Ceux qui décident, Lisen Adbage, l’étagère du bas 2020, 14€

Il y a ceux qui décident, et il y a nous.
Deux bandes, qui ne s’affrontent pas. L’une subit l’autre. Cela semble être un fait établi, que personne ne songe à remettre en question.
Eux sont moins nombreux mais ils semblent féroces. Ils sont autoritaires, fermes, ils ne doutent pas. Ils ordonnent. On obéit. Point.

De la cour de récré à l’aire de jeu, la situation se répète, chacun semble rejouer sa partition à l’infini.
En plus des deux groupes l’image montre d’autres enfants, qui observent les scènes. Esquissés au feutre noir, ils sont les témoins muets de la tyrannie imposée par une bande pourtant minoritaire. Ils sont retranchés derrière les imposants murs noirs des immeubles, mais ils ne ratent rien de la situation.
Jusqu’au moment où ils entrent littéralement en jeu.

ceux qui décident

Sur le terrain de foot, ils forment une équipe avec ceux qui obéissent.

Quand les oppresseurs les chassent du terrain, ils se réalisent qu’ils ne sont pas assez nombreux pour jouer. Et, pour la première fois, ceux qui normalement obéissent, refusent d’obtempérer. Ils se contentent de dire non. Fermement.

Peut-être plus que sur le harcèlement c’est un album sur le pouvoir. Comment on l’acquiert, comment on le perd, quelle légitimité il peut avoir. Sur l’amitié et la force du collectif aussi peut-être.

Le texte est simple et assez court, il se passe d’explication, il se contente d’exposer la situation. Sans donner de leçon, ni aux victimes ni aux témoins, ni même aux agresseurs, il montre une façon plus appropriée de se comporter.

Et rien n’empêche les jeunes lecteurs d’avoir de l’empathie aussi pour ceux qui décident. Parce que après tout ce sont des enfants, qu’ils n’ont pas l’air tellement heureux et qu’ils peuvent changer.

C’est un livre nécessaire, qui permet aux enfants de penser les situations de domination, de réfléchir au pouvoir d’agir qu’ils possèdent tous, quelle que soit leur place.