Noms d’oiseaux! Isabelle Simler, éditions courtes et longues, 23€
En fait, les livres d’Isabelle Simler sont toujours des hybrides. Ils se situent au croisement de l’album et du documentaire. Elle réussit très bien la fusion entre ces deux registres, passant de l’un à l’autre ou les mêlant habilement, comme dans “Mon chat sauvage”.
C’est encore le cas dans “Noms d’oiseaux” (édité en 2018, oui, j’étais passée à côté, mais y’a pas que les nouveautés dans la vie!). Elle y explore en plus quelques codes propres à la bande dessinée.
Les premières pages, sans textes, se découpent en strip. On y voit un moineau qui s’installe sur une branche. Les différentes formes de vignettes, le battement des ailes, les variations dans le cadrage, en font une entrée dans le récit qui nous met déjà en haleine.
Puis, rupture de rythme, un plan éloigné en pleine page montre l’arbre dénudé, l’oiseau sur une de ses branches. Cette image évoque presque une page de garde. De fait, on rentre ensuite dans l’intrigue proprement dite: un autre moineau arrive et les voilà qui s’échangent de drôle de noms d’oiseaux.
“Merle vantard”, “grosbec casse-noyeaux” et autre “gobemouche à bavette” fusent de part et d’autres.
Aucun doute sur le caractère belliqueux des échanges, les images sont claires: c’est le conflit. Sauf que chaque oiseau dont le nom a été prononcé arrive effectivement dans la page. Ce qui fait rapidement beaucoup de monde!
A la suite de cette première histoire (dont je vous laisse découvrir la chute), tous les oiseaux sont présentés en gros plan dans une galerie de portraits, avec les noms vulgaires et scientifiques de chacun.
Puis le livre se retourne pour lire la deuxième histoire. On retrouve nos deux moineaux mais cette fois, ce sont des mots doux qu’ils échangent (“mon Colibri féerique, mon diamant masqué, ma pintade numide”).
Un vraiment très beau livre, dont le grand format met en valeur la précision du trait et la splendeur images.