C’est la p’tite bête… A. Louchard édition Thierry Magnier collection tête de lard 6.50 €
isbn: 2-84420-007-9
« T’es qui toi?
Moi? Ben, je suis la p’tite bête… » cette fameuse petite bête qui monte qui monte, tout le monde la connaît, non?
Ici elle est représentée avec de grands yeux bleus et un long nez rouge, un visage tout simple mais qui va à coup sûr capter le regard des bébés.
Le jeu s’instaure entre celui qui lit le livre et l’enfant, on chatouille, on câline en lisant.
Puis l’enfant se laisse surprendre, qui est cette nouvelle petite bête au nez vert et à la tête en bas? Celle qui descend bien sûr. Surpris de voir le visage tête en bas l’enfant va parfois retourner le livre, avant de comprendre que ce n’est pas l’album qui est à l’envers mais le personnage.
Un album très ludique, qui convient aux enfants les plus jeunes.
Tout un monde Antonin Louchard, K.Couprie Editions Thierry Magnier 17.50€
isbn: 978-2844200631
Le monde en vrac dans un imagier sans texte qui multiplie les types d’illustrations et permet toutes les interprétations.
Antonin Louchard est peintre. Katy Couprie est photographe. A eux deux ils maîtrisent une quantité de techniques d’illustrations étonnantes, amusantes, parfois un peu déstabilisantes.
Ils ont construits leur imagier comme le jeu « marabout-bout de ficelle », chaque page fait échos à la précédente. Le lien est parfois difficile à trouver, d’autres fois chaque lecteur en trouveras un différent. Certaines séquences sur deux ou trois pages racontent une petite histoire. Un enfant par exemple peut s’arrêter sur cette double page présentant d’un côté une poule, de l’autre trois œufs. Lorsqu’il tourne la page il voit deux poussins sur la page de gauche… Et un œuf au plat sur celle de droite! Manifestement il s’est passé quelque chose entre les pages! Les enfants savent bien lire ce qui se passe dans l’ellipse entre les pages.
Bien d’autres histoires sont racontées dans ce livre, sans compter toutes celles que je n’ai pas encore découvertes. Je le montre très régulièrement à des enfants depuis des années et je suis encore souvent surprise par un détail de l’image que l’enfant pointe et que je n’avais jusqu’alors jamais repéré. C’est vraiment un album d’une grande richesse, il est vrai qu’il contient tout un monde, presque le notre mais sublimé. Les bébés qui tiennent à peine assis aiment à le feuilleter, les plus grands le regardent parfois très longuement, seuls ou accompagnés d’un adulte, ils se laissent emporter par les images comme on le ferait devant un tableau qui nous touche particulièrement.
Une nuit au chantier K. Banks G. Hallensleben, gallimard jeunesse 5.50 €
isbn: 978207054628
Tout les soirs, le père d’Alex vient embrasser son fils avant de partir pour le chantier sur lequel il est ingénieur.
Un jour enfin, le père d’Alex à une surprise, un casque pour son fils: ce soir ils vont ensemble sur le chantier.
La découverte des machines, du bruit et des travailleurs de la nuit va émerveiller Alex, comme les enfants à qui on lit ce livre.
Finalement de bons albums sur les engins, qui sont beaux et bien écrits, il n’y en a pas tant que ça. Les peintures de Georg Hallensleben sont chatoyantes et colorées, très attractives pour les enfants?
« Une nuit au chantier » n’est malheureusement plus édité dans sa première version, en grand format et couverture cartonnée et les illustrations perdent un peu de leur beauté mais il reste un chouette cadeau à faire à un p’tit gars… Ou à une mouflette qui aime bien les grues.
Pas toujours facile d’avoir un peu d’intimité quand on est celui du milieu dans une famille de quatre enfants.
Dans cette histoire sans parole une petite cochonne voudrait bien un peu de tranquillité dans la salle de bain. Mais sa famille est quelque peu envahissante et la porte s’ouvre sans cesse.
On sentait pourtant déjà son plaisir à être seule dans la salle de bain, sitôt la porte refermée. Elle se prépare, se déshabille et s’admire dans un miroir. On reconnaît bien là les fillettes désireuses de faire déjà comme les grandes, attentives à reproduire le rituel du bain tel qu’elles imaginent que le font les adultes.
Mais voilà que maman débarque avec le bébé. Et, non contente de lui changer sa couche elle reste pour prendre un bain avec lui. L’absence totale de pudeur de la mère contraste avec celle, palpable, de la fillette. Et puis c’est les jumeaux qui arrivent, puis c’est au tour de papa et même du chat!
Il lui en faudra de la patience à la petite pour profiter enfin de son bain, derrière le rideau de douche qu’elle aura pris soin de refermer, elle.
Ce livre se partage avec plaisir avec des enfants qui sont déjà experts en lecture de l’image. L’histoire se passe très bien de mots tant les expressions sont croquées avec justesse. Les enfants s’identifient volontiers à la petite cochonne.
A noter une autre histoire des même personnages: il est minuit dans lequel notre héroïne s’inspire d’une histoire bien connue pour jouer avec son père.
Ce n’est pas un hasard si on l’a si vite et si bien en bouche. Le texte de Gigi Bigot se prête naturellement à une lecture à voix haute parce que c’est un conte, donc issu de la tradition orale.
L’histoire de cette grand-mère et ce grand-père si différents et pourtant amoureux existe dans plusieurs versions. Celle-ci à ma préférence parce que quand je la lis j’ai l’impression d’avoir un bonbon dans la bouche, je la savoure les mots s’enchaînent avec perfection.
Grand-mère sucre et Grand-père chocolat eux aussi savourent les mots. Ils se disent des mots d’amour, des mots rond comme des marrons, et lisses comme du réglisse. Jusqu’au jour où ils ne s’aiment plus du tout du tout et où les mots de grand-père chocolat vont blesser grand-mère sucre.
Mais ce n’est pas la moitié d’une bonne femme cette grand-mère sucre et bientôt la situation sera retournée… Avant que l’histoire ne se finisse bien.
Si le thème de la dispute est souvent traitée en littérature enfantine, c’est rarement par le prisme du conflit entre adultes. Sauf quand il s’agit d’aborder la séparation des parents, ce dont il n’est pas question ici.
Querelles, réconciliations, la vie de ce vieux couple n’est pas de tout repos, et j’aime assez l’idée de montrer une vision de la vieillesse qui sort des sentiers battus.
Au feu les pompiers! Tadayoshi Yamamoto, école des loisirs, Archimède
isbn:10: 2211037607
Un premier documentaire qui raconte une intervention de pompiers. L’alarme retentit, il y a un incendie quelque part, vite!
Les camions rouges se détachent sur une illustration presque en noir et blanc. La grande échelle, le camion citerne, les véhicules de secours.
On est aux côtés des pompiers, au sol d’abord, quand ils branchent les tuyaux, puis tout en haut de l’immeuble, dans un plan vertigineux sur l’échelle contre l’immeuble, avec la petite fille saine et sauve, comme son perroquet.
Le feu finit par être éteint, l’ambulance emporte les blessés (qu’on ne voit pas).
On a vu de la fumée, la foule et l’organisation pour les pompiers mais aucune image ne montre les flammes.
Le livre montre donc l’urgence de la situation, ce n’est pas spécialement édulcoré mais il est très rassurant, les mots choisis et les images montrées ne risquent pas d’être générateurs d’angoisse pour le jeune lecteur.
Surtout apprécié des petits garçons ce livre fait pourtant en ce moment la joie de ma fille. Il a le mérite d’être juste, même si les tenues des pompiers français diffèrent de celles des Japonais, les enfants ne s’y trompent pas. Ils apprécient les détails techniques (et la justesse du vocabulaire)
Quel radis dis donc! Praline Gay-Para, Andrée Prigent Didier jeunesse, à petits petons, 11 € (isbn: 9782278300747) ou 5.30 € broché.
isbn:978-2-278-06156-3
Un conte pour les tout petits.
L’histoire d’un papi et d’une mamie qui ont planté dans leur tout petit jardin une graine de radis. Il pousse, il pousse tant et tant qu’il faut l’arracher.
Mais la force du papi n’y suffit pas, il doit faire appel à la mamie. Leurs forces conjuguées n’y suffisent toujours pas, ils doivent faire appel à la petite fille. Mais…
Il faut toujours plus petit que soi et il faut souvent s’y mettre à plusieurs.
Les histoires à accumulation (particulièrement celles en randonnées, où il y a un passage répété à intervalle régulier) plaisent toujours beaucoup aux enfants qui peuvent anticiper sur la suite du récit. Ils les apprennent rapidement et prennent plaisir à les raconter.
Ma fille a découvert « Quel radis dis donc » il y a peu de temps et elle se régale de posséder si bien toute l’histoire.
Mais le rythme du récit, les images très lisibles, les répétitions du texte le rendent accessible à des enfants bien plus jeunes, il m’arrive de le lire à des bébés qui l’écoutent avec un plaisir manifeste.
J’apprécie comme toujours dans cette collection le travail de typographie qui aide à lire l’album à voix haute, dès la première lecture on se laisse porter et le ton juste vient tout seul. J’aime bien aussi le travail de l’illustratrice qui donne à l’enfant des indices pour savoir ce qui va suivre.
A noter qu’il existe en version bilingue français/arabe ainsi qu’en anglais.
Sur le chantier Byron Barton école des loisirs, lutin poche 5,50 €
isbn:2-211-03355-5
Voilà déjà un mois que ce blog existe et je n’ai encore présenté aucun livre de Bayron Barton!
Ça parait improbable tant les livres de cet auteur me semblent indispensable dans une bibliothèque pour enfant.
Sur le chantier donc, est un classique, réédité en collection poche mais qui gagne à être découvert dans la version initiale, grand format et couverture cartonné.
La première page présente les ouvriers, parmi eux deux femmes dont une qui a la bouche ouverte, je suppose donc que c’est elle qui invective les autres: « Hé, les gars, mettons nous au travail »
Des pages aux couleurs très vives montrent alors les engins de chantiers qui fascinent tant les enfants. « démolissons cet immeuble (…) déracinons cet arbre au bulldozer »
Au fil des premières pages les enfants très moteurs sont en général ravis de voir cette destruction organisée, ils doivent s’identifier aux ouvriers qui ont le pouvoir de détruire un immeuble comme eux cassent un château de sable.
Puis c’est la pause « et maintenant, déjeunons » et enfin la (re)construction: « mélangeons le ciment, soulevons cette poutrelle »
Des images très lisibles même par les plus jeunes, aux couleurs qui accrochent le regard. Un texte simple et qu’on retient tout de suite. Une histoire très simple et pourtant structurée.
Si vous offrez ce livre à un dixhuitmois préparez vous à le lui lire très souvent au moins jusqu’à ses 4 ans.
Si votre enfant à déjà 4 ans il n’est pas trop tard, d’ailleurs je le lis beaucoup à des enfants de maternelle.
Et, petit plus auquel je suis sensible, les engins ne sont pas conduits que par des hommes, on peut voir une femme manier le marteau piquer ou manœuvrer le tractopelle. C’est manifestement une chose à la quelle l’auteur est attentif, dans « Ma voiture » on peut voir une garagiste.
ou 5€50 collection lutin poche, école des loisirs, édition brochée.
isbn:2211083358
Un petit bonhomme au long nez et au ventre qui gargouille lit son journal. En première page la nouvelle du jour: le loup est revenu.
Notre héros ne s’en soucie pas, il a faim, il a une furieuse envie d’un de ces fameux sandwich de Mc Kilian.
Il sort et va acheter le sandwich tant convoité.
On le sent dans ses pensées, tout souriant, presque bêta.
L’enfant qui sait déjà lire se régalera à déchiffrer les affiches, les devantures de magasins sur le passage du bonhomme.
Toutes ou presque donnent l’alerte: Le loup est dans les parages.
Mais, toujours dans ses pensées et pressé de déguster enfin son sacré sandwich le bonhomme va justement dans la mauvaise direction, malgré les avertissements répétés.
On est comme toujours séduit par les illustrations de bric et de broc de Christian Voltz, les personnages sont très expressifs.
Et dans ce titre plus encore que dans les autres on s’amuse. Il y a beaucoup d’humour à la fois dans l’histoire, pourtant simple, et dans les illustrations.
La chute inattendu et à rebondissement fait le bonheur des enfants… Et bien souvent des adultes aussi.
Pour voir des images de ce livre et des autres du même auteur, le site de C. Voltz
Avant avant Kvéthévane Davrichewy, Gwen Le Gac, Actes sud junior 12 €
isbn:978274278199
« Avant avant Papa éclaboussait l’étang.
Avant avant Maman ébouriffait le vent
Avant avant Papa et Maman époustouflaient les champs
Avant avant je m’enroulais dans le ventre de maman »
Des images très simples qui montrent le papa et la maman éléphant qui vivent dans l’attente de la naissance et le petit dans des bulles sur fond gris, gris éléphant.
Avant, avant…
Et puis après, l’éléphant entre ses parents, leurs trompes se touchant « sûrement parce que c’est comme ça qu’on se fait des bisous chez les éléphants », ce n’est pas moi qui le dit, c’est ma mouflette.
Le graphisme fait échos au texte poétique, il y a une harmonie de tons, une douceur dans l’image comme dans les mots.
Pour une fois que la naissance n’est pas celle d’un petit frère ou d’une petite sœur, l’album permet à l’enfant à qui on le lit d’être centré sur lui même, au cœur de la relation de ses parents.