Tempête sur la savane, Michaël Escoffier, Manon Gauthier, éditions d’eux, 2020, 16€
Voilà un album qui va faire le régal des lecteurs débutants.
C’est l’histoire d’un éléphant qui n’arrête pas de rouspéter. De jour, de nuit, il rouspète à la figure et au nez de tous les autres animaux.
La première syllabe du mot est toujours d’une couleur différente du reste de la phrase et l’image entretien l’ambiguïté: les “rouspeteries” de l’éléphant semblent avoir des conséquences olfactives autant que sonores.
Tant et si bien qu’il s’attire les foudres de tous (seules les mouches semblent apprécier sa compagnie) et que les habitants de la savane finissent par se liguer contre lui.
Le procédé est répété et enrichit avec de nouveaux mots. Ainsi les animaux fâchés font un piège à base de cacahuètes pour punir ce gros culotté. Cette petite touche d’impertinence qui s’adresse aux lecteurs avertit les amuse follement.
Il ne s’agit pas seulement de parler de prouts et de caca (ce qui, il faut l’admettre, amuse encore beaucoup les enfants au CP) mais de le faire sans en avoir l’air, comme un pied de nez aux grandes personnes.
Par ce procédé, l’auteur réussi à instaurer une connivence directement avec le lecteur, ensemble ils se jouent des codes de bonne conduite.
On retrouve d’ailleurs cette complicité avec le lecteur dans plusieurs albums de Michaël escoffier (voir par exemple “Sans le A” où il joue également avec les mots)
L’image accompagne parfaitement l’humour du texte. Les personnages sont expressifs et cocasses, l’utilisation de crayons de couleurs sur papier découpé leur donne un air faussement enfantin.
Tout à fait adapté à la lecture gratuite, “juste pour le plaisir”, telle que je la pratique, “Tempête sur la savane” se prête également parfaitement à une exploitation pédagogique (à condition que vous ne soyez pas réfractaire à un brin d’impertinence en classe).
Et pour finir un petit extrait vidéo: