Grododo Michaël Escoffier, Kris Di Giacomo, frimousse
Je m’attendais plus ou moins à un livre mignon sur une maman qui couche son bébé le soir. Comme je connais déjà des livres de ces auteurs, je m’attendais aussi à ce que ce ne soit pas que mignon, ça allait forcément être aussi drôle, décalé et peut être même un peu incisif. Mais je ne me doutais pas qu’il n’y avait ni mère ni bébé dans cet album.
J’ai donc été surprise. J’aime être surprise.
Il s’agit donc de César, qui va se coucher. Il a un rituel bien huilé pour se mettre au lit, César. Il installe le verre d’eau sur la table de nuit, bien au centre du petit napperon. Il pose ses pantoufles sur le tapis, bien au milieu. Oui, oui, comme un petit vieux. Puis il vérifie qu’il n’y a pas de monstre caché sous son lit. Oui, oui, comme un enfant.
Est il l’un ou l’autre, ça, je n’en suis pas certaine. Les enfants sont également divisés sur le sujet. Ma mouflette pense que c’est un adulte la preuve, il a l’air de rentrer du travail. Sa frangine rétorque que n’importe quoi, un adulte ne fait pas du patin à roulette avec une glace à la main. Mais que peut être que si en fait, parce que César, il gronde comme un adulte.
Vous êtes un peu perdus? Ce n’est pas grave, on reprend. Donc, nous avons César, un lapin qui rentre chez lui bien fatigué et qui va se coucher. Il pose le verre sur la table de nuit, pose ses pantoufles, vérifie sous le lit, serre son doudou ferme les yeux et s’endort.
TAC TAC TAC TAC, le voilà brutalement réveillé. Il est assez mécontent, César, et il le montre avec une fermeté certaine à l’oiseau qui plantait, tranquille, des clous dans les arbres voisins.
Retour à l’intérieur, César reprend son rituel du début: le verre, la table de nuit, les pantoufles, sous le tapis, le doudou, serré bien fort (tiens, remarque ma mouflette, il n’a plus les gros yeux tout noirs quand il serre son doudou, il a même les oreilles en forme de cœur)et il s’endort, sur ses deux oreilles.
CROUNCH, CROUNCH, Crounch, cette fois c’est un écureuil qui boulotte ses noisettes. Furax, le César. Il sort, il pique une gueulante et il reprend tout à zéro. Le verre d’eau, englouti, le doudou, sur la table de nuit, les monstres, pas sous le tapis… Mais c’est qu’il commence à s’embrouiller le pépère.
Si dés le début, on était dans un univers un peu étrange, à chaque répétition, on fait un petit pas de plus vers l’absurde.
Les enfants se marrent de plus en plus et, au fil des lectures, ils découvrent de plus en plus de détails décalés et improbables dans l’image.
Moi j’aime bien les sentiments ambivalents qui provoque ce lapin, tantôt courroucé tantôt tendre.
Un album bien mené, plein d’humour et que j’ai jusqu’ici toujours du lire plusieurs fois d’affilée avant que les enfants n’en soient rassasiés.