Un amour d’ours, Stéphane Servant, Lætitia Le Saux, Didier jeunesse, 2025, 13€90

Ah la la, ce papa ours, toujours aussi agaçant, toujours aussi touchant. On le retrouve ici dans les mêmes tiraillements que dans les épisodes précédents. Sa vision de la masculinité et de ce qu’il pense devoir transmettre à son fils se heurte sans cesse au mur de la réalité, où les choses sont bien plus subtiles!

Ainsi aujourd’hui il doit répondre à une demande de conseil de Petit ours, qui souhaite savoir comment faire quand on « zaime beaucoup quelqu’un ». Et papa ours, il SAIT. Ben oui, c’est un peu son job de papa de savoir, il est un ours un vrai je vous le rappelle.

Alors il explique: Il faut être fort, être beau, faire des cadeaux. La base, quoi. Il est tellement certain de parfaitement maitriser son sujet qu’il n’est pas tellement à l’écoute, pourtant, petit ours aimerait bien apporter une précision à sa question…

Maman ours, elle, ne cherche pas la contradiction, elle a toujours sur son mari d’ours un regard aussi tendre que malicieux, et elle le laisse déblatérer sans broncher. Mais elle fait tout de même remarquer à son petit que pour chaque exemple qu’il donne, papa ours est… Le parfait contre-exemple.

J’aime toujours beaucoup la façon dont l’auteur et l’illustratrice portent la cause féministe, par le biais de l’humour et d’histoires, qui font réfléchir sans prendre la tête. Il s’agit moins de déconstruire papa ours que de lui laisser la possibilité d’évoluer, car tout de même il n’est pas totalement stupide et ne reste pas ancré dans ses certitudes. C’est comme ça qu’il peut être, lui aussi, un amour d’ours!

Il ne sera pas le premier à changer de point de vue sur ses valeurs en étant confronté au regard qu’un enfant peut poser dessus. Car oui, on s’élève avec les enfants autant qu’on les élève.