La flaque May Angeli, éditions des éléphants 14€

isbn: 978-2-37273-002-2

Dès la page de garde, on se sent en vacances. Il pleut sur la campagne, les nuages et l’eau occupent tout le ciel. Sur la route, qui serpente entre les fermes, une flaque se forme. Quand la pluie a cessé, les animaux vont se succéder autour de l’eau, à commencer par le plus petit d’entre eux, l’abeille. Furtive, elle boit et bzz, s’envole. On admire déjà la précision des détails, May Angeli manie la gravure sur bois avec une grande dextérité. On voit rarement des abeilles en si gros plan dans les albums. Cette image, d’ailleurs, intrigue les enfants. Les yeux sont impressionnants, le nuage, qui apparaît en bas de page, dans le reflet dans l’eau, étonne. La surface de l’eau est à peine matérialisée par des légers fils blancs, délicats.

D’autres animaux vont arriver, les uns après les autres et petit à petit le cadrage change, du très gros plan on passe à un plan plus éloigné, qui montre alors le chemin autour de la flaque, les fleurs qui poussent sur les bord, l’herbe, le ciel, un pissenlit (May Angeli doit aimer les pissenlits, je partage son goût pour cette plante qui pour moi symbolise tout à fait les jeux de l’enfance).

L’eau, c’est la vie et autour de cet oasis miniature la vie est frétillante, vive, joyeuse. Voir tous ces animaux barboter, ça donne envie. Débarque alors un enfant (garçon, fille? J’aime à penser que cet enfant peut être l’un ou l’autre, peu importe) qui voudrait bien jouer avec les canards. Mais ils s’éloignent en cancanant. Qu’à cela ne tienne, un cochon vient se joindre au jeu et rapidement l’eau devient gadoue, pour la plus grande joie des deux amis.

La palette chromatique réduite évoque les tonalités de fin d’été, on devine l’odeur de la terre mouillée, le bruissement des feuilles. Il y a des petites joies simples dont on ne saurait se passer. Se promener dans la campagne après la pluie, sauter dans les flaques au risque de se retrouver plein de boue en est un.