Un fruit rouge, Yi Gee Eun, Rue du Monde, 2019 16€50
Un ourson affamé et plutôt téméraire, reçoit un fruit rouge sur la tête, alors qu’il est au pied d’un arbre.
Aussitôt, en quête d’un autre fuit, il grimpe au tronc. L’ascension est difficile, l’arbre gigantesque, au point qu’il est toujours en partie hors champ, trop grand pour déployer toute sa hauteur dans les pages de l’album.
Et puis, ah, là, quelque chose de rouge se détache nettement entre les branches. Hop, notre ourson grimpe encore un peu pour l’attraper, mais ce n’est pas un fruit, seulement une chenille.
Il continue sa montée, motivé régulièrement par l’apparition de la couleur rouge, mais ce n’est jamais le fruit tant espéré.
Et arrivé en haut, aïe aïe aïe, sa gourmandise le pousse à une nouvelle maladresse.
Heureusement, une maman ours n’est jamais très éloignée de son petit ourson et et le gourmand finira le ventre plein… Et toujours aussi curieux.
Ce sont d’abord les très jolies images en noir et blanc qui m’ont attirée, avec cette couleur rouge qui ressort si bien. Au fil des lectures, j’apprécie aussi la confiance tranquille d’ourson dans sa capacité d’aller de l’avant.
Sa gourmandise et sa curiosité le poussent à découvrir le monde parce qu’il se sait en sécurité.
Un joli message à transmettre aux enfants.
C’est un premier album très prometteur, j’ai hâte de découvrir les prochaines productions de cette nouvelle autrice.
Un article paru dans la revue Le furet petite enfance en Mars 2019 concernant l’album Joyeux anniversaire, de Chihiro Nakagawa, Rue du monde.
Coopération, vie de groupe et travail d’équipe : le quotidien des petits bonshommes
Lassée de lire toujours les même albums, l’autrice Chihiro Nakagawa a écrit Joyeux anniversaire pour son fils, féru d’engins de chantiers.
On y rencontre pour la première fois les petits bonshommes qui aident en secret les humains (quatre autres livres leur seront consacrés, sous le titre générique « les p’tits bonzoms »). Ils sont nombreux, efficaces et, pour faire échos au thème de ce numéro, ils font du bon travail d’équipe.
Aujourd’hui, ils doivent confectionner un gâteau d’anniversaire.
La motte de beurre est découpée à la tractopelle, la juste quantité de sucre et de farine prélevée à la pelleteuse. Les engins les plus réalistes ou improbables viendront participer et le résultat sera à la hauteur des efforts. Le travail terminé, les bonhommes s’éloignent, laissant les humains ré-investir l’espace. L’anniversaire peut être célébré.
Ici, il n’y a pas de héros et les enfants ne sont pas invités à s’identifier à un personnage. Il s’agit plutôt de se reconnaitre dans un groupe dont les éléments semblent, au premier regard, indistincts. C’est l’harmonie de cette communauté qui est attractive pour le petit lecteur qui peut se penser comme un des éléments de l’ensemble.
Il est vrai qu’à regarder s’agiter la petite troupe, on peut penser à l’effervescence qui règne parfois dans un multi-accueil ou une cour d’école.
C’est au fil des lectures que les personnages vont peu à peu s’individualiser. Ainsi, un bonhomme semble particulièrement maladroit. A chaque page, on le trouve par terre ou en pleine chute. Le jeu d’observation commence alors pour l’enfant qui a repéré le malhabile. Parfois très visible, il faut sur certaines pages le chercher longuement pour le découvrir enfin, à moitié hors champ, ou tout petit, au loin, sur une passerelle.
D’autre personnages se distinguent : Là un petit groupe de 4, bottes et casques bleus, semble très occupé à ne rien faire. Ils sont munis d’un talkie-walkie et d’une carte, qu’ils scrutent avec attention, concentrés mais peu efficaces. Ici c’est un couple, l’un armé d’une pelle, l’autre d’un balai, ils ôtent inlassablement des poussières invisibles.
C’est au moment de la pause que la diversité des personnages se révèle, à travers leurs coiffures. L’uniforme se fait oublier et la personnalité de chacun s’exprime. On note qu’il y a à peu près autant de filles que de garçons, et qu’ils ne se différencient nullement par leurs fonctions dans le travail.
Les albums sur les engins sont plébiscités dans les crèches et beaucoup deviennent des incontournables. Rare sont ceux qui ont une telle richesse et offrent autant de perspectives de lectures. Celui-ci transmet des valeurs de faire ensemble, de cohésion, d’égalité des genres. Il interroge la question du réel et de l’imaginaire. Enfin, il révèle tout son potentiel au fil des lectures, ce qui permet aux professionnels de le partager avec des enfants des années durant, sans jamais s’en lasser.
Il faut sauver le petit chat C. Nakagawa, J. Koyose, rue du monde 15€
isbn:978-2355042003
Après avoir confectionné un fabuleux gâteau d’anniversaire, les lutins et leurs engins de chantiers sont une fois de plus appelés à la rescousse: il faut sauver le petit chat qui s’est perdu dehors. Et ils ne lésinent pas sur les moyens. Hélicoptères, grues et autres camions sont déployés dans le parc. Chaque bosquet est fouillé avec attention jusqu’à ce que le chaton soit enfin déniché. Mais le travail ne fait que commencer, il faut encore le sécher, le nourrir et peut être même le faire jouer un peu.
Je regrette quelque maladresse dans le texte (ou dans la traduction?) qui, en nommant les lutins, perd le coté entrainant et dynamique du premier. Et puis d’ailleurs, dans mon imagination personnelle, ce ne sont pas des lutins mais des bonshommes, na.
En tout cas, ils sont issus de la tradition japonaise mais habituellement, ces personnages qui œuvrent en secret pour aider les humains sont cantonnés à l’intérieur du foyer. C’était donc audacieux de les mettre en scène à l’éxtérieur.
Quoi qu’il en soit, j’apprécie beaucoup cet album, pour les petits détails à trouver dans les illustrations, pour l’alternance entre les plans éloignés et les gros plans, qui jouent avec la taille des lutins, pour l’humour caché dans les images.
Les enfants en tout cas ne s’y trompent pas, cet album est très choisi et ils repèrent tout de suite la paire si les deux albums sont présents.
»Comment apprendre à ses parents à aimer les livres pour enfants » Alain Serres, Bruno Heitz, Rue du monde. 13 euros.
ISBN, 2355040435
Il y a des questions qui reviennent trop souvent. Est ce que ce livre ne va pas faire peur à mon fils? Est ce que ça ne va pas le traumatiser qu’un livre aborde ce sujet? Est ce que les mots ne sont pas trop compliqués? Est ce qu’il va comprendre?
Si j’osais, je ne prendrais même pas la peine de répondre, toutes les réponses sont dans ce livre:
« Si tes parents te répètent sans cesse que tu ferais mieux de lire des livres utiles pour l’école… dis-leur qu’aimer les livres, c’est très utile à l’école ! Et que d’ailleurs ta maîtresse en lit souvent à toute la classe avec de grands yeux brillants !
Si tes parents disent que les livres pour les enfants ne racontent que des bêtises… réponds-leur qu’ils ont raison, mais que tu es navré pour eux : les bêtises, tu adores ça !… »
»Comment apprendre à ses parents à aimer les livres pour enfants » Alain Serres et Bruno Heitz. Rue du monde. 13 euros.