C’est mon élastique, Shinsuke Yoshitake, kaléidoscope, 2020, 13€
Un élastique trouvé par terre, ça peut être un formidable trésor. Si d’abord. Il suffit de le décider.
Déjà, ce qui compte dans un trésor, c’est de le posséder. Pas besoin de le partager, pas besoin de demander la permission de l’emprunter.
La petite narratrice est super contente d’avoir un truc rien qu’à elle, pas hérité de son grand frère, pour une fois. Avec, elle fera de grandes choses.
Comme dans “Oh, hé, ma tête”, l’auteur nous donne à voir les projections d’un enfant, qui ne manque pas d’imagination.
Son élastique l’accompagnera tout au long de sa vie et ça sera drôlement bien.
Avec, elle fera des choses incroyables, comme attraper tous les méchants de la terre, ou encore sauver le monde. Oui. Rien que ça.
Cette plongée dans l’imaginaire enfantin que nous offre Shinsuke Yoshitake au fil des albums est toujours une réussite. Souvent absurde, résolument drôle, chaque histoire a ses spécificités mais on retrouve de nombreux points communs, qui donnent une unité à l’ensemble.
Les enfants reconnaissent le trait et apprécient de retrouver le même type d’histoire.
Et ici en plus, on retrouve un personnage secondaire déjà croisé dans “Une petite goutte de trop”, qu’ils ont un grand plaisir à retrouver.
C’est mon élastique est un vrai petit régal d’album.
Shinsuke Yoshitake
La petite goutte de trop
La petite goutte de trop, Shinsuke Yoshitake, nobi nobi! 12€50
C’est l’histoire d’un petit garçon qui a un problème. Oh, pas un bien gros, juste un de ces petits tracas comme on en a tous.
C’est pas de sa faute, il ne fait vraiment pas exprès, mais voilà, quand il fait pipi, il y a toujours une petite goutte de trop. Et à chaque fois, sa maman se met en pétard.
Alors cette fois, pour échapper au savon, il préfère prendre le large.
Chemin faisant, il se dit que, si ça se trouve, plein de gens partagent son problème. Tiens, cette fillette, là, elle à une façon bien étrange de se tortiller.
Tout comme ce petit garçon qui semble préoccupé, lui aussi.
Mais non, c’est toujours autre chose.
Une chaussette qui tire-bouchonne dans la chaussure, une crotte de nez coincée. Ou pire, une manche qui se carapate sous le pull, qui n’a pas déjà connu ça?
Ainsi notre petit narrateur découvre que si son problème n’est pas aussi universel qu’il l’aurait cru, avoir un problème, en revanche, semble être la norme.
Et après tout, le sien n’est pas pire qu’un autre.
C’était assez audacieux de la part de Shinsuke Yoshikate de partir d’un slip souillé pour aborder plus largement les questions de la différence et de la honte.
Mais ça fonctionne du tonnerre, parce-que l’album est hilarant.
Des situations cocasses, qui frisent l’absurdité et dans lesquelles pourtant on se reconnaît en font le sel.
On retrouve dans le protagoniste le caractère des personnages de cet auteur, décalés, inventifs et toujours surprenants.
Il existe deux autres albums de Shinsuke Yoshikate chez nobi nobi! Que je n’ai pas le plaisir de connaître mais leurs titres (” c’est pas ma faute” et ” c’est pas juste”) me donnent à penser qu’ils sont dans la même veine, à mon avis, ça vaut le coup de les chercher.