Lièvre et ours sous la neige, Emily Gravett, Kaléidoscope, 11€80
Vous vous souvenez de lièvre et ours, les deux compères que nous avons déjà rencontrés lors d’une partie de pêche? Mais si, on avait remarqué que Lièvre semblait avoir un certain ascendant sur son pote, d’ailleurs, si Ours semblait véritablement adorer la pêche, son ami subissait plutôt la balade.
Bon, cette fois, c’est différent. La neige, on pourrait supposer que c’est l’environnement adoré d’un ours. D’un ours blanc sans doute. Mais cet ours là, on le sent un peu sceptique. Alors que le texte décrit les jeux des deux amis, l’image montre que Ours s’enfonce dans la poudreuse au lieu d’y laisser de délicates traces, qu’il tremble de froid et que si ours de neige il y a, c’est juste parce qu’il a été recouvert malgré lui.
Les enfants s’amusent de ce décalage entre le texte et l’image, ils ne sont pas dupes et comprennent parfaitement que l’ours n’est pas à la fête.
Mais, comme dans l’opus précédent, l’amitié aura raison des divergences de goût, ils finiront par trouver l’activité qui leur plaît autant à l’un qu’à l’autre et, ensemble, Lièvre et Ours profiteront de la journée, qui se terminera en beauté par une tasse de chocolat chaud.
On retrouve dans cet album toutes les qualités du premier: beau format, beau papier, le coup de crayon inimitable d’Emily Gravett, des personnages attachants et un texte court.
Les enfants, même très jeunes, identifient immédiatement que les deux livres vont ensemble.
Il y a dans la littérature enfantine plein de mamies, de petites vieilles, de mémés malicieuses et sympathiques. Lulu est l’une d’elle. Elle n’est peut être pas si vieille que ça d’ailleurs, malgré ses cheveux gris et sa demeure au mobilier désuet, en tout cas, elle à la patate et se déplace en mobylette.
Elle est sympa Lulu. Elle tricote une écharpe à la girafe et elle partage bien spontanément ses victuailles. Le genre à donner son dernier bol de soupe à un migrant de Calais, et par les temps qui courent, ça fait du bien de lire des livres dont le héros à cette bonté simple et naturelle. Bref, Lulu est une dame fort attachante et lire son histoire est un délice.
C’est donc l’histoire d’une dame qui n’a pas vu le temps passer alors qu’elle tricotait et qui s’aperçoit que son frigo est vide. Elle se rend donc au marché pour, doum di doum, y chercher un goûter. Mais sur le chemin du retour, elle croise plusieurs animaux et tous ont le ventre vide. C’est que les temps sont durs. A chacun elle donne un petit quelque chose: les fraises pour l’oiseau, les bananes pour le cochon, le pain aux chiens…
De retour chez elle, le panier de lulu est presque vide. Sera-t-elle victime de sa propre générosité?
Bien entendu elle sera récompensée par la chaleur de l’amitié et un repas de fête partagé jusqu’au bout de la nuit.
L’histoire en randonnée est très plaisante à lire et les illustrations irrésistibles. C’est un album qui donne le sourire, un album qui met de bonne humeur, un album dont on a bien besoin en ce moment.
Lièvre et Ours vont à la pêche Emily Gravett, kaléidoscope
Ours ADORE la pêche. D’ailleurs, c’est lui qui ouvre la marche, canne sur l’épaule, il semble impatient. Lièvre, lui, suit en portant tout le matériel. Il n’a pas l’ai d’être à la fête, il regarde même les asticots avec un air franchement sceptique.
Qu’importe, Ours se régale, même si sa première prise est… Le chapeau de Lièvre. Il ne se décourage pas et repart à l’assaut de la rivière, cette fois armé d’une épuisette. Avec la quelle il pêche une grenouille qui, paf, saute en plein sur la tête de Lièvre.
Le texte est très court et sobre, mais le dessin extrêmement expressif.
Alors que Lièvre se consacre au pique-nique, Ours redouble de malchance puisque cette fois, c’est un roller qu’il sort de l’eau. Au fil des pages, l’humeur s’inverse, Ours commence à se lasser de cette pêche infructueuse alors qu’à ses cotés, Lièvre vaque tranquillement à ses occupations champêtres. Et c’est finalement lui qui va pêcher, malgré lui, un énorme poisson alors qu’Ours s’est endormi.
C’est un grand plaisir de voir Emily Gravett revenir à des albums pour les tout petits et de constater qu’une fois de plus, elle leur fait confiance pour lire les images et n’appuie pas ses propos de mots inutiles.
Elle a toujours ce talent pour croquer en quelques coups de crayons des personnages expressifs. Ici on perçoit l’amitié, la complicité, la douceur de la relation improbable entre un gros ours et un lapin.
Le papier très épais et le grain mat des pages ajoute au plaisir de manipuler cet album (et à sa solidité, ce qui est appréciable quand on le confie à de toutes petites mains).
Et le trou dans la couverture, qui encadre les personnages comme un médaillon et incite à ouvrir le livre pour ouvrir le champ de l’image, fait la joie des bambins qui se régalent à y glisser leurs mains.
Cet album est semble-t-il le premier d’une série, je suis impatiente de retrouver ces personnages dans d’autres aventures.
La pomme rouge Kazuo Iwamura, école des loisirs 12€ ou 5€50 en poche.
Avec les aventures de la famille souris, Kazuo Iwamura nous avait habitués à des illustrations fourmillants de détails, dans les quelles il ne subsistait pas un centimètre carré du blanc de la page. Et j’en étais fort satisfaite: chercher chaque personnage dans la double page, découvrir la forêt à l’échelle des souris, c’est toujours un plaisir.
Cette fois il tranche complètement avec son style graphique habituel, puisque les illustrations de cet album sont minimalistes, en gris sur fond blanc, et que seul le rouge de la pomme s’y détache. Mais, cette fois encore, la réussite est totale.
Natchan monte en haut de la colline pour y savourer sa belle pomme rouge. Mais la pomme lui échappe et roule, roule, roule.
Le lapin puis l’écureuil tentent en vain de l’arrêter.
Tous ont une petite bouillette irrésistible, tendre et attachante.
C’est finalement l’ours qui va mettre fin aux roulades des personnages. La rencontre a lieu et l’amitié est immédiatement au rendez-vous avec tout ce que ça sous-entend de simplicité, de générosité et de partage.
Il y a des albums, comme ça, qu’on lit et relit avec toujours le même plaisir, parce qu’ils sont bons comme des bonbons, et doux comme des doudous. Je ne m’en lasse pas et les enfants l’apprécient généralement autant que moi.
Nos petits enterrements Ulf Nilsson, Eva Eriksson, Pastel
C’est l’été, dans la maison familiale les enfants semblent désœuvrés. Quand Esther, l’aînée trouve un bourdon mort, elle y voit une occasion d’occuper la journée. On va l’enterrer. Les enfants rejouent à la perfection les rituels qui accompagnent la mort: cérémonie en grandes pompes avec poème et larmes.
Esther se prend au jeu. Après tout, la campagne est pleine d’animaux morts, quelqu’un doit bien se dévouer pour les enterrer. Les voilà partis à la recherche d’un animal un peu plus conséquent qu’un insecte. Quand ils découvrent enfin une musaraigne, ils organisent des funérailles à la hauteur. Lolo, le benjamin de la bande n’a pas l’air de vraiment comprendre ce qu’est la mort. Il interroge les plus grands qui répondent avec leurs mots d’enfants:
« Oui, tout le monde doit mourir et n’être plus rien c’est triste et tout le monde pleure.
-Moi? Moi, je dois mourir? -Pas maintenant, tête de pioche, a dit Esther. Quand tu seras un vieux, vieux monsieur là, tu vas mourir ». Pendant l’enterrement les questions, petit à petit trouvent des éléments de réponses. La différence entre mort et sommeil, la notion d’éternité et la maladie sont évoquées. Leur jeu symbolique autour des rites funéraires se poursuit tout au long de la journée. Rien de morbide cependant dans cet album, les enfants expérimentent les émotions liées au deuil dans la sécurité d’un jeu, qui met le thème à distance.
S’il est un sujet que les adultes ont du mal à aborder, c’est celui là. C’est d’ailleurs ce qu’on me demande le plus souvent, au point que c’est pour recenser des livres qui parlent de la mort que j’ai créé ce blog il y a des années. Les professionnels de la petite enfance avec qui je travaille, comme bon nombre de parents, ont pourtant tendance, dans un mouvement spontané, à rejeter les albums qui traitent de la mort. Jusqu’à ce qu’ils aient affaire à un enfant directement concerné par le sujet. Ils me demandent alors des références et se précipitent en bibliothèque pour revenir les bras chargés d’albums qu’ils ont l’intention de partager avec l’enfant endeuillé. Je crois intimement qu’ils sont dans l’erreur. Qu’ils devraient faire exactement le contraire. Non, les livres sur la mort ne traumatisent pas les enfants. Au contraire, ils leur donnent des mots à mettre sur leurs émotions. Non, il ne faut pas cacher aux enfants que tout le monde finit par mourir. Ils le comprendront bien un jour. Ce jour là, si ils ont été nourrit d’histoires sur le sujet, ils sauront appréhender leurs émotions. Mais non, pour autant, la solution n’est pas forcément dans le livre quand on n’arrive pas à aborder le sujet avec un bambin. On voit parfois des enfants qui se détournent alors du livre, ils veulent à ce moment là lire pour s’échapper de la réalité, fuir leur chagrin, pas en trouver le reflet. Je travaille depuis plusieurs années avec dans mon fonds de livre des albums comme celui là, comme La découverte de petit bond ou encore Loulou. Je peux témoigner que les enfants qui les choisissent n’ont jamais été bouleversés à leur lecture. Ils écoutent l’histoire, enregistrent les réactions des personnages, découvrent les mots liés à cette situation particulière, les rituels qui l’entourent. Tout cela s’inscrit dans leur mémoire. Le jour où ils auront besoin de surmonter cette épreuve, les livres qu’on leur aura lu seront là, disponibles dans leur psyché, ils sauront bien s’y référer.
Lotte fille pirate Sandrine Bonini Audrey Spiry sarbacane
Lotte est libre comme ses cheveux qui volent au vent. Elle réside dans une ferme dans la savane avec ses parents, mais l’essentiel de sa vie elle le passe dans la jungle avec ses amis les animaux. Il y a bien sûr Igor, le toucan, qui la suit partout. Mais aussi Horace le gros éléphant ou Achille le lion. Le regard franc, le sourire triomphant, elle raconte son quotidien dans un monde qu’elle maîtrise pleinement. Les animaux, les fleurs de la savane n’ont pas de secrets pour elle. Elle sait tresser les feuilles de palme pour en faire un magnifique drapeau pirate, se colorer les lèvres avec les fruits rouges de l’arbre à bisous, fabriquer des colliers en carapaces de scarabées.
Il y a une fraîcheur incroyable dans cet album, on sent un souffle de liberté à sa lecture, les couleurs chatoyantes et le foisonnement des images correspond parfaitement au caractère de l’héroïne: ça décoiffe. Elle n’est pas bien grande, Lotte, une petite dizaine d’années je dirais. Mais elle à une sacré débrouillardise, beaucoup de courage et un caractère bien trempé.
Toujours joyeuse, elle est aussi très indépendante. Et quand elle apprend qu’une famille va s’installer avec eux à la ferme, elle n’apprécie pas du tout. De peur de voir son monde envahit par des inconnus, elle décide de partir dans sa cabane secrète dans la jungle, accompagnée seulement d’Igor.
Mais quand l’orage éclate et que la rivière sort de son lit, malgré toute l’ingéniosité dont elle est capable, c’est la panique.
Pendant tout le début du livre, Lotte est le seul humain représenté sur les images. Elle se suffit à elle même, même ses parents ne savent pas où elle court quand elle se dirige vers sa cabane. Mais finalement, l’histoire lui montrera que les liens sociaux sont importants aussi et qu’il y a de la place pour l’amitié dans son monde.
Lotte est une héroïne très attachante, jamais à court d’idée et à la vitalité impressionnante. Il y a en elle quelque chose d’indomptable qui est délicieux. Elle est lumineuse, comme le sont les images qui accompagnent le texte.
Un album vivifiant, que les jeunes lecteurs auront plaisir à lire seul ou à se faire raconter, parce qu’on n’est jamais trop grand pour écouter une belle histoire lue à voix haute.
La dictature des petites couettes Ilya Green Didier jeunesse
isbn: 9782278077946
C’est avec plaisir que j’ai retrouvé la bande d’Ana, Gabriel, Olga et Sophie dans cette nouvelle histoire.
Aujourd’hui les filles ont trouvé une malle de costumes. Elles se parent. Sophie est persuadée d’être la plus belle, parce que d’abord elle à des petites étoiles sur sa robe et que ça c’est sûr, c’est très joli. Mais surtout, elle à des petites couettes.
Gabriel voudrait se joindre au jeu mais les filles le recadrent: Les garçons c’est bien connu, ça peut pas être beau.
J’imagine que les garçons ne sont pas non plus censés pleurer mais Gabriel fond en larmes.
Au fil de la discussion, les enfants montrent à quel point ils ont intégré un certain nombre de codes et stéréotypes. Le rose c’est beau mais le marron et le kaki c’est moche. C’est comme ça c’est tout. Gabriel puis le chat essayent de trouver leur place là dedans. Entre concession et affirmation de soi Gabriel accepte qu’on lui fasse des couettes et le chat qu’on le peigne en rose. Mais pas qu’on le tonde, il n’est pas certain que les poils soient si moches que ça il pense même que c’est s’il n’en avait pas qu’il ne serait pas joli joli.
Les fourmis sont d’accord pour départager tout le monde, lors d’un grand concours de beauté. Elles arrivent en bande, anonyme, et ont leur propres codes. Parce qu’elles n’appartiennent pas à l’espèce humaine, elles peuvent sans se poser de question affirmer une autre réalité. L’occasion de démontrer avec humour et sans morale que tout est affaire de goût et que chacun est libre de construire sa propre représentation du beau.
Sans appuyer excessivement son propos et toujours avec des illustration magnifiques Ilya Green contribue à déconstruire un peu les stéréotypes qui enferment et limitent les enfants.
A-A-A-A-Atchoum! Philip C. Stead, Erin Stead, Kaléidoscope 13€20
isbn:978-2877676953
Amos McGee a une vie bien organisée. Chaque matin, il endosse un costume soigneusement repassé et monte dans le bus n°5 pour se rendre à son travail. Au zoo, il est très attendu. Il dispute une partie d’échec avec l’éléphant, mouche le rhinocéros et perd systématiquement à la course contre la tortue. Il prend soin des animaux en donnant à chacun exactement ce qu’il lui faut en somme. Jusqu’au jour où A-A-A-A-Atchoum! il se réveille avec un gros rhume, et ses amis l’attendent en vain.
Alors, ils quittent leurs enclos et montent dans le bus n°5. Ils vont à leur tour prendre soin du vieux monsieur, en lui offrant exactement ce dont il a besoin.
C’est une drôle d’histoire qui se déroule hors du temps. Dans un décors au charme désuet les images crayonnées rehaussées de couleurs pastelles montrent toute la tendresse qui unit les personnages.
Autour des protagonistes se baladent un petit oiseau et une souris, minuscules mais les enfants les repèrent généralement très vite. Ils sont terriblement expressifs et touchants. Il y a aussi ce ballon rouge, que l’on retrouve sur plusieurs pages, dont on se demande bien ce qu’il fait là, et pourquoi il ne s’est pas envolé d’abord?
Et l’ours en peluche, qui a beaucoup intrigué un enfant à qui j’ai lu cet album et qui m’a plusieurs fois interrogé: « Mais, Amos, c’est un enfant ou une grande personne, en fait? »
Et, effectivement, le vieux monsieur se laisse materner par les animaux comme un enfant.
L’écureuil et le printemps S. Meschenmoser Minedition 14€
isbn:798-2-35413-051-0
Depuis quelque temps, vous avez peut-être remarqué en fin de billet le lien vers le challenge « je lis aussi des albums ». Pour ceux qui n’ont pas eu la curiosité de cliquer sur le lien, c’est une initiative de Sophie qui, sur son blog « délivrez des livres » a souhaité inciter divers blogueurs à chroniquer des albums. Pour moi c’est l’occasion d’être un peu plus assidue à mon blog et celle de découvrir d’autres amateurs de littérature jeunesse. Mais ce n’est pas tout. Depuis cette année, le challenge prend une nouvelle forme. Chaque mois, un rdv est pris, le premier samedi, pour que les participants abordent le même sujet. Ce moi- ci, le thème choisi est le printemps. J’ai donc choisi cet album parce que, c’est simple, on ne peut que l’aimer (ami lecteur, si tu n’aimes pas ce livre, sort de ce blog, je te cause plus)
Quand l’écureuil et le hérisson se réveillent, tout est différent. « C’est le printemps » s’écrie l’ours. « allongeons nous au soleil, laissons nous rouler dans l’herbe et remplissons-nous l’estomac à le faire éclater ». Aussitôt dit, l’écureuil bondit joyeusement dans une belle page sans texte, il se régale. Mais le hérisson ne participe pas aux agapes. Ce matin, il a fait une rencontre printanière. Il en est tout chamboulé. Avec les conseils de l’écureuil il décide que, pour séduire, il faut commencer par un acte de bravoure. L’écureuil se voit déjà sous les traits de Don Quichotte avec son acolyte à piquant comme Sancho Panza. Les deux amis à l’imagination débordante cherchent la tenue adéquate pour impressionner l’adversaire. Sur une page blanche et sans texte, ils se parent de ce qu’offre la forêt. Si le décors a disparu, c’est sans doute parce qu’ils sont complètement partis dans leur délire. Et le lecteur jubile de les voir, drôles et décalés, avec des fleurs en guise de cornes ou une vieille godasse comme uniforme. Enfin prêts, ils partent en guerre. Bon, ok, ils n’ont pas d’adversaire mais dans leur monde imaginaire, ce n’est pas un problème. Ils finissent par se rabattre sur l’ours qui, resté dans le monde réel, ne se rend même pas compte qu’il est terrassé par les deux comparses. Dans son monde à lui, il s’est juste allongé pour une sieste. Mais qu’importe, la victoire est grande, ils peuvent se présenter dignement devant la belle, un bouquet de fleur à la main. (oui, oui, ils y vont à deux, l’écureuil a beaucoup investit mentalement sur l’histoire d’amour de son ami, il l’accompagne donc, le pousse même un peu pour tout dire)
La chute, délicieuse, confirme par deux fois que la frontière entre le monde réel et imaginaire est bien ténue et que les apparences sont parfois trompeuses.
« L’écureuil et le printemps » est une absolue réussite. L’alternance de pages avec et sans texte, de croquis crayonnés et de pages couleurs fonctionne à merveille pour servir l’histoire et les allers-retours entre réalité et fantasme des personnages. Le texte savoureux, drôle et plein de sensibilité est en plus parfaitement traduit.
*parmi tout les très bons blogs que je découvre et qui abordent la littérature jeunesse, il y en a un qui sort du lot par sa thématique particulière qui m’est chère, je vous invite à le visiter, il est tout neuf mais déjà passionnant: fille d’album
Anton et les rabat-joie O. Koennecke école des loisirs 12€20
isbn: 9782211212274
C’est un peu toujours la même problématique qui est explorée dans les albums d’Anton: Comment exister comme petit individu unique et indépendant au sein de la communauté des autres enfants? Toujours, Anton trouve des stratégies pour faire sa place.
Dans Anton et les rabat-joie il débarque avec dans son chariot gâteaux et jus de fruit. Mais Greta, Nina et Lukas sont occupés, ils ont à peine un regard pour lui. Ça alors, quelle injustice! Puisque c’est comme ça, Anton s’en va, et puis d’abord, il ne reviendra pas, parce qu’il sera mort!
Il s’allonge et il est parfaitement mort, même quand une feuille lui tombe sur le visage et qu’il doit souffler dessus pour s’en débarrasser. Il est parfaitement mort aussi quand il doit expliquer à Lukas ce qu’il fait par terre. D’ailleurs, Lukas trouve ça épatant qu’il soit mort, comme ça, on va pouvoir l’enterrer.
Mais Nina ne veut pas prêter sa pelle. Alors du coup, Lukas aussi est mort, parce que si c’est comme ça, hein, bon. Et quand Greta prétend que la pelle est la sienne, c’est au tour de Nina de s’allonger à coté des deux garçons, même que tant pis pour eux, elle est morte pour toujours.
Et quand tout le monde est mort? Il devient difficile de tenir le jeu longtemps.
Aucun doute, Ole Koennecke doit très bien se souvenir de sa propre enfance. Chacun peut reconnaître ses propre jeux dans cette histoire.
Je me régale toujours à lire ses albums, qui nous donnent à voir les enfants en train de grandir. Dans la sécurité de leur jeux, ils expérimentent, se mesurent les uns aux autres, jouent avec des notions qui les dépassent pour mieux les apprivoiser.