Princesse Pimprenelle se marie, Brigitte Minne, Trui Chielens, cotcotcot éditions, 2020, 18€
Le titre annonce la couleur, nous avons affaire à un conte, dans lequel des chevaliers vont défiler pour obtenir la main d’une princesse.
Un détail dénote dès le début tout de même.
Pimprenelle n’est pas réduite au rang de récompense, qui sera offerte au plus valeureux au plus beau ou au plus riche.
Non, c’est à elle de choisir son promis, et pour cela sa mère, la reine, lui donne même le critère: il s’agira de trouver le chevalier qui fera battre son cœur, celui à cause de qui le sol se dérobera sous ses pieds. On espère le coup de foudre en somme.
Mais rien de tel ne se produit pour la princesse qui, à tout prendre, préférerait choisir un cheval.
Jusqu’à ce qu’apparaisse sur son cheval noir la princesse Aliénor. Et le sol se dérobe sous les pieds de Pimprenelle.
Très rapidement, elles décident de se marier. Mais le roi et la reine ne sont pas d’accord. Pourquoi? Hé bien, parce que, heu, enfin, c’est à dire que, heu… Ça ne se fait pas. Voilà, c’est pour ça que c’est impossible. Ça ne se fait pas.
D’ailleurs, le chœur des fâcheux se fait rapidement entendre. A-t-on jamais vu?… Ce n’est pas possible! Oooooh!
Des mots cruels, qui se répandent aux quatre coins du royaume et atteignent les deux princesses.
Le roi et la reine vont prendre conseil auprès de la sage Sophie, qui va remettre les choses à leur juste place: Ce qui compte, c’est l’amour, n’est-ce pas?
Au delà du propos, qui est certes rafraîchissant, et de la happy end, salutaire, j’ai surtout été séduite par les illustrations. Elles mêlent peinture et crayonnés et soutiennent parfaitement le propos.
Des personnages crayonnés, tout en mouvement, on dirait presque qu’ils dansent en permanence. Et des décors qui tirent tantôt l’histoire vers le conte de fée tantôt vers la mythologie ou la Grèce antique (allusion je suppose à une période où l’homosexualité ne posait pas tant de problèmes).
La fin reprend la structure traditionnelle du conte, adaptée, bien sûr: “Et les princesses? Elles vécurent heureuses et eurent beaucoup d’enfants !”
Un épilogue précise comment deux femmes peuvent s’y prendre pour avoir des enfants. J’avoue que ce passage ne m’enchante pas. Pas pour le fond, au contraire, j’apprécie que l’on puisse aborder cette question avec les enfants. Mais parce qu’il nous sort du merveilleux de l’album, dans lequel j’aurais apprécié de rester encore un peu une fois l’histoire finie.
C’est tout de même une joie de voir que deux princesses peuvent désormais avoir des enfants dans un album, en cela “Princesse Pimprenelle se marie” va un peu plus loin que “Heu-Reux”, que j’apprécie beaucoup également.