On n’est pas des moutons, Claire Cantais, Yann Fastier, La ville brûle 13€

On ne se rend peut être pas bien compte du nombre d’injonctions que supportent les enfants. « Tiens toi droit, fais comme moi, tait toi un peu, répond à la dame, regarde moi, baisse les yeux quand je te parle… »

Alors, certes, certaines sont nécessaires, il faut bien éduquer les enfants. Mais nombreuses sont celles qui sont transmises par habitude, sans discernement.

Ce qui est dénoncé ici c’est plus particulièrement la pression que la société fait peser sur les enfants: Soit fort, consomme et surtout, ne réfléchit pas trop. On reconnaît bien sûr la patte d’une maison d’édition militante.

Dans cet album, ce sont les enfants eux même qui prennent la parole, pour se poser comme sujets, pensants, capables de s’opposer. Ils s’expriment et ils s’affirment: non, on n’est pas des mouton dociles, ni des cochons gavés de soda, ni des pie obsédée par leur apparence.

Que seront ils alors? L’album ne propose pas de valeurs positives à mettre en regard des clichés qu’il démonte. Les auteurs ont préféré laisser aux enfants  une liberté plus grande, avec cette dernière phrase (qui m’a fait penser au remarquable album « Mon chat personnel et privé… « ,  qui aborde aussi la question de la liberté): « Je suis moi, rien que moi… Et c’est très bien comme ça! »

Claire Cantais aux ciseaux et Yann Fastier au texte signent ici un album qui décoiffe et qui prône la désobéissance avec parcimonie (en témoigne cette page où le narrateur, après avoir affirmé qu’il n’est pas un chien qui obéit aux ordres précise « mais bon, d’accord, je veux bien ranger ma chambre »), l’insubordination joyeuse et le droit d’être soi, singulier parmi les autres.

Le texte est tonique, les illustrations vitaminées, l’ensemble très réussit.

J’ai déjà abordé cette collection ici.
Et vous pouvez aussi retrouver l’avis de pépita ici.