C’est bien mon chéri, Julien Couty, la joie de lire, 2024, 14€90


Vous avez remarqué, on fustige toujours les écrans dans les mains des enfants mais on s’interroge encore assez peu sur l’effet délétère des écrans sur les enfants quand ce sont les adultes qui s’y adonnent.
Dans cet album, les parents sont manifestement très absorbés par le smartphone qu’ils ont chacun greffé à la main.
C’est pas des mauvais parents, hein. Ils font à manger, ils encouragent leur môme, ils ont l’air plutôt sympa/normaux.
Mais, il faut l’avouer, ils sont peu attentifs.
Aucun problème pour le gamin, lui aussi est occupé, il a des projets de construction. Aidé du chat (enfin, il aide comme les chats savent aider, quoi, c’est à dire qu’il se lâche la patte en regardant d’un œil), il se lance dans la construction d’une tour de dominos. Puis y ajoute les coussins du canapé pour plus de hauteur. Et la table basse. Hop, quelques portes de placard, et un échafaudage tant qu’à y être.
Il commente chaque étape et obtient immanquablement le même commentaire parental “C’est bien mon chéri ” prononcé mécaniquement par un adulte qui n’a toujours pas levé les yeux de son smartphone.


L’imagination du petit s’emballe et son pouvoir d’agir semble sans limite. Des ouvriers viennent lui prêter main forte, une serre tropicale est bâtie, puis un toboggan géant!
L’absurdité de la situation contraste avec le réalisme du comportement parental, qui est à peine exagéré.
Je n’aime pas trop que la littérature enfantine fasse la morale aux gamins, ici elle ne la fait pas non plus aux parents, puisque rien ne vient sanctionner leur comportement. Ils en sont même presque récompensés, puisqu’ils finissent par retrouver leur salon impeccable.
La chute m’a réjouie, elle m’a fait penser à celle de Au lit dans dix minutes, ici aussi il faut tout remettre en ordre en un temps réduit, mais heureusement dans les livres il se produit souvent des miracles!