Notre boucle d’or, Adrien Albert, école des loisirs, 2020, 12€50
Dans la maisonnette rose habitent deux gros ours: Papa et maman ours. Il y a aussi leur tout petit ourson.
Aujourd’hui, ils plantent des bulbes dans le jardin.
En leur absence, un petit garçon s’approche de la maison et, sans sonner, ouvre la porte et entre. Quel malpoli!
Sur la table sont posés deux grands bols de chocolat chaud et un plus petit. Sans gêne, l’enfant monte sur une chaise haute et tente d’attraper un bol. Mais le maladroit bascule et se retrouve au sol dans une flaque de chocolat. Il se relève et déambule dans la maison, semant des traces de chocolat partout.
A leur retour, les ours découvrant les dégâts ne sont pas très contents…
Boucle d’or est un conte très souvent adapté en littérature enfantine, sans doute parce qu’il s’adresse aux tout petits et qu’il permet de nombreuses interprétations.
Les auteurs et illustrateurs s’en donnent à cœur joie avec cette trame et laissent libre court à leur créativité. On peut ainsi voir des versions très graphiques, comme chez Olivier Douzou, ou une boucle d’or aux cheveux noirs.
Mais c’est la première fois que je vois une version où le protagoniste est un garçon. Et pourquoi pas. Après tout, le petit chaperon rouge est bien une fillette!
Adrien Albert s’émancipe aussi de l’idée, trop souvent admise, selon laquelle le papa ours est forcément plus gros que la maman et que ses possessions sont à l’avenant. Ici ils sont mis sur un pied d’égalité: chaises et bols sont de la même taille et ils font manifestement lit commun.
Il en va de même pour les parents de boucle d’or, que l’on rencontre à la fin de l’album et qui travaillent de concert dans la bergerie, sans hiérarchie apparente entre eux.
Outre ce traitement égalitaire entre les genres auquel je suis (vous le savez sans doute) sensible, Notre boucle d’or propose une version très plaisante du conte traditionnel.
Souvent, avec cet auteur, on part d’un univers très ancré dans le réel puis ça dérape vers le loufoque.
Ici c’est l’inverse, on a d’abord les animaux qui parlent et on finit dans une histoire de voisinage tout à fait classique.
J’aime assez cette façon dont Adrien Albert brouille les pistes entre le réaliste et le fantastique.
Et puis il y a toujours les bouilles très expressives de ses personnages (mention spéciale à la bouille des ours quand ils sont successivement en colère puis effrayés) et les aplats de couleurs vives qui attirent l’œil (cette forêt rose, quelle merveille!).
Si vous voulez en savoir plus sur son travail, vous pouvez l’écouter au micro de Marie Richeux dans l’émission de radio Par les temps qui courent.