Dans une forêt de papier, deux tatous vivent au rythme de leur musique : ta-TOU, tou-TA, ta-TOU, TOU-ta. Derrière eux, les arbres forment un camaïeu de gris, la forêt n’est pas inquiétante mais tout de même un peu terne. Quand débarque un chat, qui produit sa propre musique cha-cha-CHA! cha-cha-CHA! Il est joyeux, plein d’entrain et se détache sur la page grise par son pelage orange. Il danse, accompagné de ses maracas. Ce qui n’est pas du tout au goût des tatous, qui le rembarrent avec une certaine brutalité « Pas de ce tintamarre chez nous! »
En s’éloignant, le chat nous adresse un regard très expressif, à faire pousser des soupirs de quoi inspirer de la pitié même au plus insensible des lecteurs! Mais les tatous y sont indifférents, et ils reprennent leur rengaine rapidement. Jusqu’à l’arrivée d’une mouette jaune. Elle souffle dans une trompette mais le mou-ouêêêT qu’elle produit ne sied pas du tout à nos tatous, dont on aura compris qu’ils ne sont pas un modèle d’accueil de l’autre ni de tolérance à la différence! La mouette s’éloigne, la tête haute et le bec fier. Vient ensuite un duong (si, si, ça existe) mais son son est également rejeté, puis c’est au tour du singe.
Vous l’aurez peut-être deviné, les animaux mélomanes éconduits forment un groupe dont la musique va attirer l’attention des deux désagréables tatous. Et comme ils sont sympas, eux, ils reçoivent les deux rabat-joie dans leur groupe.
L’histoire pourrait se terminer ici, mais de nouveaux protagonistes vont arriver et créer la surprise, avant la chute et la fin ouverte, que chaque lecteur pourra donc interpréter à sa façon, selon son sens de l’humour (j’ai bien ma petite idée sur ce qui se passe une fois le livre refermé, mais il parait que ce n’est pas correct d’imposer son point de vue).
Je vous conseille vivement de vous entraîner un peu avant de lire Bonogong à des enfants, pour que les bruits produits par les animaux ne cassent pas la fluidité du texte. Une fois qu’on a trouvé le rythme, ça va tout seul et son peut savourer les images (un petit théâtre de papier photographié) et le texte qui n’est pas bavard et agréable en bouche, avec un jeu sur les adjectifs que les tatous donnent à chaque musique (sons qualifiés tour à tour de « étrange et inconnu », « bizarre et farfelu », « curieux et malvenu », « loufoque et saugrenu » etc)
C’est pas que ce soit un mauvais job, renne du père noël. Mais le froid, les mioches, les cadeaux, tout ça, Elijah en a plein les bottes. C’est décidé, il prend la tangente, faut dire qu’il aspire à des activités un peu plus… Punks. Ouais.
Et pour ça, il sait parfaitement où aller.
Direction London, THE ville punk. Ouais.
D’abord, s’occuper du look. Tatouages, crête et piercing, c’est déjà plus rock. Ensuite, le matos, ce sera une guitare. Électrique bien sûr. Maintenant, il n’y a plus qu’à trouver les autres membres du groupe.
Oh, il croise bien des musicos qui envoient du bon son, mais c’est pas assez punk pour lui.
Avec un certain flegme, que l’on pourrait qualifier de britannique, les différents musiciens qu’il a regardé de haut lui emboîtent le pas. Un peu par sympathie, un peu pour lui apprendre la vie, ce n’est pas clair.
Le chat qui joue du folk, la grenouille à l’harmonica, le mouton et sa cornemuse et même le buffle vont taper le bœuf avec Elijah et le résultat va être… Heu, bon, disons que le leader de la troupe a encore un peu de boulot pour que ce soit vraiment écoutable.
Mais l’improbable groupe va finir par s’améliorer, au point d’être remarqué au plus haut sommet de l’état. Ouais. The queen, messieurs-dames, rien que ça!
C’est vraiment un album décapant, étonnant, atypique et plein d’humour que nous avons là.
les grandes images aux crayons de couleurs sont véritablement splendides, lumineuses et souvent très drôles.
Elles rendent aussi bien l’ambiance feutrée du palais de buckingham que l’agitation de camden ou le calme des berges de la Tamise.
C’est probablement le livre autour de noël le plus décalé et excentrique que j’ai lu jusqu’ici (oui, album de noël, vous aviez déjà oublié le premier job d’Elijah Betz? Son ancien boss réapparaît en fin d’histoire, figurez-vous. )
Deux sujets qui m’intéressent: le handicap et la musique. Barbara Rosenstiehl les fusionne avec brio. Quiconque ayant travaillé avec des personnes en situation de handicap s’est déjà posé la question de la communication. Celle-ci ne peut pas toujours être verbale, elle passe donc par le corps, et tout un tas d’outils. C’est à partir de là que l’auteure s’est posé trois questions:
« – Pense-t-on à évoquer les personnes polyhandicapées à travers leurs potentialités et leurs aptitudes relationnelles?
– Peut-on entendre la musique autrement qu’en termes de tempo, notes, tonalité etc…?
– Envisage-t-on une thérapie basée sur la communication avec des individus qui n’ont pas accès au langage? »
En plus de m’apporter des réajustements dans mon accompagnement auprès de ces personnes et dans ma relation à l’autre d’une manière plus générale, j’ai également appris à envisager la musique (une de mes passions!) d’une autre façon.
Barbara Rosenstielh pose le contexte de la thérapie d’une manière générale dans le handicap, avant de mettre en lien la musique comme médiateur et la place du mouvement. Reposer les bases de ce qu’est la communication était également essentiel.
La musique
est «l’art de combiner des sons»,
la musicothérapie est une des composantes de l’art-thérapie qui consiste à
utiliser la musique comme outil thérapeutique, pour rétablir, maintenir ou
améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle d’une personne.
La musique
est du point de vue scientifique un phénomène physique d’ondes vibratoires qui
viennent littéralement toucher le corps et plus particulièrement les tympans.
Pour les
musiciens, c’est un moment de plaisir, d’échanges, de jeu, d’expression.Il s’agit
de goût de vivre, de mieux-être, d’aide à vivre, d’intégration et de
socialisation.
Le but est d’ouvrir les canaux de communication,
redécouvrir le plaisir et le désir de communiquer. Ce qui implique une vocation
d’écoute, de présence, d’observation et permet d’agrandir l’espace d’expression
émotionnelle. La musicothérapie estun système
de relation moi-autrui-environnement.
Cette citation de Barbara
Rosensthiel met en exergue ce qu’il peut se passer pour le corps: «ce résonateur
qu’est le corps, contenant et contenu d’une communication, a besoin d’espace,
d’espace sonore, de lieu entre lui et les autres pour s’exprimer».
Dans ces
ateliers, ce c’est pas le contenu qui compte mais la capacité à communiquer,à
donner du sens expressif. Cette communication spécifique est porté par les
éléments constitutifs de la musique: vibrations, rythme, son, mélodie,
harmonie.
La musique
est alors un médiateur, dans une relation qui se doit sécurisante,
enveloppante, gratifiante et plaisante. C’est une
intervention non intrusive dans le domaine relationnel non verbal, composée de
sons et mouvements.
«Jouer de la musique c’est mobiliser
l’imaginaire, la créativité et l’affectivité». La créativité est l’action de
faire ou d’organiser quelque chose qui n’existe pas. C’est unique , vient de la
personne mais tourné vers l’autre.
Pour
Winnicott, la créativité est une façon de percevoir les choses qui donne au
sujet le sentiment que la vie mérite d’être vécue. Il est acteur. Ce qui
renvoie à une notion d’identité, de savoir-faire.
Ces outils nous permettent d’entrer
en relation avec l’enfant, de lui offrir la possibilité de faire des choix. Ils
ont un objectif pour l’accompagnement présent de l’enfant, mais également en
vue de l’orientation future des enfants. En effet, le but est d’établir des
codes stables afin de pouvoir les élargir ensuite, les agrandir au cercle moins
privé de la famille, aux futurs professionnels qui accompagneront l’enfant mais
également à l’extérieur, dans les autres lieux où l’enfant est accueilli, dans
une démarche de continuité pour l’enfant, de progression, d’apporter des moyens
de communication adaptés et ne pas recommencer tout le travail fait en amont.
Barbara Rosensthiel n’hésite pas à nous faire partager ses séances avec ceux qu’elle a accompagnés, ce qui rend son expérience concrète pour nous lecteurs.
La musicothérapie est un espace/temps, où il est indispensable d’être disponible et d’être avec l’autre et c’est une expérience à vivre en équipe.
L’accordage affectif, le langage, la motricité, le miroir sonore, la créativité, éveil des sens, Palo Alto et les rituels sont tant de sujets abordés dans ce livre.
Si vous êtes sensible à la musique, à la communication non-verbale, n’hésitez pas! Nous utilisons tous les jours notre communication gestuelle, quel que soit notre interlocuteur et dans toutes les situations!
Barbara Rosensthiel est éducatrice jeunes enfants, musicothérapeute (formation à la musicothérapie active CF l’Atelier de Musicothérapie de Bordeaux), elle a travaillé en crèche puis au sein d’un institut médico-éducatif pour enfants et adolescents polyhandicapés.
Pour aller plus loin:
« Eléments de musicothérapie » Ducourneau Gérard
« Des musiciens et des bébés » Bouteloup Philippe
« Premiers gestes, premiers mots » Van Der Straten Astrid
« Les communications non-verbales » Corraze Jacques