Va-t’en grand monstre vert, tout carton, Ed Emberley, Kaléidoscope, 2021, 10€90
Voilà une nouvelle édition très attendue par les professionnels de la petite enfance. Je me suis même laissée dire que les parents et les professeurs des écoles maternelles espéraient eux aussi voir cet album sous une forme plus résistante.
Va-t’en grand monstre vert, a fait parti des premiers albums dont j’ai parlé sur ce blog, à l’époque où je chroniquais essentiellement des livres de fonds, avant d’aborder les nouveautés. (le billet, daté de 2009, est toujours en ligne ici)
C’est LE classique des crèches depuis sa sortie en 1996. Son succès ne s’est jamais démenti et il s’est imposé parmi les indispensables, au point que les équipes le rachètent parfois tous les ans.
Il faut avouer que jusqu’ici, son succès n’avait d’égal que sa fragilité.
Les petites menottes des bambins avaient tôt fait d’arracher le long nez bleu turquoise ou d’agrandir les yeux en y insérant leurs petits doigts.
Mais c’est désormais chose ancienne. Dans cette nouvelle forme, les pages sont cartonnées, ce qui lui confère une solidité nouvelle.
Pour tout dire je me suis souvent demandé pourquoi cet album n’existait qu’en papier. Était-ce pour s’assurer de bonnes ventes, les exemplaires au nez arrachés étant régulièrement remplacés? Une volonté de l’auteur, désireux de ne pas dénaturer son œuvre? Ou une contrainte technique?
Quoi qu’il en soit, il existe enfin et c’est une très bonne chose.
Certes, j’estime important qu’on laisse aux enfants l’occasion d’expérimenter la fragilité du papier. Qu’ils puissent manipuler les feuilles, apprendre les bons gestes.
Mais s’agissant d’un album aux pages découpées, qui en plus soulève généralement une excitation certaine chez les petits lecteurs, il me semble tout de même plus simple d’opter pour des pages cartonnées.
Ainsi, les enfants auront la joie de construire et plus encore de détruire le monstre, en toute sécurité pour le livre.
Cela évitera je l’espère une situation que j’ai très souvent rencontré: que l’adulte refuse que l’enfant touche le livre. La satisfaction est bien plus grande quand l’enfant peut maîtriser le monstre lui-même.