Le noir quart d’heure, Carl Norac, Emmanuelle Eeckhout, pastel
Un paysage du nord. En fond, le crassier des mines et les manufactures. A l’avant plan, la silhouette noire des maisons ouvrières. Une tâche jaune éclaire l’une des fenêtres.
Ce soir, papa travaille encore, il rentrera de la mine dans la nuit. Mais maman est là, elle a le temps pour le noir quart d’heure. Vous ne connaissez pas ce rituel qui, près de Mons en Belgique, accompagne les enfants vers le sommeil? Moi non plus, je l’ai découvert avec cet album.
Le noir quart d’heure, c’est le moment où on souffle la bougie et où les histoires se chuchotent. Des histoires de charbon, de corbeaux, de chocolat noir. La fillette et sa mère vont les raconter tour à tour, inventant ou se remémorant des petites histoires qui forment leur culture familiale, leur rituel.
Des histoires noires mais pas sombres, pour un album étonnant, à la fois rugueux comme la pierre, et poétique comme peuvent l’être les mots de Carl Norac.
Les images d’Emmanuelle Eeckhout résonnent parfaitement avec le texte, elles sont minérales et chaleureuses à la fois, seules quelques touches de jaune, presque doré et de rouge/rose viennent égayer les nuances de gris. Voilà qui permet d’être dans la douceur sans jamais frôler la mièvrerie.
Au delà du moment du soir entre la mère et sa fille, on devine aussi la relation au père, ce père qui probablement fait les 3/8 au fond et qui ce soir remonte alors que son enfant est déjà presque endormie, juste à temps pour le bisou qui sent bon le savon noir.