Betty, Marie Norin, Elisabet Ericson, l’étagère du bas, 2024, 15€

La narratrice est une jeune femme, aux cheveux qui tombent le long de son visage. Dans sa posture on sent quelque chose d’empêché chez elle. Ce n’est pas de la rigidité, ça ressemble plutôt… Je ne sais pas, un sens trop aigu de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, comme une bonne éducation excessive, comme s’il n’y avait pas beaucoup de place pour la fantaisie.

Elle vit à la campagne, une vie solitaire que l’on imagine sans grandes joies.
Jusqu’à l’arrivée de Betty.

Toute en rondeur, en mouvement, elle est séduisante par sa joie de vivre, elle a beaucoup voyagé et a plein de trucs dans sa voiture. On la devine volubile, elle prend sa place dans l’espace, à l’opposé de la narratrice elle n’est jamais gênée, ne s’excuse pas.

À la faveur de la bonne éducation de son interlocutrice, elle s’installe dans la maison, la rempli de ses objets, de sa vie à elle, réduisant à peau de chagrin l’espace restant.

Combien de temps sera-t-elle tolérée?

C’est drôle, la première fois que j’ai lu cet album j’ai pensé qu’il évoquait des préoccupations d’adultes. Pourtant à bien y penser, les amitiés toxiques sont légion dans l’enfance (et l’adolescence).

C’est un livre à avoir en maternelle et même plus tard, les enfants y trouveront matière à réflexion.

Sans morale excessive, sans insister sur la supposée gentillesse de l’une ou méchanceté de l’autre, cette histoire montre qu’on peut renoncer à une amitié quand on n’y trouve plus son compte. Et même peut-être qu’il n’y a pas de regret a avoir. Quand la narratrice se débarrasse enfin de Betty, elle semble avoir gagné en assurance, mieux profiter de sa vie, aussi solitaire soit elle. D’ailleurs, elle y a gagné la présence d’un chien.

L’histoire est très bien menée et donne à penser, elle s’adresse à la capacité des enfants à penser le monde, je pense que ça vaut le coup de faire connaitre cet album.