Nuit polaire, Delphine Chedru, Sarbacane, sarbabb, 2025, 11€90

Aku vit seul dans le nord, un peu plus au nord encore que ce à quoi vous pensez, à la lisière du monde connu, là où l’hiver on ne voit presque plus le soleil.

C’est au cœur de cette nuit polaire que, par la fenêtre, un aperçoit un jour une étrange lueur, à peine perceptible, qui semble s’éloigner quand il s’en approche.

Commence alors une longue marche dans l’ambiance feutrée de la forêt enneigée. Aku n’a pas l’air inquiet. Petit bonhomme déterminé, il avance entre les arbres, sa silhouette rouge et verte se détache dans le camaïeu de bleu où il chemine.

Il rencontre différents animaux, qui tous se montrent très amicaux et curieux de savoir quelle est cette étrange lumière, alors, ils lui emboutent le pas.

C’est donc une histoire à accumulation et ils seront finalement toute une petite troupe quand arrivera le dénouement. Ils finissent par repérer ce qu’ils cherchaient et plus encore: ils se sont trouvés mutuellement et Aku, qui s’ennuyait en début d’album, est désormais bien entouré dans la chaleur de son foyer.

Dans mon travail, j’ai toujours besoin de beaucoup d’albums pour les tout petits, je travaille souvent avec des enfants de moins de 3 ans.

Les petits livres, aux pages cartonnées, aux angles arrondis sont très prisés des professionnelles de l’enfance et des parents que je rencontre.

De mon côté, ce que je recherche avant tout ce sont des textes que j’aurais plaisir à lire à voix haute, dont la musicalité saura retenir l’attention d’un tout petit, avant même qu’il n’en comprenne le sens.

J’aime beaucoup la langue exigeante et poétique de Delphine Chedru dans cet album. Elle cherche le mot précis, le mot joli, celui qui va susciter la curiosité des enfants même (surtout?) s’ils ne le connaissent pas encore. Quand on leur lit cet album on les nourrit de « papillon incandescent », d’un Aku « enthousiaste », de lumière « légère, vivace et virevoltante ». Elle joue aussi avec les différents registres de langage, à titre personnel j’ai un coup de cœur particulier pour le cerf au langage châtié qui vouvoie ses interlocuteurs, je le trouve très drôle.

Il n’est jamais trop tôt pour proposer aux bébés toute la richesse de la langue, ils y trouvent un terreau fertile pour le développement de leur langage et surtout, ils y prennent beaucoup de plaisir!