On ne lit pas tout seul! Lectures et petite enfance sous la direction de S. Rayna et O.Baudelot Ères 25€
isbn:978-2-7492-1343-9
Exceptionnellement, je ne mettrais pas un commentaire personnel sur ce livre, parce que j’y ai participé, que mes collègues et moi-même avons beaucoup travaillé pour permettre sa sortie alors j’ai bien peur de ne pas être un bon juge.
Je précise juste que l’élaboration de cet ouvrage a été pour moi l’occasion de rencontrer des professionnels de la petite enfance ou de la culture, des chercheurs en science humaines et sociales dont le regard m’a beaucoup apporté pour ma pratique professionnelle. Qu’il fait suite à un colloque qui m’a beaucoup fait réfléchir (pendant mais aussi quand on l’a préparé) et que j’ai encore découvert à la sortie du livre de nouveaux articles que j’ai trouvé brillants.
J’y co-signe un chapitre avec ma collègue Laurence Charlot intitulé « Comités de lectures: vers une communauté de pratique ». Il y est question du travail mené en partenariat depuis des années avec les bibliothécaires parisiens en direction des professionnels de la petite enfance de la capitale. De la façon dont nos pratiques à tous se construisent et se modifient grâce aux témoignages de chacun.
Pour le reste, je vous livre juste un extrait de la 4eme de couverture.
« Partager les enjeux actuels des lectures avec les tout petits, approfondir ce qui se joue dans ces rencontres intersubjectives et interculturelles, réinterroger la valeur et la signification des albums jeunesse -d’aujourd’hui, d’autrefois, d’ailleurs-, présenter des dispositifs innovants engageants une diversité de partenaires comme le goûter littéraire, susciter des pratiques d’évaluation participatives: tels sont les objectifs de cet ouvrage, articulé autour des actions de lectures-plaisir, que mène l’association LIRE à Paris, dans une multiplicité de lieux pour lutter contre l’illettrisme et l’exclusion. »
Pour en savoir plus, vous pouvez aussi consulter le site de l’éditeur ERES
Un autre ouvrage émanant de l’association LIRE, et dont j’ai coordonné l’écriture, est sorti chez Eres, il porte sur le travail spécifique qui mêle le livre et le chant avec les albums de comptines.
Dès mon premier billet sur ce blog, on m’a posé la question: Quels livres, pour quel âge?
Au départ, j’avais la ferme intention de ne pas y répondre.
D’abord parce que l’âge de l’enfant et l’âge du lecteur, ce sont deux choses parfois très différentes. Je vois régulièrement dans mon travail des enfants très lecteurs, qui, dès la section des moyens de crèche, peuvent écouter des histoires longues, comme « Max et les Maximonstres ». Et d’autres, moins habitués aux histoires, qui auront du mal à aller jusqu’au bout alors qu’ils sont en maternelle.
Je vois aussi des enfants, absolument pas sensibilisés, qui écoutent avec une grande attention un album long que l’on pourrait considérer pour les plus grands et je ne sais pas à quoi tient cette attention.
Je vois surtout des enfants, très nombreux, qui n’écoutent pas jusqu’au bout et je n’en conclue pas pour autant que le livre n’est pas adapté à l’âge.
Il y a plein de raisons de ne pas aller au terme de l’histoire, le mouflet peut avoir peur, être intéressé brutalement par autre chose, s’ennuyer, avoir besoin de gigoter (à ce sujet, vous pouvez consulter le petit guide sur Lire avec mon bébé, quelle drôle d’idée? que j’ai écrit pour l’association LIRE).
Mais s’il a choisit ce livre, s’il y revient éventuellement plus tard, peut-on dire qu’il n’est pas adapté à son page, au prétexte qu’il ne l’écoute pas de façon linéaire?
Il y a aussi les enfants lecteurs, sensibilisés, habitués aux histoires longues et complexes qui ont un grand plaisir à lire des livres tout simples, qu’ils écoutaient déjà plusieurs années auparavant.
C’est vraiment une idée d’adulte qu’un album puisse faire « trop bébé » pour un mouflet de quelques années.
Mais c’est une idée tellement souvent répétée que les enfants eux-mêmes finissent par l’intégrer et on les voit parfois se détourner d’un livre avec lequel pourtant ils pourraient avoir du plaisir parce que « ils ont passé l’âge ». Comme s’il était dévalorisant de s’intéresser aux livres pour les plus jeunes.
J’ai donc d’abord évité soigneusement de donner des indications d’âge sur mes articles de blog.
Mais rapidement la demande a été très forte pour que je mette au moins une fourchette.
En lisant l’article, il est parfois difficile de se représenter l’album et, tout de même, un livre destiné à des enfants de 5 ou 6 ans, ce n’est pas comme un album premier âge.
Les adultes, qu’ils soient parents ou professionnels, avaient besoin de repère.
Et je les comprends, moi-même, quand je vais sur des sites où il est question de roman, j’aime qu’on m’indique s’il s’agit plutôt d’un livre pour des enfants de primaire ou pour des adolescents.
Je me suis donc efforcée de répondre à cette légitime demande.
En m’appuyant sur mon expérience et sur ma connaissance des enfants.
Pour chaque album, je m’interroge. Alors voyons, l’autre jour à la PMI je l’ai lu à un petit de 14 mois, il était en joie… A la crèche, je me souviens bien, il était toujours demandé dans la section des grands, entre 3 et 4 ans donc… Humm, il faut que je mette un truc, il faut que je mette un truc, je vais mettre dès 1 an tiens. Ah mais oui mais non parce que si je fais ça les parents d’enfant de 3 ans penseront qu’il fait « trop bébé » pour leur enfant, c’est dommage quand même. Bon, je vais mettre les deux alors, « dès un an » et « dès 3 ans ». Et puis aussi « dès deux ans » au milieu pour faire bonne mesure…
Ne vous étonnez donc pas si vous voyez des fourchettes assez larges sur certains albums, à vous de voir en fonction des habitudes de lecture des enfants à qui vous destinez le livre.
On ma fait remarquer que je pêche parfois par optimisme. Je tague par exemple « dès 2 ans » un livre qui donnera souvent du fil à retordre à un enfant de cet âge. C’est peut-être du au fait que je vois dans certaines crèches des enfants à qui on lit quotidiennement et qui ne sont pas toujours représentatifs. C’est aussi parce que dans une pratique de lecture souple, où on tolère que l’enfant s’éloigne, tourne plusieurs pages d’un coup, joue en même temps ou prenne son doudou pendant la lecture, la palette de livres qu’ils apprécient est beaucoup plus large. C’est sûr que dans une lecture collective et plus coercitive, le choix de l’album est un problème bien plus prégnant pour maintenir l’attention du groupe.
Dans un cadre familial, il n’est pas question de lecture collectives. L’idéal sans doute est alors de laisser tout simplement l’enfant lui même choisir ses livres. Ce qui n’est pas toujours possible quand on veut faire un cadeau ou une surprise par exemple. Dans ce cas, je pars du principe que l’enfant à qui vous destinez le livre va grandir, et que s’il ne s’y intéresse pas tout de suite, il sera sans doute content de le redécouvrir plus tard.
J’avoue, j’ai tendance à penser qu’on devrait toujours avoir quelques livres d’avance, sous le coude, sait-on jamais!
Quoi qu’il en soit, les notions d’âge que je met ici ne sont qu’indicatives et je ne saurais trop vous inviter à vous en détacher. Surtout si c’est à la demande d’un enfant, bien sûr.
Retrouvez d’autres articles et réflexions sur la lecture à voix haute ici.
Un bébé, un livre, une voix. I. Chavepeyer, I. Gillieau, P. Papadimitriou Editions grandir F.R.A.J.E.
« Lire… Entourer, porter, se rencontrer. S’imprégner. Savourer. Se laisser bercer par la voix, porter par les sonorités. »
Le centre de Formation permanente et de Recherche dans les milieux d’Accueil du Jeune Enfant à élaboré cet album pour montrer à tous ce qu’est la lecture aux jeunes enfants. Des photos très parlantes d’enfants captivées l-par les livres et des mots très simples, très justes disent bien mieux que bien des discours ce qu’est mon travail, c’est sans doute pourquoi quand je l’ai ouvert j’ai eut l’impression de m’y reconnaître.
Les photos ont été prises dans des familles, des bibliothèques, des consultations O.N.E. (équivalent Belge de la PMI) et des crèches.
Les attitudes des enfants lecteurs ont été captées par l’appareil et sont mises en valeur par le texte, on retrouve toutes les situations classiques: l’enfant qui tripote, essaye de tourner les pages, met le livre à la bouche, regarde ailleurs puis se concentre sur une page, tiens le livre, s’assoit, se blottit contre son voisin ou part jouer un peu plus loin, pour mieux revenir, le moment venu.
J’y ai vraiment reconnu les attitudes de lecture que je peux rencontrer dans ma vie professionnelle, quand je lis pour l’association LIRE (le Livre pour l’Insertion et le Refus de l’Exclusion).
Un bébé, un livre, une voix est à proposer à tous ceux qui ne veulent pas croire qu’on peut lire à de bébés très jeunes. Un livre à montrer aux professionnels de la petite enfance, aux bibliothécaires, aux libraires, qui tous sauront le faire connaître ensuite aux parents. Un livre à feuilleter avec son enfant aussi, pourquoi pas, les enfants apprécient de se retrouver dans les albums.
Ces livres qui font grandir les enfants Joëlle Turin Didier jeunesse, collection passeur d’histoire 20 €
ISBN, 2278058800
J’ai longtemps cherché à formuler ce que j’ai finalement trouvé dans ce livre. Parce que je n’ai jamais su répondre à la question piège: « Mais au fait, c’est quoi au juste un bon livre? »
J’ai envie de dire qu’un bon livre laisse la place au rêve, qu’un bon livre séduit par le rythme ou la musique de son texte, qu’un bon livre est beau.
J’ai envie de répondre qu’un bon livre est celui qu’on peut lire 40 fois sans s’en lasser. Qu’on ne l’oublie pas. Qu’il fait réfléchir, qu’il surprend ou qu’il émeut. Ce sont déjà des éléments importants.
Mais il y a toujours des contre exemples, il y a toujours des livres bons qui ne répondent pas à ces critères. Et surtout, il y a une multitude de livres qui appliquent parfaitement ces recettes et qui ne sont pas bons.
Alors je dis « Un bon livre c’est une œuvre artistique, c’est comme un bon poème ou une bonne peinture ».
Bon, là, j’avoue je joue franchement la facilité. Évidemment, un bon album est une œuvre artistique mais pourquoi? Qu’est ce qui fait que l’alchimie opère, que celui là est bon, que cet auteur a su sublimer l’histoire là où un autre aura échoué?
Le livre de Joëlle Turin répond aussi justement que possible à ces questions. Elle explore 5 domaine qui font le sel de l’enfance: les jeux, les peurs, les grandes questions, les relations avec les autres et le monde des sentiments et à travers eux, analyse avec une grande finesse des albums incontournables. Dans la nouvelle version un nouveau chapitre explore les pouvoirs de l’imagination.
Le livre est clair il donne des repères précis pour s’y retrouver dans la production très foisonnante actuelle. Il est richement illustré et très agréable à lire.
A signaler dans la même collection: au bonheur des comptines de M.C. Bruley et M.F. Painset ainsi que une enfance au pays des livres de M. Petit.
A lire, un autre avis sur ce livre ici
»Comment apprendre à ses parents à aimer les livres pour enfants » Alain Serres, Bruno Heitz, Rue du monde. 13 euros.
ISBN, 2355040435
Il y a des questions qui reviennent trop souvent. Est ce que ce livre ne va pas faire peur à mon fils? Est ce que ça ne va pas le traumatiser qu’un livre aborde ce sujet? Est ce que les mots ne sont pas trop compliqués? Est ce qu’il va comprendre?
Si j’osais, je ne prendrais même pas la peine de répondre, toutes les réponses sont dans ce livre:
« Si tes parents te répètent sans cesse que tu ferais mieux de lire des livres utiles pour l’école… dis-leur qu’aimer les livres, c’est très utile à l’école ! Et que d’ailleurs ta maîtresse en lit souvent à toute la classe avec de grands yeux brillants !
Si tes parents disent que les livres pour les enfants ne racontent que des bêtises… réponds-leur qu’ils ont raison, mais que tu es navré pour eux : les bêtises, tu adores ça !… »
»Comment apprendre à ses parents à aimer les livres pour enfants » Alain Serres et Bruno Heitz. Rue du monde. 13 euros.