Dans le noir, John Rocco, Le genévrier

C’est une chaude nuit d’été sur la ville de New York. Toutes les fenêtres de l’immeuble sont illuminées. Dans la rue, l’agitation citadine bat son plein: le camion poubelle rugit, le taxi klaxonne, on devine que le glacier italien fait salle comble.

Derrière la façade de brique rouges la vie de famille suit son cours habituel. Une fillette cherche de la compagnie pour partager un jeu de société. Mais sa grande sœur est pendue au téléphone, sa mère est concentrée sur son ordinateur et son père est aux fourneaux. Tout le monde est “trop occupé!”

Mais soudain, les lumières s’éteignent sur la ville une à une.

La coupure d’électricité ouvre soudain une parenthèse dans la routine de chacun. Dans le noir, à la lueur de la bougie, on se parle, on joue et, comme il fait vraiment très chaud, on décide de sortir en famille, prendre l’air sur le toit de l’immeuble.

Dehors, une fête s’improvise, les gens dansent ensemble. En bas aussi ils se rencontrent, les enfants jouent dans le jet d’eau de la borne incendie et le glacier offre ses gellati aux passants. A la faveur de l’obscurité, les liens se créent, l’ambiance devient festive. Quand la lumière revient, chacun reprend (presque) le cours habituel de sa vie.

Entre album et bandes dessinées, ce très beau livre offre des cadrages variés, un découpage de l’image qui rythme le récit et une belle alternance entre les couleurs froides de la nuit et les couleurs chaudes de la fête.

Cet album, qui a obtenu le prix Caldecott en 2012 est une belle invitation à débrancher. Je suis toujours particulièrement touchée par les livres qui me dépaysent, qui m’emportent dans une ambiance, qui me font perdre la notion du temps. C’est le cas de celui là et c’est toujours un grand plaisir de le partager avec un enfant.

Et c’est un coup de cœur aussi pour Bouma.