Eau douce, Émilie Vast, MeMo, 2021, 17€
Il est toujours extrêmement difficile pour moi de résister aux images d’Émilie Vast.
Les formes pures, au dessin délicat et précis dont elle est coutumière, m’attirent toujours. Et la justesse de ses illustrations tend toujours vers le style documentaire, même dans les albums qui sont clairement des récits (elle manie aussi très bien l’entre deux, avec des livres qui sont clairement des histoires mais qui permettent aussi aux enfants d’apprendre plein de vocabulaire spécifique, par exemple celui-là).
Cet album est un documentaire, avec tout ce que cela implique: une rigueur scientifique, des explications détaillées, du vocabulaire spécifique, et même un lexique à la fin.
Mais, peut-être pour donner plus de légèreté au propos, ou pour rendre l’ouvrage plus ludique, l’autrice a intercalé des doubles pages d’images sans texte.
Elles montrent un milieu naturel et son évolution au fil du temps, pendant une année.
Le format qui s’ouvre en hauteur, comme un calendrier, fait échos à cette notion du temps qui passe.
Il sert aussi l’image. Le pli du livre se confond avec la limite entre l’eau et le ciel.
Dessous, les poissons, les racines du nénuphar et autres têtards. Dessus, les oiseaux, plantes, insectes.
Entre ces magnifiques images pleine page, il y a celles consacrées au texte, où l’on retrouve des éléments vus précédemment et les explications qui vont avec.
On peut alors observer avec beaucoup de détails les fruits de l’aulne, l’accouplement des demoiselles, le plumage de la bergeronnette grise.
Une majorité des enfants à qui j’ai montré cet album ont apprécié l’alternance, ils ont fait des allers-retours entre les pages documentaires et les illustrations sans textes.
Mais parfois certains s’intéressent spécifiquement à une des deux formes. Il y a ceux qui, clairement, ont envie d’apprendre des trucs, au point parfois qu’il a fallu chercher d’autres sources d’informations. Et ceux qui aiment inventer des histoires, s’attachent aux personnages. Ils vont alors suivre la création d’un nid, la naissance des oisillons, puis leur envol.
Ceux-là repèrent vite l’unité de lieu et se rendent compte que l’environnement se modifie au fil du temps, tout en restant reconnaissable.
Bref, Eau douce est un livre qui permet à chaque enfant de faire son propre chemin de lecture, à nous de les suivre.
A noter: Eau douces à bien sûr son pendant marin, sous le titre Eau salée.