Ours à New-York, Gaya Wisniewski, MeMo, 2020, 18€
Alexander mène une vie qu’il faut bien qualifier d’étriquée.
Certes il a un “bon travail”, qui devrait lui conférer le statut d’homme important mais il s’y ennuie.
Son existence semble répétitive, sans fantaisie.
Quand un matin, sur son trajet habituel, un ours géant que lui seul peut voir lui barre le passage, il ne reconnaît pas tout de suite celui qu’il a tant dessiné étant enfant.
Mais l’ours revient, il s’est donné pour mission d’ouvrir les yeux d’Alexander sur la platitude de sa vie. Il doit bien rester quelque chose de ses rêves d’enfant, il n’était pas fait pour se contenter d’une vie de bureau, il devait devenir dessinateur. Que s’est-il passé?
“-Rien, il ne s’est rien passé. Il ne se passe rien.” Répond l’homme en costume.
Ours appelle Foxi, le doudou d’Alexander, à son secours. Ensemble, ils vont réussir à allumer une étincelle, à donner des envies de réalisations à Alexander. Ils lui montrent qu’un autre chemin est possible.
Les images, qui se déploient sur un grand format, réalisées au feutre noir sont à la fois réalistes et étranges, elles incitent à porter un regard critique sur la vie quotidienne citadine et monotone du protagoniste.
On peut penser que cet album s’adresse d’abord aux adultes, puisqu’il joue sur leur nostalgie du temps de l’enfance.
Mais les enfants y trouvent un réel intérêt.
Il est peu habituel qu’on leur propose des héros adultes. Je ne pense pas qu’ils s’identifient au protagoniste, mais ils peuvent avec cet album comprendre ses sentiments et ses émotions.
Je ne crois pas que le but de la lecture soit nécessairement l’identification. Au contraire, se projeter dans les pensées d’une personne qui ne nous ressemble pas, c’est faire l’expérience de l’altérité, c’est la possibilité de mieux comprendre l’autre et le monde.
Et puis Ours à New-York est un hymne à l’enfance et à ses potentialités. Le jeune lecteur peut être pleinement satisfait de cette histoire qui qu’il est encore à l’âge où tout est possible, où tous les chemins s’ouvrent à lui.