Si tu veux voir une baleine J. Fogliano E.E. Stead Kaleidoscope 12€

isbn: 978-2-877-67806-3

Ce n’est pas donné à tout le monde d’apercevoir une baleine, ça se mérite. Il faut une fenêtre, bien sûr, et l’océan, évidemment. Mais il faut aussi du temps. Beaucoup de temps. Du temps pour attendre, du temps pour regarder, du temps pour s’interroger. Le garçonnet qui regarde par sa fenêtre n’en manque pas. Sa contemplation dure tellement que la fenêtre finit par disparaître, il est passé de l’autre côté, face à la mer. Au fil de l’eau et au fil de ses pensées, on ne sait pas vraiment si le voyage est réel ou imaginé.Mais quand même, le fauteuil qui flotte dans l’océan, de la même couleur que la barque, met la puce à l’oreille.

Si tu veux voir une baleine, il ne faut pas se laisser distraire par le parfum poudré des fleurs, ni par les pélicans qui pêchent perchés sur un piquet, ni par les petites bêtes qui montent. L’image dément le propos, en montrant l’enfant, perché lui même, perdu dans l’observation du pélican. C’est un contemplatif, qui se laisse aller à toutes les flâneries. Accompagné de son chien et d’un oiseau discret, il poursuit sa quête avec patience. Et bien sûr, la baleine finit par faire son apparition, énorme, silencieuse, majestueuse. Et même si l’album semble faire l’éloge du voyage autant que de la destination, s’il met en avant l’art et le plaisir de prendre son temps, l’arrivée de la créature tant attendue suscite l’admiration des enfants à qui j’ai lu cet album. Yeux écarquillés, index pointé vers l’énorme cétacé, ils ne restent généralement pas indifférents.

Le charme désuet des crayonnés d’Erin E. Stead se marient délicieusement avec le texte très poétique de Julie Fogliano. Ils sont justes, précis et délicats tout à la fois.  Saluons aussi au passage la traduction d’Elisabeth Duval qui a su garder les allitérations et la douceur du texte original.

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