton présente un avantage de solidité indéniable…
A la sieste tout le monde! Yuichi Kasano école des loisirs 11,50€
« Il fait si beau aujourd’hui, Grand mère en profite pour faire prendre l’air à son joli matelas »
Quand le chat passe par là il ne peut résister devant le matelas à l’air si moelleux, il s’installe pour faire la sieste. Grand mère arrive et… Humm,
ce chat endormi ce soleil et ce joli matelas, impossible de résister,
elle s’installe à son tour. Vient alors la poule et ses trois poussins,
un grand bâillement, trois petits bâillements et hop, les voilà au côté de la grand mère et du chat endormis.
Tour à tour les habitants de la ferme viennent se coucher sur le matelas si tentant. (La première et la quatrième de couverture permettent d’ailleurs à l’enfant d’anticiper sur le prochain qui viendra s’étendre)
J’aime beaucoup cet auteur, il à un coup de crayon qui me rappelle les dessins animés de mon enfance mais avec plus d’imagination.
Là il montre les positions de plus en plus loufoques des protagonistes endormis, sereinement abandonnés au sommeil et qui pourtant semblent sauter de leur place d’une page à l’autre.
Les bouches ouvertes de grand mère, les bâillements des animaux, les affinités improbables (les poussins blottis contre le ventre du chien, le cochon sur la poule…) amusent et étonnent les enfants. Et si, en plus, après avoir lu A la sieste tout le monde, les bambins ont envie de se reposer, c’est la cerise sur le gâteau! (mais n’y comptons pas trop non plus, si les livres faisaient dormir les enfants récalcitrants, cela se saurait!)
Sur les genoux de maman A.H. Scott G Coalson école des loisirs
isbn: 2211029787
Un petit garçon court vers sa maman, c’est l’heure du câlin, rien que tous les deux. Le jeune lecteur repère déjà sur la page de titre la présence du bébé endormi. (oui, je sais, vous, adulte, vous l’avez raté, mais les enfants, eux, regardent les images avec attention, vous pouvez leur faire confiance, ils repèrent le bébé, croyez moi)
Michaël et sa maman, eux, profitent de ce moment, ils se balancent « en avant en arrière ». L’enfant réclame sa poupée, son doudou, sa couverture d’élan… Et toujours il revient se blottir dans les bras de sa maman « en avant, en arrière, ils se balancent »
L’image permet sans cesse d’anticiper sur la suite du récit, puisque chaque objet qui sera réclamé par l’enfant est montré dans la page précédente.
Par un jeu de changement de cadrage, le bébé qu’on a aperçu sur la page de titre est invisible pendant la majeure partie de l’album, comme si Mikael et sa maman étaient seuls au monde.
Mais bien sûr bébé finit par se réveiller et lui aussi réclame sa place sur les genoux de maman.
Quand on lit ce livre on ne résiste pas à l’envie de se balancer. On se sent bien dans la chaleur des bras maternels et du foyer, alors que dehors la neige recouvre tout.
Un livre qui aborde avec beaucoup de douceur la problématique de la place de chacun dans la fratrie et qui est très rassurant pour l’aîné comme pour le cadet.
La douceur poudrée des illustrations (pastels secs? Gras? En tout cas on devine un toucher velouté très chaleureux) sert aussi le propos et contribue à rassurer le petit lecteur.