Une chanson pour l’oiseau M. W. Brown R. Charlip Didier jeunesse 11,90€
isbn: 9782278070862
D’abord, une illustration pleine page. L’herbe verte, le ciel bleu et l’oiseau, couché sur le flanc.Puis une page blanche, avec seulement cette phrase: “l’oiseau était mort quand les enfants l’ont trouvé”. Sur l’illustration suivante, toujours sans texte, une fillette s’est agenouillée auprès de l’oiseau, bientôt suivie d’un garçon, puis de deux autres, qui semblent s’interroger sur ce qui est arrivé à l’oiseau, le désignant du doigt. Le petit corps est encore chaud mais le cœur ne bat plus, la vie l’a bien quitté. Le texte dit les choses avec une très grande simplicité: les enfants sont tristes de la mort de l’oiseau mais ils sont contents de l’avoir trouvé, ils pourront lui faire une cérémonie, comme les adultes quand quelqu’un meurt.
Avec cette phrase toute simple, Wargaret Whise Browne place les choses de façon très juste: le chagrin réel des enfants mais la mort adoucie, puisqu’il s’agit d’un animal et non d’une personne. La cérémonie pourra donc relever presque autant du jeu d’imitation que du rituel, les enfants à qui on lit cet album, comme les personnages du livre, y trouvent une occasion de se confronter au chagrin du deuil tout en étant en sécurité, ils ne sont pas réellement concernés, tout ça c’est un peu “pour de faux”.
L’alternance des pages de texte et des pages d’illustration évoquent la séparation, celle de l’oiseau et des enfants, celle de l’oiseau et des enfants. Si, au départ, j’ai été un peu gênée par cette séparation, à la lecture j’ai trouvé que ça donnait un rythme très doux au livre, on prend le temps de vraiment regarder les images, cela contribue à protéger le lecteur du thème difficile, on n’est pas submergé par l’émotion, en s’adressant tour à tour à nos oreilles et à nos yeux, le livre nous laisse le temps d’assimiler chaque phrase, sans nous y enfermer, c’est finalement très habile. L’ensemble est juste, pudique, émouvant.