Les animaux, Bastien Contraire, La partie, 2022, 18€

En vue d’une conférence sur les livres d’artistes que je prépare pour fin mars (programme complet ici) , je lis beaucoup de livres assez atypiques aux enfants en ce moment. Je vais donc faire plusieurs articles les concernant en axant mon propos sur la façon dont on peut les utiliser et la façon dont les enfants les reçoivent, puisque telle était la demande pour ma conférence. Les animaux est de ceux-là.

Bastien Contraire est un adepte des livres concept, de ceux avec lesquels les enfants peuvent jouer et qui laissent parfois les adultes perplexes.

Dans les animaux, il nous trompe dès le titre, à moins qu’il ne s’agisse là d’un indice pour nous guider dans la lecture qui va suivre.

Chaque page montre un rond de couleur unie sur fond blanc. Ne cherchez pas un jeu d’échelle, tous les ronds ont exactement la même taille, et ils sont tous précisément positionnés de la même façon sur la page. Il n’y a donc que la couleur pour évoquer chaque animal, ainsi que son nom écrit en cursive en dessous.

On peut instaurer un jeu de devinette avec les enfants mais c’est quand-même un peu vache: certains sont quasiment impossibles à deviner. Car après le jaune du poussin ou le gris de la souris, nous avons l’autre gris, celui de l’éléphant, et l’orange peut aussi bien être celui du crabe que celui, moins soutenu, du renard.

On peut aussi, et c’est généralement ce que je fais, se contenter de tourner les pages en lisant le texte, et voir comment les mouflets vont se débrouiller avec ça.

Et là, les réactions sont très variées. Certains nous regardent d’un air indécis, se demandant manifestement si on ne se moquerait pas tout de même un peu d’eux.

D’autres entrent immédiatement dans le jeu, et cherchent alors à deviner la suite (dans ce cas bien entendu je respecte leur jeu et je ne donne pas le nom de l’animal, je ne suis pas sadique non plus)

Nombreux sont ceux qui après quelques lectures retiennent le nom et l’ordre d’apparition de chaque animal, avec un taux d’erreur étonnamment faible.

Quand on a affaire à un petit groupe, les discussions vont bon train, et ceux qui connaissent déjà le livre n’hésitent pas à se positionner en expert, présentant eux-mêmes l’ouvrage à leurs copains, faisant des commentaires ou détrompant fièrement ceux qui n’auraient pas identifié la bonne bestiole.

La dernière page offre une surprise qui accentue le côté ludique du livre et incite généralement les enfants à le prendre en main eux-même, pour mieux jouer avec. Je ne saurais trop vous inciter à les laisser faire autant que possible: c’est toujours chouette que les enfants souhaitent s’approprier un livre.