Que s’est il passé? Nicolette Humbert, la joie de lire,  10 e

isbn:9782889082186

Avec ses photos, Nicolette Humbert propose aux enfants de deviner ce qui a pu se passer entre la page de droite et celle de gauche.

Ainsi sur la première page (la 2eme de couverture en fait, on entre dans le jeu dès qu’on ouvre l’album) on voit un château de sable, élégamment décoré de coquillages. Un sceau et une pelle, abandonnés là, donnent déjà au lecteur l’occasion d’imaginer ce qui n’est pas montré. On peut deviner jusqu’aux gestes de l’enfant qui a construit le château aux traces de ses doigts dans le sable.

Sur la page suivante, il ne reste plus du château qu’un monticule de sable. Le seau à roulé plus loin, au premier plan, une algue attire notre regard. En l’absence du château, c’est la mer qui devient le sujet principal de l’image.

Bien sûr chacune de ces deux pages peuvent suffire à raconter quelque chose (une image raconte toujours quelque chose). Mais c’est leur juxtaposition qui va véritablement mettre l’intelligence de l’enfant en mouvement.

J’ai toujours pensé que dans un album l’histoire ne se raconte ni dans l’image ni dans le texte mais entre les deux. De la même façon c’est dans la succession des images qu’elle se construit, dans l’intervalle de la reliure, dans ce qui n’est pas montré et qu’il appartient à l’enfant de s’imaginer.

C’est un plaisir de voir les enfants regarder ces photos. De les voir comparer les images, chercher des indices, faire des hypothèses. C’est qu’ils ne ménagent pas leur peine, ils cogitent sacrément.

Si certaines doubles pages sont facilement lisibles, d’autres exigent qu’on y revienne, que l’on scrute avec attention chaque détail pour « lire » la séquence. Certains enfants alors demandent de l’aide. D’autres se contentent de passer rapidement sur cette page… Jusqu’à une prochaine fois où, peut être, ils s’y attarderont au contraire longuement, jusqu’à la comprendre.

Évidemment, il est important de respecter le rythme et plus encore les envies de chaque enfant pour que tous puissent s’approprier cet album dans le plaisir.

J’ai d’ailleurs vu des enfants, parmi les plus jeunes, passer complètement à coté du jeu et se contenter de pointer un escargot ici, un ballon là ou encore le lapin à la fin du livre.

Il n’est pas absolument nécessaire de saisir le sens du livre dans son ensemble, moi même je n’ai compris que la première et la quatrième de couverture se répondaient qu’au bout de plusieurs lectures, ça ne m’empêchait pas d’aimer déjà ce livre avant.