Le petit monde de Nour, Jérôme Ruillier, Isabelle Carrier, saltimbanque, 2022, 13€50
Nour est une fillette joyeuse qui aime rire, sauter dans les flaques et danser. Mais c’est aussi une enfant singulière, elle est dans son monde et a du mal à écouter. Elle fait rire les autres enfants, mais on se rend compte qu’ils rient d’elle plutôt qu’avec elle. Quant aux adultes, elle semble les agacer, ils lui crient dessus.
Elle en conçoit une tristesse qui grossit, grossit, finit par prendre toute la place.
Avec ses cheveux blonds et sa joie de vivre, l’image la montre d’abord plutôt solaire, radieuse (Nour signifie d’ailleurs lumière). Elle semble très proche de la nature. Mais le chagrin se matérialise sous la forme d’une tâche grise qui petit à petit prend toute la place dans l’image. Invasive, la tristesse éclipse l’enfant.
Les adultes autour semblent inquiets et compatissants. Mais ce n’est pas d’eux que viendra la solution.
Le petit monde de Nour est un album assez minimaliste, il fonctionne à l’économie tant sur les mots que sur les images. Le trait est sensible, le texte juste.
Il n’est pas nécessaire de faire de grands discours aux enfants pour qu’ils puissent comprendre la différence, ressentir le poids du stigmate et se sentir solidaire de cette fillette pas tout à fait dans la norme.
J’apprécie beaucoup la sobriété du propos, que l’on retrouve d’ailleurs habituellement chez ces auteurs (mais si, vous savez, Isabelle Carrier c’est l’autrice entre autre de La petite casserole d’Anatole, quant à Jérome Ruillier, il a notamment écrit 4 petits coins de rien du tout)